La Grèce, Chypre et Israël signent jeudi un accord sur le gazoduc Eastmed

ministres

(G à D): le ministre chypriote de l'Energie Georgios Lakkotrypis, grecque Giorgos Stathakis, israélien Yuval Steinitz et l'ambassadeur d'Italie à Chypre Andrea Cavallari, échangent des documents lors d'un accord sur le gazoduc Eastmed à Nicosie le 5 décembre 2017 © AFP/Archives Iakovos Hatzistavrou

La Grèce, Chypre et Israël doivent signer jeudi soir à Athènes un accord sur le gazoduc EastMed, un projet majeur pour la Méditerranée orientale où l’exploitation d’hydrocarbures ne cesse d’alimenter les tensions avec la Turquie.

A la suite des entretiens prévus jeudi entre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, le président chypriote, Nicos Anastasiades et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, les trois dirigeants vont solennellement signer cet accord « inter-étatique » à 16H30 GMT (18H30 heure locale).

L’objectif est de faire de trois pays un maillon important de la chaîne d’approvisionnement énergétique de l’Europe mais aussi d’afficher leur détermination face aux revendications d’Ankara, qui convoite les gisements énergétiques de la région.

En quittant Israël jeudi matin avec son ministre de l’Energie Yuval Steinitz, Benjamin Netanyahu a souligné, dans un communiqué, que « l’alliance des trois pays » revêtait « une énorme importance pour l’avenir énergétique d’Israël » et « pour la stabilité dans la région ».

Ce gazoduc « révolutionne l’image énergétique d’Israël », a-t-il indiqué.

De son côté, le ministre grec de l’Energie et de l’Environnement Kostis Hatzidakis a affirmé sur la chaîne de télévision grecque Antena, que le pipeline était « un projet de paix et de coopération dans la Méditerranée orientale (…) en dépit des menaces turques ».

Gaz israélien vers l’Europe

D’une longueur de 1.872 km, l’EastMed, dont la plus grande partie sera sous-marine, l’EastMed doit permettre d’acheminer entre 9 et 11 milliards de m3 de gaz naturel par an depuis les réserves offshores au large de Chypre et d’Israël vers la Grèce, ainsi que vers l’Italie et d’autres pays du sud-est de l’Europe grâce aux gazoducs Poseïdon et IGB.

L’origine du projet remonte à l’an 2013: à l’époque la Depa (société publique grecque de gaz naturel) avait inscrit ce projet sur la liste « des ouvrages d’intérêt commun » de l’Union européenne (UE) ayant ainsi bénéficié de ses fonds européens pour couvrir une partie des travaux préparatoires.

Le coût du gazoduc jusqu’en Italie est actuellement estimé à 6 milliards d’euros.

Un pré-accord sera signé jeudi après-midi au ministère grec de l’Environnement et de l’Energie entre la Depa et le consortium israélo-américain Energean Oil&Gas, qui exploite l’important gisement gazier de Leviathan en Israël.

Pour Athènes et Nicosie, « l’accélération des procédures concernant le projet EastMed est un moyen pour Athènes de contrer les tentatives de la Turquie voisine visant à empêcher le projet », a commenté mercredi le quotidien grec économique Kathimerini.

Car la découverte ces dernières années de gigantesques gisements gaziers en Méditerranée orientale attise la convoitise des pays de la zone.

Pressions turques

Les réserves de gaz et de pétrole au large de Chypre a déclenché une dispute avec la Turquie dont l’armée occupe le tiers nord de ce pays, membre de l’UE.

Chypre a signé début novembre son premier accord d’exploitation de gaz avec un consortium regroupant les sociétés anglo-néerlandaise Shell, l’américaine Noble et l’israélienne Delek.

Mais Ankara, qui conteste le droit de Chypre de mener toute exploration et exploitation des ressources énergétiques, s’est livrée à une démonstration de force ces derniers mois en envoyant des navires de forage dans la Zone économique exclusive (ZEE) de Chypre malgré des avertissements de Washington et de l’UE. Cette dernière a adopté une série de mesures politiques et financières pour sanctionner la poursuite de ces forages.

Défiant ces avertissements et pour mieux renforcer sa position dans la région, Ankara a signé fin novembre un accord maritime controversé avec le gouvernement libyen d’union (GNA).

« Avec cet accord, nous avons augmenté au maximum le territoire sur lequel nous avons autorité. Nous pouvons mener des activités d’exploration conjointes », a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan, lors d’une interview à la télévision publique turque TRT le 9 décembre.

Cet accord, qui délimite les frontières maritimes entre les deux pays, a été vivement condamné par plusieurs pays, dont Chypre et la Grèce, voisins de la Turquie.

Athènes a qualifié cet accord de « perturbateur » pour la paix et la stabilité dans la région et appelé le 10 décembre les Nations unies à le condamner en soulignant qu’il viole le droit maritime international et les droits souverains de la Grèce et d’autres pays ».

© AFP

Ecrire un commentaire