« Je vais mourir sous cette chaleur » : Athènes confrontée à une nouvelle canicule

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Dans le centre d'Athènes, sous la canicule, le 29 juillet 2021. © AFP LOUISA GOULIAMAKI

Athènes (AFP) – Sur la place du parlement à Athènes, les Evzones paradent sous leurs bérets rouges et une chaleur étouffante. La sueur perlant sur leur front, ils répètent inlassablement leur chorégraphie jeudi, au premier jour d’une nouvelle canicule, devant une poignée de touristes impressionnés.

« Ils sont incroyables mais ils doivent souffrir », lance Jim Grace, un Irlandais, qui, une bouteille d’eau à la main, observe les gardes présidentiels, sous le soleil brûlant.

« On s’adapte », renchérit sa femme Esther Grace, « on boit beaucoup d’eau et on met de la crème solaire ».

Au premier jour d’une nouvelle vague de chaleur qui devrait atteindre son pic lundi, avec des températures de 42 à 44 degrés attendues, habitants de la capitale et touristes tentent de s’adapter.

Le soleil s’écrase sur le marbre de la place Monasteraki. Alexandra Holarou traîne péniblement sa charrette pleine de confiseries au milieu des touristes essayant casquettes et chapeaux de paille.

« Je vais mourir sous cette chaleur », se lamente-t-elle. La commerçante de 60 ans au visage rougi installe un parasol mais « les options pour se protéger ne sont pas nombreuses », assure-t-elle. « Pénible, très pénible de travailler dans ces conditions », résume Alexandra Holarou.

De fait, l’Institut météorologique qualifie ce nouvel épisode de « dangereux », compte tenu de sa probable durée et d’un faible écart entre les températures maximales et les minimales.

Au cœur d’Athènes, les passants rasent les murs à la recherche d’ombre et de l’air climatisé qui s’échappe des commerces. Les terrasses des cafés servent d’oasis où brumisateurs et ventilateurs tournent à plein régime.

« On n’était pas vraiment préparés », confesse Nicolas Deshayes. « On est partis ce matin de Paris où il faisait 15 degrés… Mais on boit et on passe dans les rues à l’ombre », explique e Français de 41 ans.

« Il existe des solutions »

Début juillet, la municipalité a nommé une responsable climat, chargée de trouver des solutions pour lutter contre la hausse des températures dans une capitale grecque qui s’apparente à une mer de béton.

« Bien sûr qu’il existe des solutions », affirme à l’AFP Eleni Myrivili. « Vers 2050, le nombre des journées de pluie aura baissé de 12% et la température aura augmenté de 2,5 degrés si on ne fait rien ».

Le développement d’espaces verts dans la ville, la mise en place d’une logistique efficace pour venir en aide aux personnes vulnérables et la sensibilisation de la population constituent les trois priorités d’Eleni Myrivili.

« Travailler sur le long terme tout en trouvant des solutions aux problèmes immédiats », résume-t-elle. « Il faut repenser l’espace public dans son ensemble car les conséquences se font ressentir sur la santé de notre population et l’économie de notre pays. Les accidents du travail sont plus nombreux avec la hausse des températures et les commerces moins fréquentés ».

« Deuxième canicule de l’été »

La Grèce a déjà connu un épisode caniculaire au début de l’été. Entre la fin juin et début juillet, les températures avaient atteint 44 degrés pendant onze jours. Selon les données de l’Observatoire national d’Athènes, il s’agissait de la 5e plus longue canicule survenue en Grèce en 40 ans.

« Ces phénomènes climatiques sont de plus en plus fréquents », note Konstantinos Lagouvardos, le directeur des recherches en météorologie à l’Observatoire.

« Au-delà des canicules, le plus inquiétant c’est que la moyenne des températures augmente considérablement été après été. La moyenne pour Athènes atteint désormais 34-35 degrés, c’est deux degrés de plus que les années précédentes », précise-t-il.

« Il s’agit déjà de la deuxième canicule de l’été, une troisième serait un événement inédit », ajoute M. Lagouvardos.

Plusieurs municipalités ont ouvert des centres d’accueil climatisés pour les SDF et les autres personnes vulnérables.

Au Pirée, à quelques encablures du port d’où les touristes s’évadent vers les îles, une quinzaine de personnes vont chaque jour trouver un peu de fraîcheur dans le centre géré par l’Unesco et la municipalité.

« C’est déjà la quatrième fois qu’on ouvre un espace climatisé cette année », s’inquiète Argyro Koïka, une travailleuse sociale.

Le ministère de la Protection civile a recommandé de se protéger en restant dans des lieux ombragés et climatisés, d’éviter les activités physiques et de s’hydrater régulièrement.

©AFP

Les canicules ont coûté entre 22 et 37 milliards d’euros depuis 2015, selon une étude

2 commentaires

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    • dany voltzenlogel

    « le soleil s’écrase sur le marbre »…
    Béton, goudron, marbres ou gravillons, deviennent des plaques de cuisson, transformant les villes et villages en four.
    Les espaces artificialisés par les particuliers ou par les collectivités sont une vraie catastrophe.

    • Nadine Capanne

    réchauffement climatique…c’était prévu….merci pour les informations..nc