Manque de neige: comment les Pyrénées s’adaptent au réchauffement climatique


Téléski au Cambre d'Aze le 3 janvier 2019 (Pyrénées-Orientales) © AFP/Archives RAYMOND ROIG

Dans les Pyrénées, le réchauffement climatique oblige les stations de sports d’hiver à repenser leur modèle, longtemps basé exclusivement sur le ski, pour devenir « quatre saisons » et proposer des activités de plus en plus diversifiées.

En Haute-Garonne, les dameuses de la station du Mourtis sont à l’arrêt et le télésiège, qui transporte habituellement les skieurs en haut du domaine, achemine désormais les promeneurs. L’un des téléskis a même été ouvert pour remonter les utilisateurs de trottinettes après leur descente.

« Bien sûr, avec la neige c’est plus sympa, mais sans la neige on va en profiter quand même », se console Pierre Virelizier, venu de Toulouse. « Le ski ce sera pour l’année prochaine ou plus tard dans la saison ».

Devant les magasins de locations, les Fat Bike, ces vélos avec des roues surdimensionnées, ont remplacé les skis. Sur les pistes, recouvertes principalement de terre et d’herbe, on ne glisse plus mais on roule.

Des activités zumba, balade à poney, ski de randonnée à roulettes ou streching sont proposées à la place des habituelles descentes aux flambeaux et autres découvertes de airboard sur neige.

La semaine dernière, les responsables de cette station familiale ont annoncé la fermeture temporaire du domaine, faute de neige. Pour apercevoir l’or blanc en quantité, il faut regarder vers le haut des sommets qui entourent le site, culminant pour certains à plus de 3.000 mètres.

« Pas de neige mais du soleil »

« On est un peu déçues, on ne va pas dire le contraire, mais on fait autre chose. Il n’y a pas de neige mais il y a le soleil! », lancent Corine Rambon et Béatrice Barthe, deux habituées du Mourtis.

« Il faut commencer à se préparer et à être très réactif à ces aléas climatiques qui peuvent se reproduire », explique Christophe Esparseil, le directeur d’exploitation de la station.

« On a commencé à travailler sur des projets dits +quatre saisons+, pour pouvoir accueillir une clientèle autour des sports de pleine nature en cas de saison moins enneigée », précise-t-il.

Le conseil départemental de Haute-Garonne, qui a repris en 2018 la gestion de trois stations pyrénéennes, dont Le Mourtis, a annoncé 25 millions d’euros d’investissement sur les 5 prochaines années pour une reconversion touristique « quatre saisons ».

« On le voit aujourd’hui, la neige va se raréfier en basse altitude », assure Georges Méric, son président (PS). « Il est évident que nos stations doivent se réformer. Elles doivent muter du +ski total+ à un +ski accessoire+ avec diversification des centres d’intérêt ».

« Neige ou pas neige, les clients attendent maintenant d’autres activités que le ski », confirme Laurent Garcia, le directeur de la station Peyragudes, à cheval entre les Hautes-Pyrénées et la Haute-Garonne.

« Socle de l’économie »

« Mais le remplaçant du ski en termes de volume d’affaires, on le cherche encore », tempère Eric Charré, le directeur de Puymorens (Pyrénées-Orientales).

La station de Puigmal (Pyrénées-Orientales) elle, a été contrainte d’entamer cette reconversion après sa fermeture en 2013 pour des problèmes financiers, dus notamment à plusieurs mauvaises saisons liées au manque de neige. Son modèle s’appuie désormais sur le ski de randonnée, le trail, le vélo et la randonnée nordique.

« On ne peut pas prendre la même décision pour tout le monde », affirme Georges Armengol, le président de la communauté de communes Pyrénées Cerdagne qui gère le site. « La neige reste toujours le socle de l’économie d’hiver, surtout pour les stations de haute altitude avec de l’immobilier. Mais chaque fois qu’on le peut, je pense qu’il faut que l’on réfléchisse sur les nouvelles demandes de la clientèle ».

« Pour l’heure, le ski représente 80% du chiffre d’affaires de l’année », selon Michel Pelieu, le président de N’Py, qui regroupe huit stations du massif. « Mais progressivement, l’offre +quatre saisons+ va en s’amplifiant parce que c’est vrai qu’aujourd’hui on a du monde tout le long de l’année ».

« En vallée du Louron par exemple, le côté balnéo représente une diversification forte », poursuit-il, en faisant référence au centre thermoludique Balnéa de Loudevielle (Hautes-Pyrénées), qui a accueilli plus de 260.000 visiteurs en 2019.

© AFP

Un commentaire

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    • Michel CERF

    L’important n’est pas la déception des skieurs mais les causes du changement climatique , par ailleurs promouvoir le tourisme de masse est une calamité .