La pollution lumineuse mondiale endommage les écosystèmes : que pouvons-nous faire ?

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Les communes paraissent de plus en plus sensibles à l'enjeu de la pollution lumineuse, selon l'Association pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes © AFP PATRICK HERTZOG

Pendant des centaines de millions d’années, la toile de la vie sur terre a été dépendante et déterminée par le jour et la nuit, la lumière et l’obscurité. La photosynthèse, le processus par lequel les plantes poussent, dépend de la lumière et de l’obscurité. Et tous les animaux dépendent des plantes pour leur survie.

L’un des impacts de l’activité humaine sur l’environnement les moins fréquemment signalés est la présence de lumière artificielle. L’éclairage perturbe la photosynthèse et les activités des insectes, des oiseaux et d’autres animaux.

Une étude récente, la  pollution lumineuse est un facteur de déclin des insectes (en anglais), indique que la perte d’habitat, l’utilisation de pesticides, les espèces envahissantes et le changement climatique ont tous joué un rôle dans le déclin des insectes au niveau mondial, mais que la lumière artificielle nocturne est une autre cause importante, mais souvent négligée.

La lumière a des conséquences sur les mouvements des insectes, leur recherche de nourriture, leur reproduction et leur prédation, indique l’étude qui suggère cependant que la perte de biodiversité des insectes peut être atténuée par des pratiques d’éclairage mieux informées.

« La lumière artificielle nocturne est un phénomène unique parmi les perturbations anthropiques de l’habitat, car il est facile de la réduire et cela ne laisse aucun effet résiduel. Une meilleure reconnaissance des effets de la lumière artificielle nocturne sur les insectes peut aider les défenseurs de l’environnement à réduire ou à éliminer l’un des principaux facteurs de déclin des insectes », affirme l’étude.

La lumière artificielle augmente d’environ 2 % par an à l’échelle mondiale : la pollution lumineuse est devenue une question pertinente.

Lors de la treizième réunion de la Conférence des Parties à la Convention sur les espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS COP13) (site en anglais) qui s’est tenue à Gandhinagar, en Inde, du 17 au 22 février 2020, les délégués ont examiné le sujet pour la première fois à la suite de projets de résolution soumis indépendamment par l’Union européenne et l’Australie.

L’impact de la lumière artificielle n’est pas seulement sur les insectes. Les tortues, les oiseaux de mer et de rivage, ainsi que les écosystèmes en général, sont touchés.

La nuit, la lumière artificielle peut désorienter les tortues de mer adultes et en éclosion, les empêchant ainsi de trouver l’océan. On sait également que les oiseaux sont désorientés par la lumière, ce qui entraîne une plus grande mortalité des oiseaux due aux collisions avec des structures artificielles telles que des bâtiments. Les oiseaux de rivage migrateurs peuvent être exposés à une prédation accrue lorsque l’éclairage les rend visibles. Ils peuvent également abandonner leurs sites de perchage préférés pour éviter la lumière.

« La pollution lumineuse peut perturber le comportement critique des espèces sauvages », affirme Amy Fraenkel, secrétaire exécutive de la Convention sur les espèces migratrices.
« Elle peut retarder le rétablissement des espèces menacées et entraver leur capacité à entreprendre des migrations sur de longues distances, réduire le succès de la reproduction et leurs chances de survie. La pollution lumineuse est un phénomène croissant qui doit être pris en compte dans les efforts de conservation et qui peut être évité ou minimisé grâce à une conception et une gestion de l’éclairage respectueuses de la nature ».

Gérer l’impact de la lumière artificielle

Les nouvelles lignes directrices proposées par le gouvernement australien (en anglais) fournissent un cadre pour évaluer et gérer l’impact de la lumière artificielle sur les espèces sauvages sensibles, y compris les espèces migratrices. Par exemple, elles prennent en compte la conception d’un éclairage respectueux de la vie sauvage et la gestion des sources de lumière à proximité des espèces sauvages protégées.

Les lignes directrices reconnaissent le potentiel d’exigences contradictoires en matière de conservation de la faune et de sécurité humaine et la nécessité d’un équilibre entre les deux.

Pour éviter de nuire aux espèces migratrices, les lignes directrices proposent une approche en plusieurs étapes. Si la lumière artificielle est visible à l’extérieur, les meilleures pratiques en matière de conception de l’éclairage doivent être appliquées de manière à ne pas avoir d’impact sur les habitats proches des espèces menacées. Une évaluation des incidences sur l’environnement devrait prendre en compte les effets négatifs avant d’installer des sources de lumière artificielle.

Les solutions fondées sur la nature constituent le meilleur moyen d’assurer le bien-être de l’homme, de lutter contre le changement climatique et de protéger notre planète vivante. Pourtant, la nature connaît une crise, car nous perdons des espèces à un rythme mille fois plus élevé qu’à tout autre moment de l’histoire de l’humanité et un million d’espèces sont menacées d’extinction. Outre les moments importants pour les décideurs, notamment la COP 15 sur la biodiversité, la « super année » 2020 est une occasion majeure de ramener la nature au bord du gouffre. L’avenir de l’humanité dépend des mesures prises maintenant.

©ONU programme pour l’environnement

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