Grande Barrière de corail : l’Australie attend le verdict de l’Unesco

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La Grande Barrière de corail en septembre 2014 en Australie © AFP/Archives William WEST

Brisbane (Australie) (AFP) – L’Unesco devait décider vendredi si elle inscrit ou non la Grande Barrière de corail sur la liste des sites du Patrimoine mondial en péril, après un lobbying intense de l’Australie contre une telle éventualité.

L’agence des Nations unies a publié en juin les préconisations de ses experts et organismes consultatifs qui suggèrent que cet écosystème unique, inscrit au Patrimoine mondial en 1981, soit rangé sur la liste des sites « en péril » du fait de sa détérioration, pour beaucoup due à la récurrence des épisodes de blanchissement des coraux, conséquence des bouleversements climatiques.

Le Comité du patrimoine mondial est actuellement réuni en ligne, présidé depuis Fuzhou (Chine) par Tian Xuejun, vice-ministre chinois de l’Éducation et président de la Commission nationale chinoise pour l’Unesco.

Une telle inscription n’est pas considérée comme une sanction par l’Unesco. Certains pays y voient même un moyen de sensibiliser la communauté internationale et de contribuer à la sauvegarde de leur patrimoine.

Mais l’Australie la verrait comme une gifle et redoute que cela n’entame l’attrait touristique de l’ensemble corallien qui s’étend sur 2.300 km et génère 4,8 milliards de dollars de revenus pour le secteur touristique australien

Après une intense campagne de lobbying de Canberra, qui est allé jusqu’à emmener des ambassadeurs plonger sur la Grande Barrière, 12 des 21 États membres du Comité ont proposé de reporter la décision à 2023.

Un porte-parole de la ministre australienne de l’Environnement Sussan Ley, tout en reconnaissant qu’on ne pouvait préjuger de la décision du Comité, a « salué le soutien d’un certain nombre de nations reçu par l’Australie ».

En 2015, l’Australie avait déjà obtenu un sursis au terme d’une campagne de lobbying similaire et en promettant des milliards de dollars d’investissements pour protéger les récifs.

Blanchissement

Mais depuis lors, l’ensemble a durement souffert du fait de trois épisodes très graves de blanchissement des coraux.

Le blanchissement est un phénomène de dépérissement qui se traduit par une décoloration. Il est provoqué par la hausse de la température de l’eau -conséquence du réchauffement climatique- qui entraîne l’expulsion des algues symbiotiques qui donnent au corail sa couleur vive.

Les scientifiques du gouvernement australien ont affirmé que de nombreux récifs montraient des signes de rétablissement ces derniers temps, tout en reconnaissant que les perspectives d’avenir pour l’ensemble corallien étaient très mauvaises.

Outre le réchauffement, la Grande Barrière est menacée par les activités industrielles ou agricoles ou encore par l’acanthaster pourpre, une étoile de mer invasive.

L’acanthaster planci -surnommée « couronne d’épines » ou plus facétieusement « coussin de belle-mère »- se nourrit presque exclusivement de coraux, peut atteindre un mètre de diamètre et est dotée de piquants dont le venin est toxique pour l’homme.

Dans ses recommandations, l’Unesco affirme que l’Australie n’a pas atteint ses objectifs en termes de qualité de l’eau et s’en prend au mauvais bilan australien en matière climatique.

Le gouvernement conservateur australien essuie des critiques de plus en plus cinglantes pour ne pas s’être fixé l’objectif de la neutralité carbone à l’horizon 2050.

Le Premier ministre Scott Morrison avait affirmé que le pays espérait l’atteindre « dès que possible », sans mettre en péril les emplois ni les entreprises. L’Australie est un des plus importants exportateurs au monde de charbon et de gaz naturel.

©AFP

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