L’Islande se prépare à une possible éruption près de Reykjavik

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Fumée et cendres s'échappent du volcan Eyjafjallajokull, vu depuis de Hvolsvollur dans le sud de l'Islande, le 23 avril 2010 © AFP EMMANUEL DUNAND

Grindavík (Islande) (AFP) – Huit siècles que la lave n’a pas coulé dans ce secteur: les autorités islandaises se préparaient mercredi à une possible petite éruption à une trentaine de kilomètres de Reykjavik, sans toutefois craindre de conséquences majeures.

Des secousses typiques d’une montée de lave se sont produites mercredi après-midi dans le secteur du mont Keilir, dans la petite péninsule de Reykjanes, déjà touchée par un important séisme de magnitude 5,7 la semaine dernière, a annoncé l’Institut météorologique d’Islande.

« La possibilité d’une éruption est réelle, mais il faut voir comment l’activité évolue », a déclaré Freysteinn Sigmundsson, un chercheur en géophysique de l’Université d’Islande, lors d’une conférence de presse.

« Ce n’est pas certain, la situation peut durer des heures ou même plus, avec de très nombreux petits séismes », a-t-il expliqué.

L’Islande est la plus vaste et active région volcanique d’Europe, avec une éruption en moyenne tous les cinq ans, la dernière en 2014-2015 dans une zone inhabitée de l’est du pays.

Mais la plus célèbre de l’ère moderne est celle de l’Eyjafjallajökull, dans le sud du pays, en 2010. Son immense panache de fumée avait entraîné la plus grande perturbation aérienne en temps de paix, paralysant le ciel européen pendant près d’un mois. Le Covid-19 l’a depuis détrônée.

La police a coupé des routes aux environs du mont Keilir, selon un photographe de l’AFP sur place.

Si l’aéroport international de Keflavik et le petit port de pêche de Grindavik ne sont qu’à quelques kilomètres, la zone à proximité immédiate de la possible éruption n’est pas habitée et aucune évacuation n’a été annoncée mercredi.

« En cas d’éruption, nous nous attendons à ce qu’elle soit petite. Nous ne nous attendons pas à une grande éruption explosive (comme celle de l’Eyjafjallajökull, ndr) et à un impact minimal sur l’atmosphère, le trafic aérien et les conditions de vie des personnes », a précisé M. Sigurdsson.

Aucune éruption n’a eu lieu sur la péninsule depuis huit siècles, selon les vulcanologues.

Le secteur était sous surveillance ces derniers jours du fait d’un nombre très inhabituel de mini-secousses après l’important séisme du 24 février, qui avait été ressenti jusqu’à Reykjavik et dans une bonne partie ouest de l’Islande.

Plus de 16.000 secousses plus ou moins importantes ont agité les sismographes ces huit derniers jours, contre habituellement un millier en un an.

Une intensité qui a surpris chez des habitants pourtant généralement flegmatiques, rencontrés par l’AFP lundi à Grindavik, paisible port de pêche de 3.500 âmes coincé entre de très anciens champs de lave et l’océan Atlantique.

« J’habite à Grindavík depuis que je suis née, j’ai déjà vécu cela de temps en temps. Mais c’est la première fois que nous avons des séismes aussi puissants si fréquemment », raconte Kristín Birgisdóttir, en charge du tourisme à la mairie.

« C’est toujours un peu bizarre à vivre. On a un peu peur mais on sait que les maisons ne vont pas s’écrouler donc ça va », témoigne Erla Pétursdóttir, une cadre en ressources humaines et mère de trois garçons.

Jamais une telle activité sismique n’avait été enregistrée dans la région depuis le début de la surveillance numérique en 1991. Il faudrait remonter à près de 90 ans pour retrouver trace d’un phénomène à peine semblable. Une poussée souterraine de lave en fusion avait déjà été observée en début d’année dernière.

© AFP

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