Qu’attendre des négociations sur le climat de Lima qui préparent la conférence de 2015 à Paris ? Nous republions ici une note de décryptage par Emeline Diaz et Pierre Radanne pour l’Institut francophone de Développement durable.
Après la confirmation de la gravité du changement climatique en 1985, le 1er rapport du Groupe Intergouvernemental des Experts du Climat (GIEC) a débouché sur un traité international adopté par tous les pays, la Convention de Rio de 1992, qui reconnait le changement climatique et appelle les pays à agir en fonction de leurs responsabilités et capacités. Après le constat d’un engagement insuffisant dans la lutte contre le changement climatique, le Protocole de Kyoto a réalisé une avancée avec la fixation pour les pays développés d’engagements de réduction de leurs émissions pour la période 1990-2012. Mais sans les Etats-Unis. Des engagements très inégaux de la part des pays développés d’ici 2020 Le cycle de négociation suivant a été marqué par de grandes difficultés : les engagements repris par les pays développés pour la période 2013-2020 ont été très insuffisants pour endiguer le changement climatique. Mais surtout de nombreux pays ont commencé de se désengager du Protocole de Kyoto par refus des obligations juridiques qu’il implique. Il s’agit du Japon, de la Russie, de la Nouvelle Zélande, tandis que le Canada est purement et simplement sorti du Protocole de Kyoto et s’est placé dans la même situation que les Etats-Unis. L’horizon de 2020 se rapprochant déjà, s’engage un 4ème cycle de négociation.
Mais aussi des avancées majeures Néanmoins la période récente a marqué des avancées decisives :
- Les rapports successifs du GIEC sont parvenus à faire reconnaître un objectif commun : rester en deçà d’un réchauffement de 2°C par rapport à la période préindustrielle car au-delà, c’est la capacité à nourrir une humanité qui atteindra 9,5 milliards d’habitants en 2050 qui se trouvera compromise.
- Ces dernières années, les pays ont fini par s’accorder sur cette obligation qui modifie profondément les termes de la négociation puisqu’il s’avère indispensable que tous les pays contribuent à la lutte contre le changement climatique. Riches et pauvres. Dans des proportions évidemment variables.
- C’est donc la question même de la forme de développement qui se trouve posée. Il va falloir dépasser et résoudre lesinégalités héritées de l’histoire. Le financement de la lutte contre le changement climatique pour les pays en développement est donc devenu un enjeu central.
Un changement de méthode
Cette montée des enjeux a impliqué des changements de méthode de négociation en mobilisant d’abord les chefs d’Etat et de Gouvernement. Ce fut l’objectif du Sommet organisé par Mr. Ban Ki Moon le 23 septembre à New York.
Le calendrier va être ensuite très serré :
- Définir le cadre politique de la fixation des niveaux d’émissions de gaz à effet de serre par les pays en cohérence avec l’objectif de stabilisation du climat en dessous d’un réchauffement de 2°C et la façon de répartir des efforts lors de la conférence de Lima de début décembre.
- Amener après chaque pays à définir sa contribution pour le début du printemps 2015.
- Ensuite, le plus dur, ajuster dans la négociation pendant les 6 mois qui suivent les engagements des pays afin qu’ils soient équitablement répartis.
- Aboutir à la conférence de Paris de décembre 2015 doit enfin aboutir à un accord fin aboutir à un accord politique intégrant tous les pays pour la période 2020-2030. 30 ans après la compréhension du processus du changement climatique, la négociation entre dans le dur. Si l’on ne parvient pas à des engagements suffisants de la part des pays, la dégradation du climat va vite devenir irrattrapable. Or, les relations internationales se sont fortement dégradées ces dernières années tandis que la crise économique et financière a réduit le soutien financier aux pays en développement.
Il faut donc réussir une négociation à 193 pays dans un délai très court et un contexte politique et économique particulièrement difficile. Réussir cette nouvelle séquence de négociation implique de progresser sur 3 fronts :
- La négociation entre Etats avec des engagements qui soient non seulement élevés mais aussi qui soient effectivement tenus dans la réalité. Il va donc falloir négocier des engagements et contributions des pays qui soient équitables, obtenir une transparence dans leur réalisation et consolider les accords obtenus dans la négociation par des règles de respect en droit international.
