Cimetières éventrés, routes arrachées : l’arrière-pays niçois panse ses plaies

cimetière Tende crues

A Tende, dans la vallée de la Roya, les trois quarts du cimetière de Saint-Dalmas ont disparu après les pluies torrentielles de vendredi, soit environ 150 corps, le 6 octobre 2020. © AFP Fabien NOVIAL

Saorge (France) (AFP) – A la veille de la visite du président Macron, des villages de l’arrière-pays niçois restaient encore coupés du monde mardi soir, quatre jours après des intempéries meurtrières aux effets dramatiques, comme ces corps emportés sur des kilomètres depuis des cimetières balayés par les flots.

Maisons éventrées par dizaines, routes coupées, infrastructures ravagées : l’ampleur des dégâts est immense. Mais « l’État sera au rendez-vous », a promis le Premier ministre Jean Castex devant l’Assemblée nationale.

Comme un symbole macabre de l’étendue de la catastrophe, à Tende, dans la vallée de la Roya, les trois quarts du cimetière de Saint-Dalmas ont disparu après les pluies torrentielles de vendredi, « soit environ 150 corps », selon le maire du village Jean-Pierre Vassallo.

« Ils sont partis sur 20 kilomètres et ont terminé un peu partout, parfois dans des jardins. Et ce sont les habitants qui nous préviennent, pour que les marins-pompiers de Marseille venus nous aider puissent les récupérer », témoigne l’élu auprès de l’AFP. « Les cercueils ont explosé », explique un employé municipal, en précisant que les corps récupérés par les secours sont placés en sûreté. A quelques mètres de là, dans la rivière, un caveau a basculé, littéralement éventré.

Jeudi, le chef de l’État viendra « affirmer la très forte mobilisation de l’État, qui s’est mobilisé dès le début », a plaidé Jean Castex, quatre jours après les pluies diluviennes et les inondations qui ont fait au moins quatre morts dans les Alpes-Maritimes, mais aussi huit personnes disparues et treize autres « supposément disparues ».

Suite à cet épisode d’intempéries, deux morts ont aussi été recensés en Italie, dans le Piémont. Et un doute subsiste sur le cas d’un homme retrouvé à Vintimille mais qui n’a toujours pas été formellement identifié par les autorités françaises comme une victime de la vallée de la Roya.

« Juste une baguette hier »

Sur le terrain, dans des vallées où 4.000 foyers étaient toujours privés d’électricité mardi soir (contre 15.000 au plus fort de la crise) et où certains villages n’avaient toujours pas d’eau potable, le président de la République pourra constater les dégâts et la mobilisation face au drame.

Hélicoptères, engins de chantier et secouristes s’activent sans relâche pour relier au monde et approvisionner des villages où les habitants vivent toujours avec les moyens du bord. A Saint-Martin-Vésubie, un cheval a même été mis à contribution pour apporter des vivres, selon un photographe de l’AFP.

Dans la vallée de la Roya, frontalière avec l’Italie, nombre de hameaux sont toujours inaccessibles en véhicules, les routes ayant été arrachées par les flots. Et les habitants parcourent de longs trajets à pied pour aller travailler, chercher des vivres, voire quitter la vallée, comme Charlotte Vuillaume et David Rouste, partis sacs au dos et croisés par l’AFP avec leur bébé et la caisse du chat.

« Là on part, on rentre à Nice vu qu’on n’a plus d’eau, plus d’électricité, plus rien, plus d’accès, on est comme sur une île déserte », explique la jeune femme, son bébé sur le ventre.

Plus haut dans cette même vallée de la Roya, à Tende, la nourriture arrive peu à peu, dans un village presque totalement isolé : « Il ne reste plus rien, j’ai eu juste une baguette hier », explique Martin Cox, un ancien champion de trail britannique, à l’AFP, lui aussi redescendu à pied dans la vallée.

« Mais les choses se mettent en place petit à petit, on a reçu pas mal d’aide en personnel, les pompiers, l’armée, donc ça va déjà beaucoup mieux », tente de rassurer Bruno Vialattre, médecin à la retraite qui tient une consultation dans un hôtel de Saint-Dalmas-de-Tende et a participé à l’évacuation des blessés et touristes depuis vendredi.

A Tende, la situation est par contre très tendue à l’antenne locale du CHU, privée d’électricité, d’eau, et désormais occupée par quelque 300 patients depuis l’évacuation de l’autre hôpital de la commune, l’hôpital Saint-Lazare : « Le bâtiment a dû être vidé, il est comme sur pilotis, sur ses fondations, toute la terre a été emportée par les eaux », décrit le maire du village.

©AFP

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2 commentaires

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    • Méryl Pinque

    Aux gouvernements du monde : à quand l’arrêt du bétonnage et de la déforestation de la planète ?
    A quand la promotion d’une alimentation végétale pour contrer les effets climatiques dévastateurs de l’élevage et de la consommation de produits d’origine animale ?…

    • Michel CERF

    Toute la question est là et on continue à bétonner les terres et construire n’importe ou .