La vétusté des barrages fluviaux est un « risque émergent », estime l’ONU

barrage Inde

Le barrage Sardar Sarovar Narmada, à 200 km d'Ahmedabad, en Inde, le 17 septembre 2019. © AFP/Archives SAM PANTHAKY

Paris (AFP) – Plus de la moitié de la population mondiale vivra en 2050 en aval de grands barrages fluviaux dont la vétusté, accentuée par les effets du changement climatique, constitue un « risque émergent », avertit vendredi un rapport de l’ONU.

La majorité des quelque 58.700 grands barrages (ceux de plus de 15 mètres de haut ou retenant plus de trois millions de mètres cubes d’eau) recensés dans le monde ont été construits entre 1930 et 1970, avec une durée de vie prévisionnelle d’entre 50 et 100 ans, selon ce rapport de l’Institut pour l’eau, l’environnement et la santé de l’Université des Nations Unies.

Nombre d’entre eux ont subi des dommages ces dernières années, qui pourraient se multiplier sous les effets du réchauffement climatique, augmentant le risque d’accidents, avertissent les auteurs.

« En raison du changement climatique, les épisodes de précipitations extrêmes et d’inondations sont plus fréquents, » a relevé l’auteur principal Duminda Perera, des universités canadiennes d’Ottawa et de McMaster.

Ce qui augmente le risque de débordement des réservoirs et accélère le dépôt de sédiments, affectant la sécurité, les capacités de stockage et la production d’électricité des barrages hydroélectriques, souligne l’étude.

« Il s’agit d’un risque émergent mondial auquel nous ne prêtons pas encore attention », avertit de son côté Vladimir Smakhtine, directeur de l’institut onusien et co-auteur de l’étude.

Plus de 90% de ces ouvrages sont situés dans deux douzaines de pays seulement, et près de la moitié vont bientôt dépasser les 50 ans.

La Chine compte à elle seule 40% de ces grands barrages, pour 16% aux Etats-Unis (dont plus de 85% ont déjà dépassé leur espérance de vie prévue) et 15% en Corée du Sud, en Inde et au Japon.

En Inde, 64 ouvrages auront au moins 150 ans d’ici 2050, alors que l’Amérique du Nord et l’Asie comptent déjà 2.300 barrages en fonctionnement âgés d’au moins 100 ans.

Les incidents se sont multipliés ces dernières années sur certains ouvrages, comme en 2017 où près de 200.000 habitants de Californie ont été évacués face à un risque d’inondations massives liées au barrage d’Oroville, le plus haut des Etats-Unis. En 2019 des inondations record avaient fait craindre pour la sécurité du barrage de Mossoul, en Irak.

Un barrage bien conçu, construit et entretenu peut facilement fonctionner pendant un siècle, mais beaucoup ne remplissent pas tous ces critères. Et la mise à niveau de tous les barrages du monde pourrait coûter 64 milliards de dollars selon une estimation.

©AFP

Un commentaire

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    • michel CERF

    Pourquoi s’étonner que les rivières et les fleuves ne sont pas faits pour être bétonnés de façon gigantesque …