Indemnités pour fermer Fessenheim: les antinucléaires portent plainte à Bruxelles

militant antinucléaire

Un militant antinucléaire lors d'une manifestation réclamant la fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), en mars 2017 © AFP SEBASTIEN BOZON

Plusieurs associations opposées à l’énergie nucléaire ont porté plainte jeudi devant la Commission européenne pour aide d’Etat de la France, contestant le versement d’au moins 400 millions d’euros à EDF pour la fermeture anticipée de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), ont-elles annoncé.

« Refusant que l’argent des contribuables soit gaspillé pour renflouer indirectement une entreprise qui impose ses volontés, le Réseau Sortir du nucléaire porte plainte aujourd’hui devant la Commission Européenne et demande l’ouverture d’une enquête pour aide d’État », selon un communiqué de presse diffusé jeudi.

Outre Sortir du Nucléaire, l’association Alsace Nature, le Comité pour la Sauvegarde de Fessenheim et de la plaine du Rhin, Stop Fessenheim et Stop Transports-Halte au Nucléaire se sont jointes à cette démarche.

« Il est particulièrement choquant qu’EDF envisage une indemnisation sur la base d’un fonctionnement jusqu’en 2041 alors qu’elle a pris le prétexte de la fermeture de la centrale pour se dispenser de réaliser certains travaux de sûreté et économisé ainsi entre 60 et 100 millions d’euros », dénoncent les associations.

Elles estiment que les deux réacteurs de la doyenne des centrales nucléaires françaises, mis en service en 1977, « cumulent suffisamment de défauts pour que la poursuite de leur fonctionnement au-delà de 40 ans ne soit pas envisageable ».

Le réacteur n°1 de la centrale alsacienne doit être mis à l’arrêt le 22 février 2020, le réacteur n° 2 le 30 juin. Cette fermeture, promise par l’ex-président François Hollande, devait intervenir initialement fin 2016 mais a été reportée à plusieurs reprises.

Fin septembre, EDF a annoncé avoir signé avec l’Etat le « protocole d’indemnisation » pour dédommager l’entreprise de cette fermeture anticipée, indiquant qu’elle recevrait au moins 400 millions d’euros, auxquels s’ajoutent des sommes variables représentant son manque à gagner.

« A eux seuls, les 400 millions d’euros donnés à EDF auraient pu, par exemple, servir à financer 20 000 rénovations performantes de passoires énergétiques et éviter l’émission de 60.000 tonnes équivalent CO2 par an ! », s’indigne Sortir du nucléaire dans son communiqué.

© AFP

2 commentaires

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  • Si l’on avait incorporé le coût du démantèlement dans le prix de l’électricité et du stockage des déchets radioactifs dès le départ on en serait pas là maintenant

    Quoi qu’il en soit il faudra bien maintenant assumer pour ne pas laisser une France poubelle aux génération à venir

    Si le prix du démantèlement de Fessenheim est limité à 400 millions d’€ ce n’est tout de même pas épouvantable vu le prix d’implantation d’une centrale nucléaire nouvelle génération qui serait proche de 7 milliards d’euros

    • Oskar Lafontaine

    Les 400 millions n’ont rien à voir avec le coût du démantèlement de Fessenheim, qui, compte tenu des technologies de démantèlement actuellement utilisées, mais pas en France, devrait se chiffrer plutôt à un ou deux milliards d’euros. C’est reporté sur le futur en espérant que des technologies de démantèlent moins onéreuses seront mises au point d’ici une quarantaine d’années. EDF ne perd pas d’argent en stoppant Fessenheim, mais en économise, puisque la centrale ne fonctionnait qu’à pertes, maintenue « sur le papier » en service, pour pouvoir verser les salaires au personnel et les taxes et impôts aux collectivités territoriales d’Alsace concernées. Depuis 2012 au moins l’électricité en Allemagne à trois kilomètres de la centrale est, en prix de gros hors taxes, le prix à l’exportation vers la France, moins onéreuse de 5 à 8 % donc la production de Fessenheim s’effectuait à pertes, raison pour laquelle il n’y avait qu’un « réactueur » sur deux en fonctionnement depuis déjà cinq ans, sauf quelques courtes périodes. Tous les prétextes furent bons pour stopper un des deux « réactueurs » et souvent les deux, puisqu’ainsi EDF réalisait des économies. Les 400 millions sont juste un moyen d’aider, en contournant l’interdiction de subventions de Bruxelles, d’aider financièrement EDF qui croule littéralement sous les dettes, plus de 33 milliards d’euros en 2019, officiellement, car « officieusement » c’est pire encore. Bruxelles en effet ne dit rien quand le versement correspond à une décision de justice ou à une « indemnité ». Bruxelles n’a rien dit quand l’Allemagne, après l’arrêt de sept « réactueurs » en 2011 a eu recours à ce procédé en recourant aux tribunaux, qui ont « joué le jeu » pour obtenir le versement d’une « indemnité » publique de plusieurs milliards et Bruxelles n’allait évidemment rien dire non plus quand la France fait de même pour Fessenheim, c’est du « donnant-donnant ».