Le Parlement européen déclare l’urgence climatique

Parlement européen

Le Parlement européen réuni en session plénière à Strasbourg le 28 novembre 2019 a décrété l'urgence climatique © AFP/Archives FREDERICK FLORIN

Le Parlement européen a décrété jeudi l’urgence climatique et environnementale, un vote symbolique pour maintenir la pression sur les dirigeants de l’UE à l’approche de la COP25 sur le climat et avec l’arrivée d’un nouvel exécutif européen.

La résolution, adoptée à une majorité confortable (429 pour, 225 contre et 19 abstentions), affirme l’engagement du Parlement pour « limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C et éviter une perte massive de biodiversité ».

Il fait suite à des votes similaires dans plusieurs parlements nationaux de l’UE, notamment en France, au Royaume-Uni ou en Autriche.

« Le fait que l’Europe soit le premier continent à déclarer l’urgence climatique et environnementale, juste avant la COP25, alors que la nouvelle Commission entre en fonction, et trois semaines après que Donald Trump a confirmé le retrait des États-Unis de l’accord de Paris, est un message fort envoyé aux citoyens et au reste du monde », s’est félicité Pascal Canfin (Renew Europe, centre et libéraux), président de la commission Environnement du Parlement européen.

Le PPE (droite, principale force politique dans l’hémicycle) ne s’est pas joint à Renew ni aux sociaux-démocrates et aux Verts pour l’élaboration du projet de résolution commune qui a servi de base au vote de jeudi. Le groupe s’est divisé sur le vote final et près de la moitié des élus ont voté la résolution.

« Il y a urgence à agir mais pas un état d’urgence à déclarer », a expliqué Peter Liese au nom du PPE, qui plaidait pour l’utilisation d’un terme qui ne donnait pas l’impression de « panique ». Mais au sein de la délégation française du PPE, qui a soutenu la résolution, Agnès Evren a de son côté salué une « position ambitieuse du Parlement européen pour la COP 25 sur les changements climatiques ».

Satisfaits du vote, les Verts ont toutefois prévenu qu’il ne s’agissait pas d’en rester aux belles paroles.

« Nous pouvons déclarer des urgences climatiques, mais les gens dans la rue ne demandent pas des déclarations, ils nous demandent d’agir », a averti l’eurodéputé vert néerlandais Bas Eickhout lors d’un débat précédant le vote.

Le Parlement, qui a une position plus ambitieuse que les Etats membres en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), a voté un second texte jeudi en prévision de la COP25 qui commence début décembre à Madrid. Il y exhorte une nouvelle fois les 28 à se mettre d’accord lors d’un sommet en décembre sur l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 au plus tard.

Les eurodéputés précisent par ailleurs que la réalisation de cet objectif passe par « une actualisation » des ambitions climatiques à moyen terme, et plaident pour une réduction des émissions de GES de 55% d’ici 2030.

Au lendemain de la confirmation de la nouvelle Commission, qui prendra ses fonctions le 1er décembre, le Parlement s’adresse également à la présidente élue Ursula von der Leyen, lui enjoignant d’inclure tous ses objectifs, nécessaires pour se conformer à l’accord de Paris, dans son « Pacte vert européen ».

« On a mis aujourd’hui un niveau d’exigence important. Le Pacte vert doit être la réponse à la hauteur de cette urgence », a souligné Pascal Canfin.

L’ONG WWF a salué une position forte du Parlement et appelé le nouvel exécutif à y répondre.

« La Commission doit immédiatement entamer une refonte en profondeur des règles de l’UE en matière d’agriculture, de transport et de commerce, afin de les mettre en conformité avec l’accord de Paris sur le climat », a affirmé un de ses responsables, Imke Lübbeke.

© AFP

3 commentaires

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  • Au moment où l’Europe prend place dans l’histoire en se positionnant comme le premier continent à déclarer l’urgence climatique et environnementale, la France a tout intérêt à passer enfin des paroles aux actes. Elle pourrait comme forme d’action proposer à la nouvelle direction européenne de commencer à mettre en œuvre sur l’hexagone français la « Solar Water Economy ». Une forme d’action qui lui permettrait, en respectant sa LTECV et les accords de Paris sur le climat de fin 2015 (COP 21) de montrer aux autres pays l’exemple de ce qu’il est envisageable de faire dans un premier temps en commençant par notre plus grande métropole.

    La comparaison avant après semble justifier l’action. Voir

    http://www.infoenergie.eu/riv+ener/IESF-actuel+texte.pdf

    http://www.infoenergie.eu/riv+ener/IESF-futur+texte.pdf

    • Meryl Pinque

    Alors le Parlement européen doit commencer par prôner une agriculture 100 % végétale et biologique, en plus de ce qui est dit ci-dessus.
    Rappelons encore une fois que l’agriculture animale et la consommation de produits d’origine animale sont la cause n° 1 du dérèglement climatique.

    https://www.apala.fr/lenigme-des-experts-climatiques-face-a-lurgence/?fbclid=IwAR0i6TEFEowygtlZhbQN10CwrlsrcGVMJfWsF5mRRZ3uBoE9Q2KhY2CYTJY

    • Michel CERF

    Si, il faut déclarer un état d’urgence car nous sommes au bord du précipice .