Soutenez la Fondation GoodPlanet pour aider GoodPlanet Mag’ et nos autres projets en France et dans le monde depuis 20 ans

Des « roches vivantes » plus efficaces que les arbres pour absorber du carbone


Shark Bay : Stromatolites in Hamelin Pool, Hamelin Pool Marine Nature Reserve (Conservation area in the UNESCO) - Western Australia - Australia © Yann Arthus-Bertrand

Des « roches vivantes » extrêmement résilientes sont capables d’absorber du carbone de manière plus efficaces que les arbres. Observées en Afrique du Sud, ces « roches vivantes » appelées microbialites sont en réalité des affleurement rocheux, construits par des microbes. Ces derniers absorbent et précipitent (au sens chimique) des minéraux dissous pour les transformer en formations solides, un fonctionnement similaire à celui des récifs coralliens. Une nouvelle étude, codirigée par des chercheurs du Bigelow Laboratory for Ocean Sciences et de l’Université Rhodes, met en évidence la rapidité d’élimination du carbone de ces tapis microbiens qui prospèrent le long des côtes.

Une absorption du carbone en continu

Ces structures rocheuses utilisent la photosynthèse et des processus chimiques pour absorber du carbone jour et nuit. Cette capacité longtemps inconnue explique un taux d’absorption nocturne aussi élevés que celui observé le jour. Le processus métabolique à l’œuvre leur permet de stocker du carbone même en l’absence de lumière. Une différence majeure avec les végétaux, notamment les arbres qui utilisent seulement la photosynthèse pour cette opération.

Grâce à cette absorption en continu, les microbialites éliminent rapidement le carbone dissous de leur environnement et le séquestrent dans des dépôts minéraux stables. Ils absorbent ainsi l’équivalent de 9 à 16 kilogrammes de dioxyde de carbone par an et par mètre carré. En comparaison, la surface d’un court de tennis (196 m2) constitué de microbialites absorbe en un an l’équivalent en CO2 de plus d’un hectare (10 000 m2) de forêt.

Des structures résilientes

Autre avantage, ces « roches vivante » se révèlent très résistantes. « Ces formations anciennes que les manuels disent presque éteintes sont bel et bien vivantes et, dans certains cas, prospèrent dans des endroits où l’on ne s’attendrait pas à voir des organismes survivre », explique Rachel Sipler, chercheuse principale et auteure principale de l’étude.

Une étendue d’eau dominée par des microbialites dans la province du Cap-Oriental en Afrique du Sud (Crédit : Rachel Sipler).

L’équipe de recherche a constaté que ces systèmes précipitaient rapidement du carbonate de calcium, estimant que les structures pouvaient croître de près de 5 centimètres en hauteur chaque année. « Les systèmes ici se développent dans certaines des conditions les plus rudes et les plus variables », souligne Sipler. « Ils peuvent se dessécher un jour et croître le lendemain. Ils possèdent une résilience incroyable qu’il était fascinant de comprendre. »

Violette Cadrieu

Cet article vous a plu ? Il a été rédigé par notre rédactrice, soutenez-nous en faisant un don ou en le relayant.
L’écologie vous intéresse ? Inscrivez-vous 
gratuitement à notre newsletter hebdomadaire.

Pour aller plus loin :

Lire le communiqué de presse (en anglais)

À lire aussi sur GoodPlanet Mag’

Des points de bascule climatiques qui se rapprochent inexorablement

La pollution à l’ozone freine la capacité des forêts tropicales à absorber le CO2

Le déclin rapide de l’absorption du carbone par les écosystèmes terrestres

Un satellite européen va cartographier les forêts et leur absorption de carbone

Les récifs coralliens ont franchi un « point de basculement » climatique

Ecrire un commentaire