En Islande, l’éruption volcanique devient l’attraction du moment


Coulée de lave du volcan Fagradalsfjall en éruption, à quelque 40 km à l'ouest de Reykjavik, le 21 mars 2021 en Islande © AFP Jeremie RICHARD

Fagradalsfjall (Islande) (AFP) – Ils contemplent le spectacle hypnotisant à quelques mètres seulement de la lave en fusion: en Islande, l’éruption d’un volcan sur les flancs du mont Fagradalsfjall, non loin de Reykjavik, attire des milliers de curieux, dont les plus téméraires font griller marshmallows et hot-dogs.

Relativement petite et paisible, accessible en une heure et demi de marche depuis une route voisine, l’éruption entamée vendredi soir à une quarantaine de kilomètres de la capitale islandaise semble aussi bien le fruit de mère Nature que d’un office du tourisme en quête d’une nouvelle attraction.

« C’est absolument à couper le souffle », reconnaît Úlvar Kári Jóhannsson, un ingénieur de 21 ans venu passer son dimanche sur place. « Ca sent plutôt mauvais, mais ce qui m’a le plus surpris c’est la couleur de l’orange: beaucoup plus profond qu’on n’imagine », dit-il à l’AFP.

Jaillissant d’un dôme en formation dans une petite vallée qui fait office de piège naturel, la lave – 300.000 mètres cubes déjà crachés selon les estimations des géophysiciens – s’amasse dans la cuvette, tournant peu à peu au noir basalte en refroidissant.

« C’est surtout la température qui m’a étonnée: quand on s’est approchées de la lave qui coulait sur le sol, on a pris 10-15°C en plus et on avait le front tout rouge », explique Émilie Saint-Mleux, une étudiante française en Erasmus en Islande venue avec des amies.

« C’est un peu les souvenirs de barbecue en été », s’amuse Lucille Fernemont, une autre jeune Française.

L’accès avait été interdit dans les premières heures de l’éruption, puis déconseillé, mais la visite est tolérée depuis samedi après-midi.

Plus de 800 ans

« Nous surveillons juste que les gens ne vont pas trop près de la lave et on leur demande de reculer si besoin, on vérifie juste que tout est ok », explique Atli Gunnarsson, un policier de 45 ans, casque jaune sur la tête et masque à gaz à portée de main.

Un petit bip incessant se fait entendre régulièrement chez les secouristes: c’est le signal des appareils détectant présence de gaz, et notamment du redoutable dioxyde de soufre, même si un vent fort a limité les risques.

Dans la péninsule de Reykjanes où s’est produite l’éruption, voilà plus de 800 ans que la lave n’avait pas coulé, et près de neuf siècles dans ce système volcanique de Krysuvik.

Si les éruptions en Islande sont fréquentes – une tous les cinq ans en moyenne – elles ont souvent lieu loin des villes voire dans des zones très inaccessibles. D’autres sont trop dangereuses pour que l’accès soit autorisé.

Cette fois-ci, voir la lave couler est une chance offerte après une randonnée de six kilomètres partant d’une route voisine du port de pêche de Grindavik, la bourgade la plus proche (3.500 habitants), à quelques encablures des célèbres bains chauds du « Blue Lagoon ».

Dimanche, le flot de promeneurs avait déjà bien marqué un net chemin à travers la mousse volcanique jusqu’à la vallée de Geldingadalur.

D’autres préfèrent casser leur tirelire pour une place dans un des nombreux vols d’hélicoptères qui ont très régulièrement survolé le site ce week-end.

Alors que le nombre de touristes en Islande – une manne qui représente habituellement plus de 8% du PIB – est actuellement très bas pour cause de coronavirus, l’île cherche justement à relancer l’activité en rouvrant ces jours-ci l’entrée aux visiteurs prouvant avoir été vaccinés ou avoir déjà eu le Covid.

Pas certain toutefois que le privilège ne dure très longtemps: selon les vulcanologues, l’hypothèse la plus probable est que l’éruption faiblisse rapidement, sans doute au bout de quelques jours.

© AFP

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