- La mobilisation dans l’action à tous les niveaux : les Etats, les entreprises, les collectivités locales, les citoyens. Bref parvenir à mettre toute l’humanité en marche. Dans le sens d’un usage plus efficace de l’énergie, de la valorisation des énergies renouvelables à la place de l’utilisation des combustibles fossiles, de la généralisation du recyclage, de la protection des forêts… Autant de choix et d’actions positifs pour l’humanité toute entière. En termes de réduction des impacts négatifs, mais surtout de créations d’emplois, de réduction des dépenses, de cohésion sociale, d’accès au développement…
La mise en évidence des bénéfices de la lutte contre le réchauffement climatique sera déterminante pour amener chaque pays sur le chemin d’un accord ambitieux incluant tous les pays.
- Du fait de l’importance de cette négociation, il est essentiel d’impliquer les citoyens. Sans leur soutien, les responsables politiques n’auront pas le mandat indispensable pour des décisions majeures. En outre, l’adhésion des citoyens est indispensable pour la réalisation concrète des actions. Il est essentiel non seulement d’aider chacun à comprendre ces enjeux décisifs, mais surtout de donner à chacun des garanties quant à ses conditions de vie pour lui et pour ses enfants. La conférence de Paris doit être la première conférence climat qui s’adresse à la personne.
- Progresser sur les deux derniers points est essentiel pour remonter le niveau de la négociation internationale. On est au pied du mur, car on ne peut pas reporter l’échéance. En effet, pendant que les pays se renvoient la balle, le climat se dégrade. Irrémédiablement.
Les attentes pour la conférence de Lima
La 20ème Conférence des Parties de la Convention Cadre des Nations-Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) se tiendra à Lima, au Pérou, du 1er au 12 décembre 2014 sera décisive pour la réussite de l’accord de 2015 sur le post-2020.
Ce dernier sera nécessairement le fruit de deux années de préparation et de négociations intenses, à Lima puis à Paris.
La Conférence de Lima devra dresser un cadre global, un calendrier, une première structure solide et faisant consensus du texte d’Accord futur. Il faudra aussi renforcer la confiance, profondément ébranlée depuis la conférence de Copenhague de 2009 et avancer sur les questions d’équité et de solidarité, afin que tous les pays puissent progresser vers un nouveau modèle de développement. En somme, il s’agit de réfléchir à ce que serait une négociation réussie, quelles sont les pistes pour y parvenir et comment dépasser les blocages actuels.
Les principaux sujets à traiter lors de la Conférence de Lima :
- la structure et les éléments du nouvel accord
- la nature, le contenu et le calendrier des contributions des pays
- les financements
- le développement des initiatives en cours ?
Il s’agira ensuite durant les mois précédents la Conférence de Paris d’éviter l’enlisement d’une négociation qui n’a cessé de se complexifier avec le temps et donc de devenir de plus en plus opaque pour l’extérieur du cercle des négociateurs. Avec donc le risque de voir le soutien de l’opinion publique s’affaiblir alors que des choix décisifs doivent être faits.
Avec un double constat fait depuis l’entrée dans ce nouveau cycle de négociation :
- “ Le temps ne joue pas en notre faveur1 ”. C’est le constat fait par Mr. Ban Ki Moon, car la dégradation du climat s’accentue. Le dernier rapport du GIEC a été clair : les changements climatiques sont sans équivoque et de nature anthropique.
Leurs effets se font déjà fortement sentir dans de nombreuses parties du monde : inondations en Europe et au Moyen-Orient, sécheresses en Australie, évènements climatiques extrêmes en Asie ou encore aux Etats-Unis. Mais rester en-deçà des 2° de réchauffement par rapport à la période préindustrielle est faisable, si l’on agit dès maintenant.
- Et, malgré cela, l’écart entre la trajectoire de diminution des émissions mondiales et les engagements pris de réduction des émissions se creuse, ce qui rendra d’autant plus difficile les efforts d’atténuation après 2020 et augmentera le coût
de l’adaptation. Il est indispensable de réussir un accord impliquant tous les pays dans le cadre des Nations Unies avec un niveau d’ambition élevé pour parvenir à stabiliser le climat. Ce qui est en question, n’est pas seulement la signature d’un accord entre Etats, c’est la mise en mouvement de toute l’humanité, Etats, entreprises, collectivités territoriales, sociétésciviles jusqu’à chaque citoyen.
