Marcher, c’est bon pour la santé. Mais, comment ? Et surtout, combien de temps ? Dans ce domaine, de nouvelles recommandations de santé émergent. Elles mettent en avant les bienfaits de marcher régulièrement 5 minutes, afin d’éviter de rester assis trop longtemps. Cette approche, qui consiste donc à fractionner les périodes de sédentarité prolongée au cours de la journée, complète la recommandation de pratiquer un exercice physique modéré de 30 minutes, une activité qui reste toujours conseillée car bénéfique pour la santé.
5 minutes de marche toutes les 30 minutes
Les nouvelles évaluations de l’Anses (l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) publiées le 8 octobre conduisent à faire évoluer la manière d’envisager les bienfaits de la marche. En effet, alors que la sédentarité prolongée, en particulier le fait de rester assis, touche de plus en plus de personnes, l’agence préconise de pratiquer régulièrement des « ruptures de sédentarité ». Concrètement, cela signifie se lever et marcher au moins 5 minutes toutes les demi-heures. « Ces effets bénéfiques sont observés lorsque la position assise est rompue régulièrement et dans l’idéal toutes les 30 minutes », explique Perrine Nadaud, adjointe au chef de l’unité en charge des questions liées à l’activité physique pour l’Anses.
Marcher régulièrement quelques minutes pour contrer les effets sur la santé de la sédentarité
Les Français passent en moyenne 7 heures par jour assis. Et, en France, plus d’une personne sur 3 (37 %) reste assise plus de 8 heures par jour. Pourtant, les effets sanitaires de telles pratiques sont délétères pour la santé car elles favorisent le développement de maladies chroniques comme « le diabète de type 2, l’obésité, les maladies cardiovasculaires, certaines pathologies respiratoires ou ostéoarticulaires, ainsi que certains cancers », rappelle l’Anses.
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Elle suggère donc dans un avis de « favoriser la mise en place de ruptures régulières de sédentarité dans tous les environnements (professionnel, éducatif, etc.) ». L’idée serait ainsi de faire de la marche une habitude régulière qui conduit à emprunter les escaliers plutôt que de prendre l’ascenseur, de discuter en marchant plutôt que de rester debout sur place. Marcher 5 minutes toutes les 30 minutes permet « d’améliorer les paramètres métaboliques, comme la glycémie ou l’insulinémie », d’après l’Anses. « Interrompre la position assise aurait aussi un effet positif sur les fonctions cognitives. Quelle que soit la vitesse de marche, les études montrent une amélioration de l’attention, du temps de réaction, de l’humeur et une diminution de la sensation de fatigue. »
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Même si de prime abord, ces préconisations semblent relever de choix individuels, elles devraient conduire à s’interroger sur des choix de société : moyens de se déplacer, temps devant les écrans, place des activités en extérieur… « Aujourd’hui, la prévention en santé publique passe par une nouvelle organisation de nos modes de vie. L’Agence plaide depuis plusieurs années pour la création d’environnements favorables à un mode de vie actif, que ce soit par l’organisation du temps ou de l’espace, à l’école ou au travail », déclare Irène Margaritis, adjointe au directeur de l’alimentation, de la santé animale et végétale de l’Anses.
Les Français favorables à la marche à pied
Ces recommandations plaident en faveur de la marche au quotidien, plus particulièrement dans des cadres où rester assis est une demande, voire une contrainte. La marche fait aussi partie des mobilités dites actives, qui ont un rôle à jouer tant pour la santé que pour l’environnement. Favoriser l’essor de la marche peut contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre liées aux déplacements. Bien que les Français soient nombreux à être sédentaires, ils sont aussi nombreux à déclarer vouloir marcher davantage. Ils reconnaissent les bienfaits pour la santé de cette activité. Les Français sont 69 % à considérer que marcher est bon pour la santé. Pour 67 % des sondés, marcher permet d’avoir une activité physique. Selon le sondage Marcher en ville – La marche du quotidien (mené par Média Filière auprès de 2000 personnes) dévoilé le 26 septembre par le collectif Place aux Piétons. Celui-ci regroupe la Fédération Française de Randonnée, Rue de l’Avenir, 60 Millions de Piétons, Réseau Vélo et Marche.
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« Ce sondage confirme que la marche est la première des mobilités douces, mais son développement est freiné par des infrastructures urbaines peu adaptées. Les collectivités doivent agir pour garantir un espace public plus sûr, continu et accessible à tous, des centres villes aux territoires périurbains », commente Frédéric Montoya, président de la Fédération française de la randonnée pédestre, membre du collectif Place aux piétons.
D’ailleurs, 58 % des Français affirment marcher davantage qu’il y a deux ans. La santé est l’une de leurs motivations (34 %), suivie par le plaisir (9 %) et la responsabilité écologique (11 %). Mais ils déplorent le fait que les conditions de sécurité et d’aménagements ne sont pas forcément réunies pour permettre au plus grand nombre de se déplacer à pied.
Toute la question est maintenant de savoir si la place accordée aux piétons et les attentes des concitoyens l’égard de la marche seront bien prise en compte. Cela pourra être un objet de débats et de proposition lors des élections municipales de 2026.
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