Macron visite la Mer de Glace pour parler climat

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Emmanuel Macron devait passer la nuit mardi à 2.000 m d'altitude et diner avec des experts du changement climatique © AFP/Archives PHILIPPE DESMAZES

Après une nuit en altitude, Emmanuel Macron visite jeudi matin la Mer de Glace, pour illustrer les dégâts du réchauffement climatique et promouvoir le virage écologique annoncé pour la suite du quinquennat.

Mercredi soir, le chef de l’Etat a emprunté le petit train qui monte jusqu’au célèbre glacier, accompagné d’un groupe d’experts et de responsables associatifs, avec lesquels il a dîné pour discuter de l’impact du réchauffement. Il détaillera jeudi, à Chamonix, des mesures de protection du mont Blanc.

Le chef de l’Etat veut faire de l’écologie une des deux priorités de sa fin de quinquennat, engluée dans la réforme des retraites. A un mois des municipales, le chef de l’Etat veut sortir de ce tunnel et mettre l’accent sur un sujet désormais incontournable, y compris dans les urnes.

Pour ouvrir ce chapitre, Emmanuel Macron a présidé mercredi à l’Elysée un Conseil de défense écologique. A la sortie, Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique, a confirmé une extension des parcs naturels et des mesures d’adaptation aux inondations.

L’Etat s’engage aussi à des pratiques éco-responsables : forfait annuel de 200 euros pour inciter les fonctionnaires au vélo ou au covoiturage, arrêt des achats d’objets en plastique à usage unique, parkings à vélos et bornes électriques sur ses sites. Le Conseil a également annoncé la création d’une aire protégée du site du Mont-Blanc d’ici la fin de l’année. Des mesures que les associations écologistes ont globalement jugé insuffisantes.

Pour son dîner mercredi dans l’hôtel surplombant la Mer de Glace, Emmanuel Macron a réuni des sommités comme le célèbre climatologue Jean Jouzel, la biologiste Camille Parmesan et la spécialiste de la biodiversité Anne Larigauderie, de l’IPBES, qui a publié l’an dernier un rapport glaçant sur la disparition des espèces.

Autour de la table se trouvaient aussi des dirigeants d’associations comme Michel Dubromel, président de France Nature Environnement, et des personnalités, dont l’explorateur-aventurier sud-africain Mike Horn, de retour du Pôle nord où il a alerté sur la fonte des glaces. Mike Horn revient aussi du rallye du Dakar, honni des écologistes.

120 mètres de glace perdus

Jeudi matin, le président descendra les 500 marches qui mènent au célèbre glacier, alternance de roches grises et de glace vive bleutée, dont la fonte accélérée ces dernières années — plus de 120 mètres de glace perdus en un siècle — est l’illustration la plus spectaculaire de l’impact du réchauffement en France.

Il doit ensuite détailler, à Chamonix, des mesures de protection du mont Blanc et de son écosystème, menacés par la surfréquentation et les incivilités. Le massif, qui culmine à 4.809 m, sera davantage protégé par l’entrée en vigueur d’un arrêté préfectoral de protection naturelle.

Ces derniers étés, plusieurs incongruités ou dégradations ont émaillé les ascensions du mont Blanc, dont les pentes attirent chaque année 20.000 visiteurs: l’atterrissage d’un avion de tourisme non loin du sommet pour que deux alpinistes suisses n’aient plus qu’à gravir les derniers mètres, un Britannique qui avait monté un rameur sans réussir à le redescendre, des Lettons qui avaient tenté de monter un mât de 10 mètres pour y faire flotter leur drapeau…

Les autorités ont également décidé de rendre obligatoire la réservation en refuge, pour lutter contre les bivouacs sauvages.

Emmanuel Macron s’arrêtera ensuite à Saint-Gervais-les-Bains, pour déjeuner avec les élus locaux. Avec les associations locales, ils veulent l’interpeller sur la pollution entraînée, dans cette vallée de l’Arve, par le passage de trop nombreux poids lourds.

Laurent Wauquiez, président de région, avec le maire de Chamonix Eric Fournier, soutenu par LREM, lui ont demandé dans une lettre ouverte de réglementer les camions les plus polluants dans le tunnel du Mont Blanc et de développer le ferroviaire dans la vallée.

« Je ne peux pas interdire aux camions de passer », a répondu le chef de l’Etat au Dauphiné Libéré, préconisant une politique européenne de renouvellement du parc, pour éviter de pénaliser les seuls routiers français.

Le président passera à une dizaine de kilomètres des Contamines-Montjoie, où ont été détectés cinq des onze cas de coronavirus en France. A Saint-Gervais, une école a été fermée pour la semaine car l’un des malades, un enfant, a été scolarisé à Saint-Gervais pendant la période de contagion. Depuis, en Haute-Savoie, une centaine de personnes ont été testées, toutes négatives.

© AFP

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