Un phtalate présent dans les plastiques associé à des centaines de milliers de décès prématurés

DEHP phtalate

Décharge en République dominicaine © Yann Arthus-Bertrand

Le DEHP (DiEthylHexyl Phthalate), une molécule chimique présente dans certains plastiques, plus connue sous le nom de phtalate de bis, serait responsable de plus de 350 000 morts par maladie cardiovasculaire chaque année dans le monde. Une étude scientifique publiée dans la revue Lancet BioMedecine en avril 2025 évalue à 356 000 le nombre de décès prématurés attribuables au DEHP pour la seule année 2018.

« En mettant en lumière le lien entre les phtalates et l’une des principales causes de décès dans le monde, nos résultats ajoutent un ensemble de preuves au fait que ces produits chimiques présentent un risque majeur pour la santé humaine » ; affirme Sara Hyman. Elle est l’auteure principale de l’étude et chercheuse à l’université de New York, cité par ScienceDaily le 6 juillet. L’exposition au phtalate de bis peut provoquer une augmentation des risques d’attaque cardiaque puisque cette substance suscite des inflammations au niveau des artères du cœur, selon plusieurs études scientifiques antérieures. Les chercheurs ont voulu mesurer l’impact de l’exposition à la molécule dans le monde et proposent ainsi une première évaluation du phénomène.

Le DEHP est présent dans les emballages alimentaires et dans certains équipements médicaux. Son action comme perturbateur endocrinien et comme cancérogène est connue. Néanmoins le DEHP reste autorisée en France et en Europe, mais avec des concentrations à ne pas dépasser.

Une inégalité d’exposition au DEHP qui se traduit par des décès plus importants dans les pays en développement

Selon les scientifiques de l’Université de New York Langone Health qui ont conduit cette étude, le DEHP serait responsable de plus d’un décès sur 10 (13 %) dans le monde lié à une maladie cardiaque survenu entre 55 et 64 ans. Ils notent par ailleurs que les trois quarts de ces décès surviennent au Moyen-Orient et en Asie. Cela s’expliquerait en partie par la forte croissance de la production de plastiques dans ces régions, avec une réglementation moindre qu’ailleurs.

Il existe des disparités nettes entre les régions du monde sur l’impact des phtalates sur les risques cardiaques, résume Leonardo Trasande de l’Université de New York. Cet autre auteur de l’étude conclut que : « nos résultats soulignent le besoin urgent d’une réglementation mondiale pour réduire l’exposition à ces toxines, en particulier dans les régions concernées par une rapide industrialisation et une hausse de la consommation de plastique. »

Julien Leprovost

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Pour aller plus loin

L’étude (en anglais) Phthalate exposure from plastics and cardiovascular disease: global estimates of attributable mortality and years life lost – eBioMedicine

et le communiqué de l’Université de New York (en anglais) Heart Disease Deaths Worldwide Linked to Chemical Widely Used in Plastics | NYU Langone News

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