A peine remis du séisme, les habitants du Teil entament leur chemin de croix administratif

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Des habitants du Teil (Ardèche) inspectent le 12 novembre 2019 les dégâts causés par le séisme de la veille © AFP JEFF PACHOUD

Au lendemain du séisme qui a frappé la vallée du Rhône, les habitants du Teil (Ardèche) recensent les dégâts et entament leurs démarches, encore sous le choc de cette secousse éclair d’une puissance sans équivalent en France depuis 16 ans.

Quatre personnes ont été blessées, dont l’une grièvement, dans ce séisme de 5,4 sur l’échelle de Richter qui n’a duré que quelques secondes lundi peu avant midi.

Le tremblement de terre a provoqué de nombreux dégâts au Teil, ville de 8.500 habitants limitrophe de Montélimar, dans la Drôme voisine, qui a été largement épargnée.

Malgré ce bilan, les autorités se disent soulagées d’avoir évité une catastrophe de plus grande ampleur vu la vigueur de la secousse, ressentie jusqu’à Grenoble, Lyon, et même dans le sud de la France. Le risque d’une forte réplique évoqué par les experts a pour l’instant été évité.

Un total de 390 habitants du Teil ont été contraints de passer la nuit dans trois gymnases mis à leur disposition par la municipalité. D’autres ont dormi chez des proches.

Mardi matin, les établissements scolaires étaient fermés et des centaines d’habitants, certains les yeux humides, ont convergé vers la mairie pour s’enregistrer sur les conseils de leurs assureurs.

Parmi eux, Anaïs Lopez Suarez, coiffeuse de 21 ans habitant le Mélas, quartier fortement touché par la secousse. « Je suis sortie et le mur de mon voisin s’est écroulé à 5 centimètres de moi. Je suis encore sous le choc. On ne sait pas si on va pouvoir habiter de nouveau chez nous », déclare-t-elle en portant son bébé de quelques mois.

Elle garde en tête les images de son logement, qu’elle a pu regagner lundi soir pour y récupérer l’essentiel: « la TV était par terre; des bouts de mur sont tombés sur le lit de ma fille ».

Eric Hete, employé de 58 ans, s’est d’abord rendu chez son assureur: « J’ai fait une constatation des dégâts. Chez moi, des murs et des plafonds ont été lézardés, endommagés », confie-t-il.

Et dans le bureau qui accueille les habitants, on relaye les conseils de prudence: « S’il y a des fissures, on demande aux gens de ne pas rester chez eux tant qu’un expert n’est pas passé », explique Audrey Delalande, responsable de la communication de la mairie. Une cellule d’écoute a été mise en place pour les éventuelles victimes d’un « contre-coup » émotionnel.

Les experts à l’oeuvre

Selon la préfète de l’Ardèche Françoise Souliman « entre 200 et 250 habitations » ont été endommagées au Teil. Le maire Olivier Pévérelli a indiqué qu’entre 20 et 30 maisons se sont effondrées, d’autres présentant « de grandes lézardes ».

Les deux clochers du village « sont prêts à tomber » et le dernier étage de l’hôtel de ville est inaccessible car « les plafonds sont tombés », a-t-il ajouté. Des ouvriers étayaient mardi l’escalier menant au deuxième étage du bâtiment.

Autre conséquence: les réacteurs de la centrale nucléaire de Cruas (Ardèche), située à une dizaine de kilomètres, ont été arrêtés lundi soir pour un « audit approfondi », a indiqué le préfet de la Drôme Hugues Moutouh, même si « aucun dégât » sur les bâtiments n’a, selon lui, été constaté.

Le réseau « Sortir du nucléaire » a souligné que la magnitude de ce séisme était supérieure au « séisme majoré de sécurité » de 5,2 pour lequel les centrales du Tricastin et Cruas ont été construites.

Plus éloigné de l’épicentre, le site du Tricastin n’a pas été affecté, aucun seuil d’alerte n’y ayant été mesuré.

Au Teil mardi matin, l’accès au centre-ville était totalement fermé par les forces de l’ordre. « Quatre équipes d’experts en bâtiment tournent avec les élus pour un premier diagnostic sur le terrain », a expliqué à l’AFP Pascale Tolfo, première adjointe au maire.

Jusque très tard dans la nuit, les pompiers avaient mené des opérations de reconnaissance suite aux nombreux appels d’habitants inquiets.

Les pompiers ont mené 85 interventions en Ardèche et 77 dans la Drôme, principalement à Montélimar, selon les préfectures de ces départements peu habitués aux secousses sismiques.

Si quelque 600 séismes se produisent en France tous les ans, seulement dix à quinze sont ressentis par la population. Et ils concernent la plupart du temps l’Alsace, Midi-Pyrénées, le littoral méditerranéen et les Alpes.

© AFP

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