Washington veut des « actes » au sommet de Biden sur le climat, mais tarde à abattre ses cartes

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Le président américain Joe Biden à la Maison Blanche, le 20 avril 2021 à Washington © AFP Brendan SMIALOWSKI

Washington (AFP) – Les Etats-Unis ont promis mercredi de faire pression sur les principaux pollueurs mondiaux pour qu’ils « relèvent » leurs « ambitions » dans la lutte contre le réchauffement à la veille du grand sommet sur le climat voulu par Joe Biden, attendu au tournant sur ses propres engagements.

« Il n’y a pas de plus grand défi pour ce gouvernement, et pour les Etats-Unis, que de combattre la crise climatique », a dit une responsable américaine avant la réunion virtuelle de jeudi et vendredi avec une quarantaine de dirigeants mondiaux, dont le Chinois Xi Jinping, le Russe Vladimir Poutine mais aussi le pape François.

« Nous savons tous que nous devons faire davantage pour infléchir la courbe des émissions mondiales », a-t-elle ajouté, appelant à « un niveau inédit de coopération planétaire ».

Un autre responsable de l’équipe Biden a dit « attendre des actes lors de cette réunion », point d’étape vers la grande conférence de l’ONU, la COP26, prévue en fin d’année à Glasgow, en Ecosse.

« Nous attendons des dirigeants qu’ils fassent des annonces pour relever leur ambition en indiquant les prochaines mesures qu’ils entendent prendre pour aider à résoudre le problème climatique de manière collective », a-t-il martelé.

Accord européen in extremis

Les grandes puissances invitées, qui représentent ensemble 80% des émissions globales des gaz responsables du réchauffement, se sont mises mardi en ordre de marche pour ce sommet censé démontrer que l’Amérique est de retour dans ce combat après le désengagement ostensible de Donald Trump.

Le président chinois Xi Jinping, à la tête du premier pays émetteur de gaz à effet de serre, a confirmé, tardivement, sa participation, malgré les vives tensions avec Washington.

Egalement en froid avec les Américains, Vladimir Poutine, a promis que la Russie, producteur majeur d’hydrocarbures, agirait « sévèrement » pour « relever les défis du changement climatique ».

Le président russe a fixé comme objectif que le volume cumulé d’émissions nettes de gaz à effet de serre de son pays passe en dessous de celui de l’Union européenne lors des 30 prochaines années.

Quant à l’UE, justement, elle pourra faire bonne figure après un accord in extremis entre eurodéputés et Etats membres sur une réduction nette d' »au moins 55% » de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport au niveau de 1990.

Mais ces efforts restent selon les experts en-deçà des objectifs de l’Accord de Paris sur le climat conclu en 2015, qui vise à maintenir le réchauffement sous les +2°C, si possible +1,5°C, par rapport à l’ère pré-industrielle.

Le président Biden, qui a rejoint dès le premier jour de son mandat en janvier cet accord-clé dont son prédécesseur Trump avait claqué la porte, a promis de dévoiler à l’occasion de son « sommet des dirigeants sur le climat » la nouvelle « contribution déterminée au niveau national » (NDC) des Etats-Unis, deuxième pollueur de la planète.

Les États-Unis, encore mauvais élève sur le climat ?

Mais à la veille de la réunion, Washington tardait à abattre ses cartes.

La première puissance mondiale s’était engagée à réduire ses émissions de 26 à 28% d’ici 2025, par rapport à 2005. Les experts s’attendent à ce qu’elle fixe un nouvel objectif d’une réduction de moitié d’ici 2030.

L’enjeu est de taille pour la crédibilité du nouveau président américain, qui veut s’ériger en leader mondial de la lutte contre le réchauffement mais doit rassurer quant à l’inconstance de son pays en la matière.

Le retour dans l’Accord de Paris n’est pas « glorieux », avait taclé la semaine dernière la diplomatie chinoise, raillant « un mauvais élève qui revient sur les bancs de l’école après avoir séché les cours ».

En l’absence des Etats-Unis pendant l’ère Trump, Pékin avait endossé un rôle majeur aux côtés de l’UE dans la lutte contre le changement climatique.

Xi Jinping s’était ainsi attiré des applaudissements fin 2020 en annonçant que son pays commencerait à réduire ses émissions de CO2 avant 2030, pour parvenir 30 ans plus tard à la « neutralité carbone » — c’est-à-dire d’en absorber autant que d’en émettre.

L’entente de la Chine et les Etats-Unis est cruciale pour la réussite des efforts internationaux, et les deux puissances rivales semblent donc décidées à mettre provisoirement leurs divergences de côté pour collaborer plus activement sur le climat.

Ils se sont engagés samedi à « coopérer » sur le changement climatique, à l’issue d’une visite à Shanghai de l’émissaire américain John Kerry, qui y a jugé « suicidaire » toute absence de collaboration.

© AFP

Un commentaire

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    • Jean Grossmann

    Avec 40 personnes simultanément au téléphone j’espère que ça va pas être la cacophonie. Vu
    – le passif plutôt sombre des USA avec le petrole de shiste d’Obama et les sables bitumineux de Trump
    – le pape qui devrait participer à cette réunion informatique alors qu’il est plutôt contre les taxes sur les produits fossiles et ceci alors que l’acheteur, celui qui consomme, a tendance à aller au moins cher voir
    son article 171
    http://www.infoenergie.eu/riv+ener/LCU_fichiers/G-prospective.pdf

    Le lutin thermique que je suis est impatient de savoir ce qui va ressortir de tout cela en ce qui concerne le réchauffement climatique