La Réunion: effervescence autour du volcan, malgré le Covid


Le volcan le Piton de La Fournaise, à La Réunion, en éruption, le 10 avril 2021 © AFP/Archives Richard BOUHET

Saint-Denis de la Réunion (AFP) – Des « bouchons monstres » pour admirer un « spectacle envoûtant », malgré le Covid: l’éruption du Piton de la Fournaise sur l’île de La Réunion provoque un engouement tel que le préfet a décidé de restrictions supplémentaires en interdisant les bivouacs sur place.

Depuis le 5 mars La Réunion est sous couvre-feu de 18H00 à 5H00 en raison de la crise sanitaire. Cette restriction interdit tout déplacement y compris pour se rendre au volcan de nuit, « là où le spectacle est le plus beau » soupire Marc Gence, qui se qualifie de « photographe amateur éclairé de la Fournaise » et montre volontiers « les clichés réalisés dans la nuit de samedi à dimanche ».

Il a trouvé le moyen de contourner cette interdiction. « Je suis arrivé samedi, j’ai marché pour approcher la coulée, j’ai planté ma tente et j’ai passé la nuit et celle d’après sur place, je ne me suis pas déplacé et le spectacle était magique », raconte-t-il.

Plusieurs personnes ont fait de même. « Le préfet n’a pas apprécié, c’est pour ça qu’il a interdit le bivouac et le camping », assure Jean-François Lauret, quadragénaire qui ne manquerait une éruption « pour rien au monde » et a passé la nuit de lundi à mardi au volcan.

Situé dans une zone inhabitée du sud-est de La Réunion, le Piton de la Fournaise est l’un des volcans les plus actifs au monde, entré en éruption à une vingtaine de reprises au cours des dix dernières années. Ses éruptions effusives provoquent un écoulement de lave très spectaculaire.

« Afin d’éviter les regroupements propices à la propagation du virus et à l’apparition de chaînes de contamination (…) la pratique du camping et du bivouac est interdite à compter du 13 avril » sur toute l’île, a asséné le préfet Jacques Billant dans un communiqué lundi soir.

Les forces de l’ordre ont « relevé des infractions à la réglementation en vigueur, avec des rassemblements organisés en marge de l’installation de tentes », selon le préfet.

« Petite entourloupe »

« La petite entourloupe n’était pourtant pas bien méchante et puis franchement on a peu de risque de propager le virus en bivouaquant au volcan », commente Jean-François Lauret.

L’interdiction prend effet mardi soir et, selon une source proche de la préfecture les forces de l’ordre ont reçu des instructions pour multiplier les contrôles.

Marc Gence et Jean-François Lauret ont décidé de plier tentes et bagages mardi matin. « Une interdiction de plus, comme si on n’en avait pas assez, on nous enlève même le plaisir d’admirer notre volcan », bougonne M. Gence.

« Moi je suis parti, mais j’ai des copains qui sont restés là-bas », lance M. Lauret. « Je comprends leur décision. La vue de nuit sur l’éruption est envoûtante (…) Et puis il faudra que les gendarmes marchent beaucoup s’ils veulent les trouver », dit-il malicieusement.

Outre ces admirateurs prêts à braver le couvre-feu, depuis samedi, des milliers de personnes font le déplacement jusqu’au volcan dans la tranche horaire autorisée.

« Bouchons monstres »

Comme Pascal Lauret, son épouse et leurs deux enfants, qui ont quitté La Possession (ouest) samedi après-midi pour aller vers l’éruption.

« Énormément de gens se sont rendus sur place. Du coup on s’est retrouvé dans des bouchons monstres, comme d’habitude », commente le père de famille.

Les gendarmes ont verbalisé des dizaines de véhicules mal stationnés en bordure de route. « J’ai eu une amende et en plus je n’ai rien vu », tempête Marie-José Legros, venue dimanche matin de Saint-Denis.

Jusqu’à dimanche soir, pour admirer l’éruption il fallait marcher une heure et demie pour atteindre un point de vue ou crapahuter plusieurs heures dans les scories.

Mais depuis lundi, elle est visible de la route. « On a vu un petit point rouge mais c’est mieux que rien », se console Michel Morel venu de Saint-Pierre (sud).

Il projette de revenir avec des amis le week-end prochain « en espérant que l’éruption se poursuive ». « Même si on est très nombreux, il y a tellement de places que l’on n’est pas collé les uns sur les autres, dit-il. Les gestes barrières se font naturellement, c’est clairement un espace de liberté. »

© AFP

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