A La Faute-sur-Mer, le temps n’a pas effacé le cauchemar de Xynthia

tempête Xynthia

Vue aérienne de La Faute-sur-Mer après le passage de la tempête Xynthia le 3 mars 2010 © AFP/Archives BERTRAND GUAY

Vingt-neuf morts en l’espace d’une nuit dans un village de quelques centaines d’âmes. Dix ans après, La Faute-sur-Mer (Vendée) est loin d’avoir pansé les blessures de la tempête Xynthia mais a retrouvé ses airs de station balnéaire.

« Le samedi soir, il faisait un temps magnifique jusqu’à 23H00, et ça a été très vite après », se remémore Laurent Roblet, un marin pêcheur, qui a depuis refait sa vie à quelques encablures du domicile familial inondé par 1,65 mètre d’eau.

« La mer a continué à monter jusqu’à 05H30 je crois, en fait ça montait de minute en minute, c’était impressionnant, personne n’avait jamais vu ça », continue le jeune retraité de 56 ans qui fut l’un des premiers à découvrir l’ampleur des dégâts à l’aube, naviguant en barque dans le lotissement où les survivants attendaient transis de froid depuis des heures.

« Ce dont ils avaient besoin, c’était de savoir qu’il y avait encore des gens vivants autour d’eux », se souvient M. Roblet, qui a découvert deux cadavres au cours de cette funeste matinée.

La plus jeune des 29 victimes était un garçonnet de deux ans et la plupart était des personnes âgées, prises au piège de la tempête qui a franchi les digues et créé une immense rétention d’eau dans le quartier où 600 maisons ont été déconstruites après Xynthia.

« Ce n’était pas une tempête d’une ampleur sans précédent en fait », analyse Laurent Huger, premier adjoint au maire. Mais trois conditions météorologiques rares se sont trouvées réunies au même moment: un coefficient de marée élevé, une dépression « tellement importante que l’océan a gonflé d’1 mètre 50 » et des vents à « 140 km, 160 km par heure » qui ont poussé l’eau, raconte-t-il.

Un golf et un skate-park

Les habitants ont donc été pris par surprise, dans leur sommeil, et le passage de Xynthia – qui a fait 47 morts dans toute la France – a transformé le village à jamais.

Après la tempête est venu le temps des expropriations et des déconstructions de maisons et celui des procès, qui ont conduit à l’indemnisation de victimes et à la condamnation à deux ans de prison avec sursis de l’ancien maire, René Marratier. Ce dernier entend se présenter à nouveau aux municipales de mars.

« Pendant les procès, quand les gens déballaient leur histoire, avec 200, 300 personnes derrière dans une grande salle qui écoutent tout ça, (…) et bien la pudeur, faut plus en avoir et ça c’est compliqué à gérer », souligne Renaud Pinoit, le président de l’association des victimes des inondations de La Faute-sur-Mer (Avif).

Pour rendre hommage aux victimes, M. Pinoit a œuvré à la construction d’une stèle sur laquelle est gravé le nom de chaque défunt et son âge, face au « golf de la presqu’île ».

Un parcours de neuf trous remplace en effet désormais les anciens lotissements endeuillés par Xynthia, sur des terrains devenus inconstructibles. Le projet inauguré en 2017 n’a pas immédiatement fait l’unanimité, mais « faire revivre cet endroit, ce n’est que du positif en ce qui me concerne », explique Laurent Roblet, dont la famille a survécu à l’inondation en se réfugiant à l’étage de la maison.

Pour les personnes expropriées, il y a eu « deux cas de figure », explique M. Pinoit. D’abord les actifs, comme Laurent Roblet, qui ont retrouvé à se loger près de la Faute-sur-Mer.

En revanche, « la grande majorité des retraités sont partis plus loin (…) de manière à se mettre à l’abri », explique M. Pinoit. « Il y en a même qui sont partis en montagne parce que comme ça, ils étaient sûrs de ne pas retrouver les inondations de la mer. »

De nouveaux habitants sont arrivés et le marché de l’immobilier va bon train, selon l’adjoint au maire. L’équipe élue en 2014 a tout fait, explique M. Huger, pour que les digues protègent désormais parfaitement La Faute-sur-Mer et pour que la station retrouve son attractivité.

Dans quelques semaines, les touristes, qui peuvent être jusqu’à 10.000 l’été d’après Laurent Huger, pourront profiter d’une nouveauté: un skate-park installé sur l’ancien camping municipal, dévasté en 2010.

© AFP

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