Auto-satisfaction

Avec près d’un milliard de véhicules en circulation dans le monde, l’automobile est victime de son succès. Certes, la voiture individuelle est un moyen très flexible pour se déplacer – c’est parfois le seul disponible dans des zones où manquent d’autres d’infrastructures. Dans de nombreux pays, la voiture incarne ainsi la réussite sociale et la liberté de mouvement.

Pourtant, en ville, les voitures encombrent vite les rues et les bloquent dans des embouteillages. Ivan Illich, un philosophe allemand, a ainsi calculé qu’au final, en intégrant le temps de travail consacré à payer son automobile et celui perdu dans les embouteillages, la voiture n’était pas plus rapide que la marche.

Par ailleurs, les transports routiers constituent la cause principale de pollution atmosphérique et d’émissions de gaz à effet de serre en Occident (presque 25% des émissions en France). Ils entraînent des accidents de la route qui tuent chaque année plus d’un million de personne dans le monde. Et ils sont responsables d’atteintes à l’environnement liées à l’extraction et au raffinage du pétrole, au stockage des pneus usagés, à la construction des routes, etc.

Ce n’est pas inévitable. Les villes d’Europe du Nord, par exemple, ont su préserver leurs rues étroites et conviviales en refusant de s’adapter au tout-automobile et en mettant en valeur le vélo comme moyen de déplacement au quotidien. Ou encore, en Colombie, la mairie de Bogota a mis en place un réseau dense et rapide de bus. Dans tous les cas, l’idée n’est pas de supprimer la voiture, mais de ne l’utiliser que lorsqu’elle est vraiment la meilleure solution. Par exemple, aller en voiture jusqu’à une gare ou un parking à vélo. C’est ce qu’on appelle l’intermodalité.

Le problème est que les villes d’aujourd’hui ont été façonnées autour de la voiture. Quand les banlieues résidentielles sont à des dizaines de kilomètres du lieu de travail ou des centres commerciaux et que les transports en commun sont insuffisants, la voiture répond à un véritable besoin. Pour changer vraiment, il ne suffira donc pas de proposer des bicyclettes à chacun, il faudra changer la ville, et probablement la repenser complètement.

En savoir plus : Worldwatch Institute

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