- Cette prise de conscience de la nécessité d’agir à différents niveaux est désormais actée : le défi climatique ne pourra être résolu sans la compréhension par les populations des enjeux, sans l’implication du plus grand nombre, et sans l’émergence d’initiatives à tous les échelons et par tous les acteurs de la société civile. Le secrétaire général des Nations Unies, Mr. Ban Ki Moon, a lancé un signal clair, en affirmant que chacun pouvait, à son échelle, faire un pas et agir en cohérence avec les enjeux climatiques2. “Pon tu parte”(fais ta part), slogan de la Conférence de Lima, souligne cette importance de l’action individuelle et de l’engagement des citoyens, décisifs dans la réussite des négociations.
12 commentaires
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Les enjeux des négociations climatiques ...
[…] Qu'attendre des négociations climatiques de Lima qui préparent la conférence de 2015 sur le climat à Paris ? Nous republions ici une note de décryptage par Emeline Diaz et Pierre Radanne pour l'Institut francophone de Développement durable. […]
Damien
Assez de ces « tours de Babel », colloques, conférences, réunions, sommets, grands messes et autres manifestations qui ne sont que poudres aux yeux des citoyens planétaires. Aujourd’hui c’est LIMA en préparation de PARIS en 2015. Croyez-vous sincèrement que cela va déboucher sur un résultat concret et efficace ? NON ! bien sur que non.
@ld
faire sa part maintenant
pour pas regretter demain voir asso ‘ colibris ‘
Arnould Lefébure
Spyons tous acteurs et faisons notre part! le changement climatique est là, je le vois techniquement depuis des années dans le domaine de l’eau et la situation ne fait qu’empirer. Si tous nous ne soutenons pas massivement ces négociations, nos représentants seront timorés – Nous n’avons plus le temps de partir défaitiste et critique, agissons à notre échelle et poussons nos gouvernements à agir fortement à la leur!
Jean Luc 33
Bonsoir,
Par définition, le GIEC est fait pour pour mieux comprendre les risques liés au réchauffement climatique d’origine humaine, …. (ck Wikipédia)
Tout est dit dés le départ. On ne parle pas des variations de l’activité solaire, de la position de la terre sur son elispe, de l’influence des autres planètes, des cycles climatiques sur du moyen et long terme, de la variation significative des pôles,……..
Non, si réchauffement il y a, c’est à cause de l’activité humaine. Cela reste à prouver.
D’autant que l’on ne parle jamais d’éventuels effets bénéfiques mais toujours d’effets néfastes pour ne pas dire de fin du monde.
Des scientifiques, des climatologues, des mathématiciens de grand renom commencent à remettre en cause les conclusions du GIEC.
Benoît Rittaud, Bernard Beauzamy, Marcel Leroux, Richard Lindzen, Vincent Courtillot, Istvan Marko, Samuel Furfari, Henri Masson, Alain Préat, Roy Spencer, Habibullo Abdussamatov, Fred Singer…. le NIPCC, plus 700 scientifiques internationaux s’unissent pour proposer une autre vision du climat…….
Les glaciers en Europe reculent depuis les années 1900.
Le CO2 est à l’état de trace dans l’atmosphère 400 ppm soit 0.04 %. Il est vrai qu’il a cru de 30 %.
Mais il est reconnu que le principal agent d’un éventuel effet de serre est la vapeur d’eau, non le CO2.
De plus réduire la climatologie à un seul facteur tel que la hausse du CO2 liée à l’activité humaine qui induit une pseudo hausse des températures est une malversation intellectuelle.
Une sensibilité internationale émerge contre le dogmatisme du GIEC et cette peur de fin du monde, du catastrophisme que l’on nous vend à chaque évènement climatique majeur.
Il n’y a pas de prise de recul;
Il pleut c’est le réchauffement climatique, il y a une tempête, c’est le réchauffement climatique, les ours ont des problèmes, c’est le réchauffement climatique, il y a des particules dans l’air c’est le réchauffement climatique…..
Les conclusions du GIEC ont une forte consonance politique.
Imaginons que les conclusions soient fortement erronées, alors que les deviennent les taxes carbone, les éco taxes, les actions pour lutter contre le réchauffement climatique, si ce n’est qu’une manière déguisée pour prélever des taxes et créer du business.
Et si tout cela n’avait lieu d’être ?
On gagnerait du temps et de l’argent pour lutter contre un vrai problème LA POLLUTION de nos lacs, mers, airs et terres.
Iakovleva
En quoi la pollution des lacs, mers et airs contredit le fait que l’industrialisation (y compris les CO2) détruit la planète ? Vous dites donc que personne ne pense à la pollution de l’eau et seulement de l’air ?
