Arctique : le Groenland bloque la recherche de pétrole

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Un bateau se fraye un chemin à travers les glaces en train de foudre, dans le fjord d'Ilulissat, sur la côte ouest du Groenland, le 28 août 2008 © AFP/Archives STEEN ULRIK JOHANNESSEN

Copenhague (AFP) – Après avoir déjà décidé de bloquer l’exploitation de l’uranium, le nouveau gouvernement groenlandais a annoncé l’interdiction de la prospection pétrolière dans le vaste territoire arctique.

L’exécutif local du territoire autonome danois « a décidé de suspendre la stratégie pétrolière actuelle et de mettre fin à l’exploration future du pétrole au Groenland », a-t-il indiqué dans un communiqué publié jeudi soir à Nuuk.

« C’est une étape logique, car le gouvernement prend la crise climatique au sérieux. La décision a également été prise dans l’intérêt de notre nature, dans l’intérêt de notre pêche et pour concentrer notre économie sur les potentiels réels », a affirmé la ministre des matières premières Naaja Nathanielsen.

Après une campagne centrée sur un projet controversé de mine d’uranium et de terres rares dans le sud du Groenland, un parti de gauche écologiste avait remporté début avril les élections locales, aboutissant à l’arrivée au pouvoir du Premier ministre Mute Egede dans le territoire autonome danois.

Si d’importants projets pétrogaziers sont opérationnels ou en cours de développement ailleurs dans l’Arctique (Russie, Alaska, Norvège…) l’exploration pétrolière était déjà au point mort ces dernières années au Groenland, rendant la décision largement symbolique.

La principale campagne d’exploration offshore, menée par l’écossais Cairn Energy vers 2010-2011, n’avait pas débouché sur une découverte et les deux stratégies pétrolières présentées par les précédents gouvernements depuis 2014 avaient « échoué » à attirer des entreprises, a souligné le gouvernement.

Selon Naalakkersuisut, le gouvernement local, « une nouvelle analyse économique de la rentabilité de l’exploration pétrolière (au Groenland) montre clairement que la rentabilité est faible, avec des rendements en réalité deux fois inférieurs à ce qu’attendent les compagnies pétrolières ».

« Cela conforte le gouvernement dans le fait que la bonne décision a été prise », souligne la ministre.

Conformément à sa promesse électorale, le gouvernement mène actuellement des consultations en vue de l’adoption d’un projet de loi interdisant la prospection et l’exploitation de l’uranium au Groenland.

S’il peut s’appuyer sur un solide secteur de la pêche, le territoire arctique reste largement dépendant des subventions danoises pour boucler son budget.

De nouvelles ressources issues des matières premières faciliteraient l’indépendance de l’immense île arctique, seulement peuplée de 56.000 habitants pour plus de 2 millions de km2.

Le nouveau gouvernement n’a d’ailleurs pas fermé la porte à d’autres projets miniers, hors uranium et pétrole.

©AFP

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2 commentaires

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    • Balendard

    Le Danemark, en mettant de côté à la fois la combustion des produits fossiles et le nucléaire au Groenland est le premier pays européen à montrer l’exemple de ce qu’il faut faire

    • Guy J.J.P. Lafond

    M. Balendard a écrit:
    « Le Danemark, en mettant de côté à la fois la combustion des produits fossiles et le nucléaire au Groenland est le premier pays européen à montrer l’exemple de ce qu’il faut faire. »
    Très juste! « Mettre de côté » ne veut pas dire mettre définitivement une croix sur ces ressources fossiles. Dans 400 ans peut-être, l’exploitation de ces ressources pourra peut-être recommencer, mais avec une certaine prudence et une certaine retenue.

    Je me demande ce qu’en pense messieurs Biden et Trudeau en Amérique du Nord.

    À suivre,

    t: @Guylafond @FamilleLafondd
    À nos vélos, à nos espadrilles de course et de marche! Car le temps file et car les enfants comptent.