Nancy : « Urbanloop », le projet écologique de transport public d’élèves ingénieurs

Urbanloop Nancy transports publics

Prototype d'"Urbanloop" de l'école Lorraine INP testé le 21 octobre 2020 à Vandoeuvre-les-Nancy. Le véhicule futur sera largement vitré et ressemblera à une capsule de télésiège se déplaçant sur rail dans un tube transparent à une moyenne de 60 km/h. © AFP JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN

Nancy (AFP) – Des sortes de capsules, individuelles, en duo ou prévues pour un vélo : le projet « Urbanloop » d’élèves ingénieurs lorrains pourrait se concrétiser dès 2024, à Nancy voire à proximité d’un site des jeux Olympiques de Paris.

En mai prochain, sur un parcours de plus d’un kilomètre, ce mode de transport écologique et économique passera son premier test officiel. Sur deux boucles, dotées de trois capsules et d’autant de stations, il tentera de battre le record du monde d’économie d’énergie pour un véhicule autonome.

« Nous voulons démontrer notre capacité à passer sous le centime au kilomètre », explicite Jean-Philippe Mangeot, directeur du projet.

« L’enjeu majeur du 21e siècle est de réussir une véritable transition environnementale et une transformation de notre modèle de société », souligne-t-il.

L’idée « un peu folle » de ce transport public est née en 2017 « dans un embouteillage », se souvient Pascal Triboulot, directeur de Lorraine INP, le regroupement de 11 écoles d’ingénieurs de Nancy et Metz.

Son ambition : « vider les centres-villes des voitures ». Il a donc été demandé à des étudiants d’imaginer un mode de transport respectant « un cahier des charges précis ».

Ainsi naissait « Urbanloop », un « nom choisi en opposition à +Hyperloop+ d’Elon Musk, patron de Tesla, qui a inventé un TGV supersonique », convient M. Mangeot.

Des rails électrifiés

« Urbanloop » n’est pas moins futuriste : des véhicules bleus, largement vitrés et bourrés d’électronique, ressemblant à des capsules de télésiège, se déplacent sur des roues à l’intérieur de rails électrifiés et dans un tube transparent à une moyenne de 60 km/h.

Le crédo des concepteurs est une utilisation simple. Il suffit d’entrer la destination dans un smartphone, lequel génère un QR code. Ensuite, tout est automatique, géré par l’intelligence artificielle. L’idée est de ne jamais faire attendre le passager en station. Quant au véhicule, il s’insère dans le tracé et s’en extrait au bon endroit.

Quatre écoles d’ingénieurs ont été associées initialement à ce projet. Puis d’autres les ont rejointes. Au total, chaque année, une centaine d’élèves ingénieurs ainsi que des lycéens en bac professionnel, encadrés par 30 enseignants-chercheurs, ingénieurs ou professeurs, sont mobilisés par cette entreprise.

Très récemment, une société anonyme simple (SAS) a été créée (au capital de 100.000 euros en janvier). Preuve qu’elle y croit, l’Université de Nancy, aidée par la Région Grand Est, un des financeurs dès l’esquisse du projet, est aussi actionnaire et une nouvelle levée de fonds est prévue en juin.

Il reste cependant du travail avant la finalisation. Il faudra notamment obtenir le feu vert de différentes instances de sécurité. « Nos élèves vont travailler sur l’influence des contraintes et des risques sanitaires » en raison de la pandémie, indique Rassol Mehdizadeh, maître de conférences à l’École des mines.

La mise en circulation pourrait, elle, intervenir « en 2024 » après « une adoption du projet en 2022 », prévoit le vice-président de la Métropole du Grand Nancy en charge des mobilités, Patrick Hatzig.

Investissement limité

Deux sites ayant « du sens », selon l’élu, sont à l’étude, le quartier de Brabois, avec son CHRU et les universités, et celui de Tomblaine, pavillonnaire, avec un lycée, un collège et un supermarché.

Mais les concepteurs et la Métropole aimeraient aussi convaincre le Comité d’organisation des jeux Olympiques de Paris d’exposer Urbanloop sur un des sites, où il serait « particulièrement pertinent ».

Il y a quelques mois, les étudiants ont adressé une vidéo à la ministre de la Transition écologique. Ils attendent une réponse.

Urbanloop, précise M. Mangeot, ne fera pas concurrence au métro des grandes métropoles mais vise plutôt « les villes moyennes ou petites, les stations de ski, balnéaires et touristiques voire les aéroports… ».

La construction du réseau nécessite un investissement limité. Il consiste pour l’essentiel à enfouir en partie les tubes car il doivent laisser passer la lumière du jour.

M. Hatzig évalue pour la métropole nancéienne une charge « autour de 10 millions d’euros », dont 4 millions pour les capsules (1.000 EUR l’unité à terme selon les concepteurs).

Interconnecté aux autres transports publics, Urbanloop pourrait être un complément. « On vient facilement à Brabois, mais ensuite c’est compliqué. Il faut marcher beaucoup. Les gens viennent donc en voiture. Urbanloop permettrait de limiter cette circulation », estime-t-il.

©AFP

3 commentaires

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    • Rozé

    Je doute de la pertinence du système. Trop individualisé donc sans doute peu écolo. Le tube en plastique ou verre encore moins écolo. Beaucoup d’électronique et de numérique pour que les ingénieurs se fassent plaisir mais ici encore peu écolo (le numérique est énergivore). Et puis le fond du problème n’est pas de faciliter toujours plus les transports en commun, il est de construire ou réaménager les villes et campagnes de façon à réduire les besoins de mobilité. Si chacun de nous trouve boulot, loisir, commerce local, école, soins médicaux, structures administratives près de son logement il utilisera beaucoup moins les transports en commun ou personnels.

    • Michel CERF

    En effet , l’aspect écologique reste à démonter .

    • Béa

    Entièrement d’accord avec le commentaire de Rozé. On a ici une belle invention, faite par de brillants cerveaux, on en doute pas. Mais le but c’est effectivement de recréer la proximité, surtout dans les campagnes. Car il est facile de réduire l’utilisation de la voiture dans les villes. Par contre, les campagnes restent dépendantes de la voiture, car les commerces de proximité ont été détruits par les grandes surfaces qui sont en périphérie des grandes villes. Le transport en commun dans ces cas précis ne sert pas à grand chose, car il est impensable de trimballer des sacs remplis de courses dans les transports publics ! Force est de constater que les efforts sont surtout en faveur des villes et les campagnes elles sont encore laissées pour compte. Les citadins oublient que s’ils peuvent vivre en ville, c’est aussi parce que les agriculteurs des campagnes travaillent pour les nourrir ! Il est temps de rééquilibrer les choses.