Janine
Je rejoins l’analyse très sensée et pointue de Jean-Luc, non basée sur des chiffres fantaisistes ou des peurs collectives injustifiées, faisant notamment ressortir que nous n’avons pas ou si peu de prise sur les « changements climatiques », et que ces derniers n’ont pas attendu l’activité humaine pour se produire depuis des millénaires.
Je l’approuve encore lorsqu’il suggère que l’on s’occupe plutôt des pollutions en tout genre qui nous rendent parfois malades, aujourd’hui.
J’ajoute qu’il est parfaitement malhonnête, comme le laisse entendre l’article ci-dessus, de laisser croire que les « Verts » souhaitent chercher des énergies de transition . Si c’était vraiment le cas, la Belgique ne serait pas au bord du « Black-out » annoncé et déjà planifié de façon très précise en cas de grand froid et de non-possibilité d’approvisionnement auprès des voisins, dans toutes les villes alors que le remplacement en question sera la couverture chaude, la bougie et le radiateur à gaz.
Il n’y a que les sites nucléaires qui produisent de l’énergie propre, fiable et permet une indépendance absolument nécessaire. C’est plus cher à exploiter qu’aux tout débuts, il faut donc s’en donner les moyens maintenant.
Janine
cher Jean-Luc
Je salue votre réaction pleine de bon sens et de connaissances dans l’analyse qu’il convient de faire de cette avalanche d’arguments bas de gamme, étayés de chiffres galvaudés sans fondement scientifique alors qu’il y a déjà beaucoup à faire pour limiter ou supprimer des pollutions évidentes autour de nous et nous rendent souvent malades. Stop à la malversation intellectuelle.
Stop à la malhonnêteté consistant à prétendre que l’on recherche des énergies de transition quand l’actualité nous prouve tout le contraire avec l’exemple du « black-out » envisagé dans toutes les villes et communes de Belgique avec un plan de délestage très précis, alors que rien n’est envisagé que la bougie, les chauffages à gaz et les couvertures comme remplacement aux sites nucléaires à l’arrêt ou en réparation.
caci giovanni
oui il et grand temps .la planète terre et malade le charbonne et entrais de la faire mourir .Si la terre meure nous aussi .
caci giovanni
giovanni salut a tous oui il et grand temps .la planète terre et malade le charbonne et entrais de la faire mourir .Si la terre meure nous aussi .
RUDY
L’analyse de Jean-Luc n’est ni pointue ni de bons sens. Elle est tout simplement erronée et ne repose sur rien de scientifique. Si Jean-Luc avait une veranda il saurait tout simplement comment marche l’effet de serre qui réchauffe notre terre. Le CO2 émis par les humains donc nous laisse passer les rayons de soleil qui réchauffent l’atmosphère puis fait comme une couverture qui limite la déperdition de chaleur. C’est vrai qu’il y a déjà eu des concentrations tout aussi importantes de C02 et il est prouvé qu’alors le climat était plus chaud. La corrélation entre ces éléments est faite mais le problème c’est qu’actuellement l’accélération des concentrations de gaz s’est faite sur un siècle et continue au lieu de s’étaler sur des millénaires voir des millions d’années. La biodiversité à eu le temps de s’adapter ce qui ne sera pas le cas actuellement. Jean-Luc comment justifiez-vous que les dernières années sont de plus en plus chaudes et ce dans des délais de plus en plus rapprochés si ce n’est par l’activité humaine (2014 est l’année la plus chaude sur la terre depuis les mesures) ? L’axe de le terre ni son inclinaison ni sa distance par rapport au soleil etc.. est resté constant durant le siècle dernier et maintenant. C Q F D.
En ce qui me concerne, j’ai 70 ans, pour moi le train est passé comme l’on dit. Par contre j’ai des enfants et petits-enfants ce qui est peut-être aussi le cas de Jean-Luc c’est pourquoi je ne comprends pas ses argumentations. En ce qui me concerne, j’essaye de limiter autant que faire se peut mon impact personnel ce que chacun peut faire à son niveau et bien sur agir auprès des politiques ce qu’AVAAZ nous demande de faire et c’est ce que je vais faire.
Climat – il se passe quelque chose d’énorme – Alice Jay – Avaaz - Web CANADA TEC.ca
[…] Les enjeux des négociations climatiques de Lima (Good Planet Magazine)http://www.goodplanet.info/debat/2014/12/02/les-enjeux-des-negociations-climatiques-de-lima/ […]