Siemens devient une cible privilégiée des défenseurs du climat

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Des militants écologistes manifestent devant la salle de conférence de l'Olympiahalle où se tient l'assemblée générale du géant industriel Siemens, le 5 février 2020 à Munich, en Allemagne © AFP Christof STACHE

« Siemens, sors du charbon! »: les militants écologistes se sont invités mercredi à Munich à l’assemblée générale du géant industriel allemand pour dénoncer sa participation à un projet minier controversé en Australie.

Dès le matin, une centaine de manifestants ont formé une chaîne humaine devant la salle de conférence de l’Olympiahalle. Une manifestation devait suivre en début d’après-midi.

Ces actions cristallisent une tendance de fond: Siemens est devenu une cible pour les défenseurs de l’environnement qui reprochent au fabricant de turbines, de trains ou encore d’éoliennes d’être trop impliqué dans des projets et contrats jugés nocifs pour le climat.

Un sujet en forme de boulet pour le groupe. Il tend à dominer désormais tous les autres, y compris les résultats financiers annoncés mercredi mais relégués au second plan, avec un bénéfice net trimestriel en légère baisse et un chiffre d’affaires en hausse de 1% sur un an. Siemens a par ailleurs maintenu ses prévisions d’une « croissance modérée » de son chiffre d’affaires pour 2020.

Mine australienne

L’objet de la contestation: un contrat d’un montant de 18 millions d’euros, qui prévoit que Siemens fournisse la signalétique pour le chemin de fer du projet Carmichael, une immense mine de charbon à ciel ouvert dans le Queensland en Australie, près de la Grande barrière de corail.

Face à ses actionnaires, le patron de Siemens, Joe Kaeser, s’est défendu en trouvant « presque grotesque » que le groupe soit devenu la bête noire des défenseurs de l’environnement.

Il les a invités à « voir ce que fait concrètement Siemens pour l’environnement ».

Rappelant son engagement de neutralité carbone « d’ici 2030 », M. Kaeser a annoncé un investissement d’un milliard d’euros avant 2025 pour réduire l’impact de Siemens sur le changement climatique.

La branche éolienne de Siemens, Gamesa, devrait « jouer un grand rôle » pour atteindre cet objectif. Le groupe a annoncé mardi le rachat de la participation de l’espagnol Iberdrola à hauteur de 8,1%.

Joe Kaeser a également rappelé son intention de créer une instance interne chargée du développement durable pour « mieux gérer à l’avenir les questions de protection de l’environnement ».

Fridays for Future

Soutenu par plusieurs organisations écologistes, notamment Extinction Rebellion, Fridays for Future entend profiter de l’assemblée générale annuelle des actionnaires pour accentuer la pression sur l’entreprise.

« Tant que Siemens n’aura pas fait marche arrière, nous poursuivrons notre mobilisation », a prévenu une représentante de ce mouvement, Helena Marschall.

Elle est invitée par une organisation d’actionnaires à s’exprimer à l’assemblée dans l’après-midi, au même titre que d’autres militants.

Le patron de Siemens avait accepté de rencontrer mi-janvier Luisa Neubauer, tête de file de Fridays for Future en Allemagne, au sujet du projet minier australien, après une journée de mobilisation dans une dizaine de villes.

Dans la foulée, Siemens avait maintenu sa participation au projet, expliquant tenir à « respecter la parole donnée » afin de « rester crédible ». Une décision jugée « catastrophique » par les militants écologistes.

La construction de la mine du conglomérat indien Adani, dans l’ouest australien, est depuis son origine plombée par des problèmes judiciaires et réglementaires et par la mobilisation d’organisations dénonçant sans relâche son impact environnemental.

Les écologistes font valoir que l’exploitation de la mine contribuera au réchauffement climatique mondial et à dégrader la Grande barrière, classée au patrimoine mondial.

Greenpeace avait déployé mardi une banderole depuis le toit du siège social de Siemens à Munich. Son slogan: « Les feux de forêt en Australie commencent ici. »

© AFP

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