Étouffant sous la chaleur, les habitants de Vancouver se ruent vers des centres climatisés

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Un centre de rafraîchissement à Vancouver, le 30 juin 2021 © AFP Don MacKinnon

Vancouver (AFP) – Suffoquant sous des chaleurs si extrêmes qu’elles paraissent irréelles, les habitants de Vancouver sont contraints à trouver refuge dans des centres de rafraîchissement climatisés de la métropole canadienne.

« On a déjà eu des canicules auparavant, mais jamais de ce niveau », souligne mercredi Lou à l’AFP, depuis un des 25 centres mis en place par la ville. « Je suis choquée par le nombre de décès qu’il y a eu », soupire-t-elle. Des dizaines de personnes sont mortes subitement ces derniers jours dans la région, une surmortalité attribuée par les autorités aux températures étouffantes.

« Je n’ai pas de climatisation, juste un ventilateur à la maison, je suis venue pour travailler là où c’est frais », explique la Canadienne.

La Colombie-Britannique, province la plus à l’ouest du pays, suffoque depuis plusieurs jours, écrasée par une chaleur record qui a atteint mardi 49,5 degrés dans le village de Lytton, à quelque 250 kilomètres au nord-est de Vancouver.

Outre la Colombie-Britannique, les Etats américains de Washington et de l’Oregon, de l’autre côté de la frontière, ont également étouffé cette semaine sous des températures record.

Les autorités canadiennes ont appelé la population à la prudence, priant les habitants de rester hydratés et autant que possible à l’ombre.

« Sans précédent »

Peter Lohuaro, 70 ans, raconte avoir été contraint d’arrêter de faire du vélo à cause d’une pollution à l’ozone dans le contexte de cette grosse chaleur.

« C’est sans précédent: j’ai voyagé dans des endroits chauds comme la vallée de la Mort (en Californie, ndlr) et ça, c’est plus chaud », confie-t-il depuis le centre de rafraîchissement.

« Pour les gens qui vivent dans des appartements sans climatisation ou orientés vers le sud, beaucoup ont dû louer des chambres d’hôtel ou vraiment souffrir », déplore le septuagénaire.

Dans la région, des écoles ont été fermées et les campagnes de vaccination contre le Covid-19 suspendues. Les climatiseurs et ventilateurs sont en rupture de stock.

« Il fait super chaud dans notre maison, nous avons vraiment dû compter sur nos amis pour nous donner des ventilateurs », raconte Ashley Vaughan, qui se promène avec ses trois enfants tandis que la température commence à baisser. « Mes enfants ont été très mal, il y a eu beaucoup de pleurs parce qu’il faisait si chaud », regrette cette mère de famille.

Les services du médecin-légiste de la province ont recensé « un nombre sans précédent » de décès, « avec au moins 486 morts », entre vendredi et mercredi, contre environ 165 décès en moyenne sur cette période de cinq jours en temps normal, soit une hausse de « 195% ».

« Bien qu’il soit trop tôt pour dire avec certitude combien de ces morts sont liés à la vague de chaleur, il est probable que la hausse significative de décès soit attribuable aux conditions météorologiques extrêmes que la Colombie-Britannique a connu et continue de subir dans de nombreuses régions », a commenté Lisa Lapointe, la médecin-légiste en chef de la province, dans un communiqué.

De son côté, la police de Vancouver a indiqué être submergée par les appels à l’aide sur ses lignes d’urgence.

« Nous n’avons jamais connu une telle chaleur à Vancouver », a déclaré le sergent de police Steve Addison. « Et malheureusement, des dizaines de personnes en meurent », a-t-il déploré.

Parmi les personnes décédées, la belle-mère d’une experte en maladies infectieuses, Tara Moriarty: « C’est assez dévastateur », dit-elle sur Twitter, en annonçant le décès de la mère « en bonne santé » de son partenaire, d’un « coup de chaleur », dimanche soir.

Ces températures s’expliquent par un phénomène appelé « dôme de chaleur »: de hautes pressions emprisonnent l’air chaud dans la région. Son intensité est toutefois exceptionnelle.

« Cet événement particulier est totalement cohérent par rapport à la science des changements climatiques: des vagues de chaleur plus intenses, de plus longue durée, plus de chaleur extrême, plus tôt dans la saison », observe auprès de l’AFP Terri Lang, météorologue à Environnement Canada.

« Les gens de la communauté météorologique — les prévisionnistes et les climatologues — retiennent tous leur souffle en regardant les chiffres », assure-t-il. « Ils sont alarmants ».

©AFP

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