Total annonce l’arrêt du raffinage à Grandpuits et promet une « plateforme zéro pétrole »

Total Grandpuits

La raffinerie de Grandpuits du groupe Total, le 6 janvier 2020 à Grandpuits-Bailly-Carrois. © AFP/Archives Martin BUREAU

Paris (AFP) – Le groupe Total (bailleur d’un projet d’amélioration de l’accès à l’énergie porté par le programme Action Carbone Solidaire de la fondation GoodPlanet) a annoncé jeudi la reconversion de sa raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne) en une « plateforme zéro pétrole », avec 150 suppressions de postes sans « aucun licenciement », mais pour les syndicats, « le compte n’y est pas ».

« A horizon 2024, grâce à un investissement de plus de 500 millions d’euros, la plateforme s’articulera autour de quatre nouvelles activités industrielles : la production de biocarburants majoritairement destinés au secteur aérien, la production de bio plastiques, le recyclage de plastiques, l’exploitation de deux centrales solaires photovoltaïques », explique le groupe dans un communiqué.

L’arrêt du raffinage est prévu pour le premier trimestre 2021, et la fin du stockage de produits pétroliers fin 2023. Total assure que la reconversion n’entraînera « aucun licenciement, grâce à des départs en retraite anticipés et des mobilités internes vers d’autres sites du groupe ».

« Grandpuits restera un site industriel majeur qui s’appuiera sur le savoir-faire et la compétence de ses équipes, et dans lequel nos entreprises partenaires auront également toute leur place », a déclaré Bernard Pinatel, directeur général de la branche Raffinage-Chimie de Total, cité dans le communiqué.

Seront maintenus 250 postes sur les 400 postes que compte aujourd’hui la plateforme de Grandpuits et le dépôt associé de Gargenville (Yvelines). Quinze emplois doivent être créés sur le site de Grandpuits dans une unité d’emballage en aval.

« Le compte n’y est pas », a réagi auprès de l’AFP Thierry Defresne, délégué syndical CGT Total Raffinage Pétrochimie. « Si on compte l’ensemble des postes Total, dont les contractuels absents de l’organigramme, nous sommes à 209 suppressions d’emplois chez Total », sans compter « 500 emplois sous-traitants ».

Il estime par ailleurs l’investissement annoncé surestimé par le groupe puisqu’il s’agit en partie de partenariats.

Le délégué CGT à Grandpuits Adrien Cornet a sévèrement dénoncé la politique du groupe dans un tweet. « Total délocalise le raffinage de Grandpuits et laisse des familles à la rue sous couvert de transition énergétique, mais défonce les parcs naturels au Mozambique pour augmenter les profits », accuse-t-il.

La FCE-CFDT s’est dite prête à discuter, à condition de rester « très prudents sur le volet social ». « Il y a l’écologie responsable, et il y a aussi les salariés, a commenté à l’AFP Geoffrey Caillon, délégué syndical raffinage. Il faut trouver un équilibre juste ».

« Ce n’est pas une bonne nouvelle pour la région mais nous allons essayer de faire en sorte que ça puisse être au moins une transition écologique et énergétique réussie », a commenté le député de Seine-et-Marne Jean-Louis Thiériot (LR), rappelant que « Grandpuits représentait 30% de l’alimentation en carburant de la région ».

tuyaux fatigués

La décision de Total fait suite selon le groupe à l’audit mené pendant plusieurs mois sur le pipeline d’Ile-de-France (PLIF), qui relie sur 260 km Grandpuits au Havre et permet l’approvisionnement en brut de la raffinerie.

A la suite de fuites en 2014 puis 2019, qui avaient provoqué l’arrêt de l’activité pendant plusieurs mois, la pression maximale d’utilisation du pipeline avait été réduite. La raffinerie ne tournait depuis qu’à 70% de sa capacité, « menaçant sa pérennité économique », selon le groupe.

« Si Total avait fait des choix d’investissement d’entretien plus drastiques ou de remplacement des tuyaux fatigués, aujourd’hui on en serait pas là », a déploré Geoffrey Caillon.

« Sur les 258 km, près de 200km vont pourrir sous terre et l’État ne fait rien, a renchéri la CGT. Il faut mettre en sécurité ce pipeline et procéder à son démantèlement ».

Le projet prévoit la mise en service en 2024 d’une usine de biocarburants d’une capacité de traitement de 400.000 tonnes par an. Une usine de recyclage de plastiques d’une capacité de traitement de 15.000 tonnes par an doit aussi être mise en service en 2023.

Le site accueillera en outre « la première usine européenne de PLA » (acide polylactique), un bio plastique fabriqué à partir de sucre, ainsi que de deux centrales photovoltaïques d’une capacité de 28 MWc à Grandpuits et 24 MWc à Gargenville.

L’arrêt de l’activité de la raffinerie n’aura « aucune incidence sur le bon fonctionnement des stations-service et des aéroports de la région Ile-de-France », qui seront approvisionnés par les raffineries de Donges, rassure le groupe.

©AFP

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