Le pire incendie à Chypre maîtrisé après deux jours de lutte contre les flammes

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Un Canadair espagnol largue de l'eau sur un incendie dans la région des Troodos, à Chypre, le 4 juillet 2021 © AFP Georgio PAPAPETROU

Nicosie (AFP) – L’incendie qui a ravagé des pans entiers du massif forestier du Troodos à Chypre et fait quatre morts est « entièrement sous contrôle », ont annoncé lundi les autorités de l’île, près de 48 heures après le déclenchement du pire sinistre du genre depuis des décennies.

Attisé par la chaleur caniculaire et les vents, le feu, qui a éclaté samedi après-midi dans la localité d’Arakapas, près de Limassol (sud), s’est propagé à huit autres localités, a indiqué le département des Forêts dans un communiqué.

« L’incendie a été totalement maîtrisé lundi à 08H00 » (05H00 GMT), a-t-il précisé. Mais, au vu de son ampleur, une importante présence de pompiers a été maintenue dans le secteur en cas d’une possible reprise des feux.

Quatre travailleurs égyptiens ont été tués par les flammes alors qu’ils tentaient de prendre la fuite dans le village d’Odos, au nord de la région portuaire de Limassol. Des dizaines de maisons et de propriétés privées ont été détruites.

Un homme de 67 ans, soupçonné d’avoir involontairement provoqué l’incendie à côté du village d’Arakapas, a été interpellé et placé en détention pour une durée de huit jours. Un témoin l’aurait vu quitter les lieux dans sa voiture au moment du déclenchement de l’incendie, selon la police.

Face à l’ampleur de l’incendie qualifié de « cauchemar » et de « tragédie », les autorités chypriotes ont appelé à l’aide des pays européens et Israël, pays dont les côtes sont distantes de quelque 200 km de Chypre.

Des bombardiers d’eau ont été envoyés par Israël ainsi que la Grèce. Les forces britanniques stationnées sur deux bases souveraines ont aussi participé aux opérations.

L’Italie, la France et l’Espagne, entre autres, avaient aussi proposé leur aide.

En ouverture d’une session, le président du Parlement européen David Sassoli a exprimé la solidarité avec Chypre, et rendu hommage aux victimes. « Quand nous unissons nos forces, nous sommes plus forts », a-t-il dit.

Enquête sur les causes du pire incendie de Chypre

Le feu a embrasé le flanc méridional du massif, principal poumon vert de ce petit pays membre de l’UE qui connaît de fréquents feux de forêt durant la longue période de sècheresse estivale, et subit des canicules de plus en plus marquées.

Ces incendies qui se multiplient à travers le globe sont associés à divers phénomènes anticipés par les scientifiques en raison du réchauffement de la planète. Parmi ces facteurs figurent l’augmentation de la température, la multiplication des canicules et la baisse des précipitations par endroit.

A Chypre, dans les zones où le feu a désormais été maîtrisé, des troncs d’arbres calcinés chancèlent sur un parterre de cendres. Quelques nuages de fumée blanche s’élèvent encore au-dessus des foyers tout juste éteints.

Près du village d’Ora, non loin du lieu de déclenchement de l’incendie, un élevage de plus de 50.000 poulets a été décimé par les émanations de fumées, selon des employés qui habitent en face de l’exploitation du groupe Paradisiotis.

Dans le centre de gestion de crise dans le village de Vavatsinia, non loin d’Ora, le président Nikos Anastasiades a promis une enquête approfondie.

« C’était un cauchemar, un enfer. Les flammes cernaient tout le village », a dit Akis Giorgiou, 45 ans, resté dans son village d’Arakapas malgré le feu.

Ces derniers jours, les températures ont largement dépassé les 40 degrés sur l’île, située dans le sud-est du bassin méditerranéen.

Flancs noircis

Un état des lieux et l’enregistrement des maisons et propriétés endommagées pour des indemnisations a déjà commencé, selon les autorités.

De ce secteur du massif du Troodos, il ne reste que des cendres brûlantes et des arbres calcinés sur les flancs noircis des montagnes.

A Arakapas, les habitants sont revenus constater les dégâts.

« J’ai pleuré tout le long de la route en découvrant les paysages », a raconté dimanche Andria, 30 ans, originaire du village: « J’ai eu très peur et je suis toujours sous le choc. »

Sur le trajet, le noir couleur charbon a remplacé le jaune des herbes sèches. De nombreux oliviers, emblématiques de l’île, ne sont plus que des squelettes.

A Ora, les habitants sont encore sous le choc. « Tout est devenu noir. On ne pouvait plus respirer. Le maire du village nous a dit +Partez, partez, partez+ », a raconté en pleurs Elpida Papastylianou.

© AFP

Un commentaire

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    • Méryl Pinque

    Les « megafires » deviennent hélas la norme.
    Il est temps de sévir drastiquement contre les incendiaires, qui sont des écocidaires.

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