L’écologie peut-elle faire rire ?

rire écologie

Colonnes de Buren, Palais Royal, 1st arrondiseement, Paris, France © Yann Arthus-Bertrand

L’écologie peut-elle faire rire ?
par Clément Jeanneau du blog Nourritures terrestres

Peut-on se fendre la poire avec l’écologie ?

La question peut surprendre, à l’heure où les sujets climat/environnement sont souvent – et de plus en plus – associés au registre de la peur, de l’urgence, des catastrophes…Chacun conviendra pourtant qu’en rester à ce type de communication risque d’être perçu comme anxiogène.

De là l’intérêt d’utiliser, parmi d’autres, la carte de l’humour pour parler d’écologie différemment, et faire passer des messages de façon amusante.

C’est le parti pris de nombreux facétieux depuis quelques années, que ce soit sur Facebook et ailleurs avec des groupes de « memes » et d’images parodiques, sur Youtube avec différentes chaînes (cf « Ami des lobbies », « Feuillage », « La Barbe », etc.), en dessins (cf ceux de Sanaga par exemple, comme celui ci-dessus), en podcasts (cf la fiction « Super écolo » d’Arte Radio), sans parler des productions plus connues : chroniques humoristiques notamment sur France Inter (dont Guillaume Meurice), sketchs de l’inimitable « Broute », infos parodiques de l’incontournable « Le Gorafi ».

[Lire notre entretien avec professeur Feuillage Professeur Feuillage : « l’humour est une arme de communication massive » ]

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Pour ma part, je dois dire qu’en la matière, rien ne m’a autant plu que les bandes dessinées d’Alessandro Pignocchi, réalisées à l’aquarelle.

C’est…complètement différent du reste. On adhère ou pas : c’est assez clivant. Il faut aimer l’humour absurde, façon Fabcaro (l’auteur des BD « Zaï Zaï Zaï Zaï », « Et si l’amour c’était aimer ? », etc.), et ne pas craindre l’écologie très engagée. Pour le dire vite : Pignocchi, c’est un mélange de Philippe Descola et de Fabcaro, avec son univers à lui : une vision décapante d’un monde où les grands leaders politiques se seraient convertis aux idées d’écologie profonde et à l’animisme des peuples Jivaros d’Amazonie, lui qui a vécu avec ces peuples durant quelques temps.

Ce n’est pas seulement humoristique : c’est aussi poétique, parfois simplement beau, et, aussi, finalement assez stimulant : en renversant certaines perspectives, Pignocchi, qui est aussi chercheur en sciences cognitives, nous fait voir des situations connues sous d’autres regards.

Comment savoir si cela peut vous plaire ? En allant lire ses planches publiées ces dernières années sur son blog, notamment la série « Relance », réalisée au printemps 2020 et décalée à souhait, en quatre parties (1, 2, 3, 4).

Si ces planches vous ont plu, vous pouvez vous parcourir le reste de son blog et surtout vous jeter sur ses BD : si vous avez le choix, mieux vaut commencer par le premier tome de sa trilogie humoristique, “Petit traité d’écologie sauvage” (2017), puis “La cosmologie du futur” (2018) et enfin “Mythopoïèse” (2020) – cela dit, suivre l’ordre, ici, n’est pas un impératif…(A noter que Pignocchi est aussi l’auteur d’une autre excellente BD, « La recomposition des mondes », très intéressante, et drôle là aussi, sur son immersion à la ZAD de Notre Dame des Landes).

 

 

A l’inverse, si ça n’est pas votre truc (ce qui peut tout à fait se comprendre !), je vous souhaite, je nous souhaite, pour ces prochaines années, un foisonnement d’humour intelligent sur les sujets écologiques, qui permettra à chacun de trouver chaussure à son pied.

De quoi retrouver le sourire après la dernière publication du GIEC de ce mois d’août (dont vous pouvez trouver, selon ce qui vous intéresse, une présentation des principales conclusions ici par Valérie Masson-Delmotte, une traduction bénévole du résumé pour décideurs ici, une synthèse des points clefs ici par BonPote, une sélection de graphiques du rapport commentés par Sylvestre Huet ici, une traduction des 10 figures du résumé aux décideurs ici par Yann Rozier, et un thread sur les faits saillants du rapport par Laydgeur ici).

L’écologie peut-elle faire rire ?
par Clément Jeanneau du blog Nourritures terrestres
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