Première réunion américano-russe sous tension pour confirmer un sommet Biden-Poutine


Un iceberg près de l'île de Kulusuk, en août 2019, au Groenland © AFP/Archives Jonathan NACKSTRAND

Reykjavik (AFP) – Les ministres américain et russe des Affaires étrangères se rencontrent mercredi soir en Islande pour jauger la profondeur du fossé qui sépare les deux puissances rivales et confirmer la tenue d’un sommet très attendu entre Joe Biden et Vladimir Poutine.

Les déclarations qui ont précédé le face-à-face ne présagent pas vraiment de la « désescalade » que Washington et Moscou disent appeler de leur voeux au moment où leurs relations sont au plus bas depuis la fin de la Guerre froide.

Alors que le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a semblé vouloir faire de l’Arctique, nouvel enjeu géopolitique au coeur de la réunion régionale qui les rassemble mercredi et jeudi à Reykjavik, un laboratoire d’une certaine coopération ciblée sur des défis communs comme la lutte contre le réchauffement climatique, son homologue russe Sergueï Lavrov a fait monter la tension avec des propos tonitruants.

« Il est clair pour tout le monde depuis longtemps que ce sont nos terres, notre territoire », a-t-il lancé lundi au sujet du Grand Nord, défendant une sorte de pré carré russe et dénonçant notamment les velléités « offensives » des Occidentaux via l’Otan et la Norvège.

L' »activité militaire » de la Russie dans l’Arctique est « parfaitement légale et légitime », a-t-il plaidé.

Pour Mikaa Mered, professeur à Sciences Po et spécialiste français de l’Arctique, les Russes « font toujours ce petit coup de menton en amont du sommet ministériel, mais ça n’empêche pas le travail du Conseil de se poursuivre sur ses sujets consensuels traditionnels ».

Mais la mise en garde russe a inévitablement suscité une réponse d’Antony Blinken, qui a appelé mardi à « éviter une militarisation » de l’Arctique mais aussi ce genre de « déclarations », qui « affaiblissent » l’objectif « d’un avenir pacifique » pour ce vaste territoire aux conditions extrêmes, riche en ressources naturelles, autour du Pôle Nord.

‘Risques d’accidents’

Avant d’enfoncer le clou: « Nous avons des inquiétudes au sujet de l’augmentation de certaines activités militaires dans l’Arctique qui renforcent les risques d’accidents ».

Le décor du tête-à-tête est donc planté.

Il est prévu à 21H15 (locales et GMT) après un dîner d’ouverture du Conseil de l’Arctique – qui réunit les huit pays riverains de la région.

Depuis son arrivée à la Maison Blanche en janvier, le président Biden affiche une grande fermeté à l’égard de la Russie de Vladimir Poutine, qu’il est allé jusqu’à qualifier de « tueur » — pour mieux marquer la rupture avec son prédécesseur Donald Trump, accusé de complaisance à l’égard du maître du Kremlin.

Moscou et Washington ont échangé dures accusations et sanctions dès le début du mandat du démocrate.

Mais depuis, les deux pays assurent vouloir une forme d’apaisement.

« Nous avons dit très clairement que si la Russie choisit de prendre des mesures irresponsables ou agressives contre nos intérêts ou nos partenaires et alliés, nous riposterons », a prévenu Antony Blinken en Islande. « Pas pour chercher le conflit ou l’escalade, mais parce qu’on ne peut pas être ainsi défiés impunément ».

Il a toutefois jugé « important de pouvoir parler de cela en tête à tête pour voir s’il est possible d’avoir une relation avec la Russie plus stable et prévisible », ainsi que des terrains d’entente en matière climatique ou de désarmement.

Pour y parvenir, Joe Biden et Vladimir Poutine semblent d’accord pour tenir leur premier sommet en juin dans un pays européen, peut-être dans la foulée, côté occidental, des réunions des dirigeants du G7 et de l’Otan qui feront la part belle à l’affichage d’un front commun anti-Moscou.

« Nous pensons que cela aura lieu dans les prochaines semaines », a confirmé mardi le chef de la diplomatie américaine.

« Pour l’instant, il n’y a pas d’accord sur l’heure ou l’endroit. Avant de s’entendre sur ces points, il nous faut analyser la position des Etats-Unis concernant l’ordre du jour » d’une telle rencontre, a toutefois nuancé mercredi le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov.

La date et le lieu pourraient être annoncés dans les jours qui suivent la réunion de Reykjavik.

© AFP

L’Arctique, un test pour les relations américano-russes avant un sommet Biden-Poutine

Un commentaire

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    • Guy J.J.P. Lafond

    20MAI2021

    En temps de guerre contre un coronavirus, en situations d’urgence à cause d’une crise climatique et de la perte très rapide de biodiversité, je crois qu’il nous faut tous coopérer pour gagner.

    Parlez-en aux peuples de l’Arctique, parlez-en à Terry Orlick, parlez-en aux astronautes. Ils vous diront tous la même chose probablement. On préfère le sport à la guerre.

    À quand une prochaine rencontre entre le Canadien de Montréal et le CSKA de Moscou?

    La Russie est déjà le pays le plus vaste de la planète. Cette région du monde aurait aussi un très fort appétit pour les hydrocarbures. Par contre, les États-Unis semblent s’être assagis , eux, depuis l’élection d’un président avec une grande expérience de la vie sur Terre.

    RAPPEL:
    L’Antarctique, une zone neutre (non militarisée), a son « Protocole de Madrid » depuis 1991.
    L’Arctique a, par contre, un statut qui n’est pas protégé. Il est géré par un conseil de huit pays seulement.
    L’Arctique est encadré uniquement par le droit de la mer régi par la Convention de Montego Bay (1982).

    Protégeons aussi l’Arctique. Protégeons notre si fragile planète bleue!

    t: @GuyLafond @FamilleLafond
    À nos vélos, à nos espadrilles de course, à nos skis, à nos équipements de plein air! Les ours, les baleines, les phoques,…, ne nous en seront que plus reconnaissants.

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