Après cinq jours de lutte, l’incendie du Var est « fixé mais pas éteint »

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Un pompier porte un tuyau près du Luc (Var) le 19 août 2021 © AFP Sylvain THOMAS

Le Luc (France) (AFP) – Après cinq jours de lutte acharnée des pompiers contre le pire incendie de l’année en France, qui a fait deux morts, le feu est « fixé » dans l’arrière-pays varois, mais pas « éteint », et les secours craignent une reprise due à des conditions météo défavorables.

« Fixé veut dire que la tête du feu n’avance plus, mais il n’est pas éteint », a précisé le directeur du Service départemental d’incendie et de secours du Var, le colonel Eric Grohin, en ajoutant qu’un vent d’ouest est annoncé dans la journée.

Le préfet du Var, Evence Richard, a rappelé qu' »on nous annonce des conditions météo qui vont se dégrader à partir notamment de demain après-midi »: avec une remontée des températures et un vent « qui risque de tourner à plusieurs reprises, (…) on ne peut pas exclure de nouveaux départs de feu », a-t-il averti.

Après une nuit calme, plus fraîche et sans vent, plus de mille pompiers restaient « très concentrés » vendredi matin, attelés à noyer au plus vite les quelque 80 kilomètres de lisières de ce feu, avant la reprise des rafales.

Depuis lundi cet incendie a parcouru 8.100 hectares et brûlé 7.100 hectares de forêt, de vignes et de garrigues, dévastant notamment près de la moitié de la Réserve nationale naturelle de la plaine des Maures, un havre de biodiversité proche du départ du feu, parti au bord d’une aire d’autoroute de l’A57, au nord de Toulon.

Vendredi, « le bilan humain n’a pas varié », a déclaré le préfet, avec deux morts et 26 blessés légers dont sept chez les sapeurs-pompiers. Deux corps calcinés ont été retrouvés dans une propriété de Grimaud, dans un hameau d’une vallée encaissée. Joint par l’AFP jeudi soir, le procureur de Draguignan Patrice Camberou assurait qu’il faudrait « plusieurs jours » pour identifier officiellement ces corps.

10.000 personnes évacuées

Cet incendie, en plein cœur de l’été, dans un département très touristique, a nécessité l’évacuation de quelque 10.000 personnes, qui pour certaines ont passé quatre nuits dans un centre d’hébergement. Selon le préfet, quelques personnes, mais « très très peu », étaient encore dans des centres d’hébergement vendredi, « car elles ont tout perdu ».

Du côté de l’enquête, si « l’on sait d’où le feu est parti », selon le préfet, qui a rappelé que le départ de l’incendie était situé à l’aire d’autoroute de Sigues, « on travaille pour savoir la cause exacte ».

Jeudi, la gendarmerie du Var a publié un appel, dans le cadre de l’enquête judiciaire en cours, pour recueillir « le témoignage de personnes ayant des informations à communiquer sur les circonstances du départ du feu ».

« Il s’agit d’être sûr qu’on n’est pas passé à côté de quelqu’un qui aurait vu quelque chose », a indiqué à l’AFP le procureur de Draguignan, Patrice Camberou.

Depuis lundi, 1.679 largages ont été effectués par les avions et hélicoptères bombardiers d’eau, selon un communiqué de la préfecture.

Le bilan de l’incendie est très lourd d’un point de vue environnemental.

Interrogé sur RTL, Jean-Louis Pestour, responsable national incendies de forêts à l’Office national des forêts, estime que « ça va prendre beaucoup de temps avant que l’ensemble du secteur reverdisse ». Il faudra « entre 30 et 40 ans avant de retrouver le même écosystème », a-t-il expliqué », tout en assurant qu' »heureusement tout n’est pas mort, (…) le chêne liège étant l’arbre le plus adapté en zone méditerranéenne, avec une capacité à refaire des feuilles dès que les pluies et les conditions le permettent ».

Les producteurs de rosé de Provence, très prisé aux États-Unis et en Europe, ont aussi payé un lourd tribut, certains viticulteurs ayant vu leur matériel ou hangars réduits en cendres.

Plusieurs pays du pourtour méditerranéen, d’Israël au Maroc, en passant par l’Algérie ou l’Espagne, ont été touchés par de graves incendies cet été.

©AFP

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