Yann Arthus-Bertrand : « Pour une COP25 à Madrid plus cohérente »

Tarmac

Tarmac de l'aéroport Charles de Gaulle, piste n°4, Paris. France © Yann Arthus-Bertrand

Plus personne ne remet en doute l’urgence de la question climatique, mais la précipitation dans laquelle l’Espagne va accueillir la COP doit se transformer en une opportunité : celle de faire une COP plus sobre et irréprochable sur le plan environnemental. Plus de 25 000 délégués étaient attendus au Chili, il est encore prématuré de savoir si autant iront à Madrid, mais j’espère que l’Espagne saura leur proposer un sommet sur le climat exemplaire.

En 2016, les organisateurs de la COP21 à Paris, qui s’était tenu à la fin de 2015 et avait abouti à l’Accord de Paris, avaient réalisé le bilan carbone de l’événement qui s’était déroulé au Parc des expositions du Bourget. Quarante-trois mille tonnes d’équivalents CO2 avaient été émises pour l’événement qui a accueilli 67 000 participants en deux semaines. Ce bilan se divise en deux : 33 800 tonnes d’équivalent CO2 pour les déplacements aériens des personnes venus des 195 Etats membres et 9 200 tonnes pour la tenue de la COP au Bourget.

Aujourd’hui, plus que jamais la question du transport aérien se pose tant son impact sur le climat n’est pas négligeable. Il reste également le moyen de transport des privilégiés. Surtout, du fait de conventions internationales, le secteur bénéficie de subventions aux énergies fossiles, le kérosène étant très peu taxé. Malgré les progrès du secteur pour réduire son impact, les prévisions de doublement du trafic aérien dans les vingt prochaines années laissent douter de la capacité du secteur de l’aviation à s’inscrire dans les ambitions de réduction de rejets des gaz à effet de serre.

Les COP de formidables opportunités

Or, si prendre l’avion peut s’entendre pour traverser les océans ou sur de longues distances, la pertinence de ce mode de transport sur de courtes distances, comme en Europe, est à revoir. C’est pourquoi les organisateurs devraient imposer aux participants européens à la COP25 de prendre le train pour aller Madrid.

En effet, j’ai assisté à de nombreuses COP depuis des décennies, certaines choses dans l’organisation des sommets internationaux m’ont toujours frappé. Alors que les causes principales du réchauffement climatiques sont bien identifiées : les transports, la consommation d’énergie et l’agriculture industrielle ; il me semble que les délégations des COP font très peu d’efforts sur ces sujets-là.

Et c’est révélateur des difficultés que nous avons à changer de comportement. Or, les COP pourraient être de formidables opportunités pour prouver aux délégations et donc aux décideurs des pays que d’autres modèles sont possibles. La COP25 pourrait donc être l’occasion de prouver à celles et ceux qui viendront qu’il est possible de se passer de viande en proposant des menus végétariens à tous les repas.

Que celles et ceux qui viennent d’Europe fassent le trajet en train plutôt qu’en avion, que les délégués éloignés privilégient la visioconférence… des actions de bon sens pour le climat, que les scientifiques et les écologistes prônent. Ce seraient certes des petits gestes, mais le symbole d’une COP irréprochable serait fort, celui d’un monde qui a déjà changé et a bien saisi l’impératif des nouveaux comportements à adopter. Ce serait exemplaire. Et l’exemplarité inspire. En relisant ce texte je m’aperçois qu’à 73 ans je ne suis que le porte-parole de Greta Thunberg 16 ans…

Yann Arthus-Bertrand, présent de la fondation GoodPlanet, réalisateur et photographe

A retrouver aussi sur Le Monde.

9 commentaires

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    • Hernan

    Moins d’exubérance pour être moins pollueur…. chacun de ses événements laisse une empreinte écologique désastreuse rien que avec les kilomètres de moquette qu’après partent à la poubelle…

    Hernan

      • Michel CERF

      On se passe de vos commentaires qui mettent en évidence votre manque de discernement habituel .

      • Michel CERF

      Je retire habituel !

  • Je rejoins tout à fait Yann et Michel

    Le porte-parole des lutins thermiques et de l’AIFCK que je suis pour ce qui concerne l’environnement souhaite aussi que les organisateurs de la COP25 imposent aux participants européens de prendre le train pour aller à Madrid

    Ce souhait est l’opportunité de faire une remarque : vu que la pollution au km d’un train est nettement moindre que celle d’un avion alors qu’il transporte un nombre de passagers beaucoup plus important, il me semble tout à fait anormal qu’il faille payer 100 € pour un AR Paris-Zurich en train alors qu’un aller-retour Paris – Berlin en avion peut être négocié pour un prix inférieur alors que la distance à parcourir est sensiblement deux fois plus importante

    • Meryl

    Quand on sait que le facteur n° 1 du dérèglement climatique est l’agriculture animale et la consommation de produits d’origine animale, qu’attend donc le médiatique YAB pour devenir végan et être lui-même enfin cohérent avec ce qu’il prône ?

    A lire d’urgence :
    https://www.apala.fr/lenigme-des-experts-climatiques-face-a-lurgence/?fbclid=IwAR0i6TEFEowygtlZhbQN10CwrlsrcGVMJfWsF5mRRZ3uBoE9Q2KhY2CYTJY

    Quant au reste, entièrement d’accord avec Hernan.

    • Hernan

    Michel… je crois que vous m’avez lu trop vite. Et je crois que j’ai aussi écrit trop vite.

    SVP dites-moi ce avec quoi vous n’êtes pas d’accord.

    J’aurai dû préciser que mes mots ne se réfèrent qu’au tout début de la note de Yann: « celle de faire une COP plus sobre et irréprochable sur le plan environnemental. ».

    C’est uniquement à ceci que j’ai fait référence. À l’importance de faire des événements moins exubérants, et j’ai matérialisé ma critique et mettant l’exemple de la Moquette.

    Je n’ai touché aucun autre aspect de la note qui est d’ailleurs excellente, comme toujours cette News Letter.

    Vous me direz si vous lisez ce message.

    Hernan

      • Michel CERF

      Mr. HERNAN , je voulais dire que parfois il faut hélas polluer un peu pour servir une grande cause , nous avons sans doute réagit tous les deux un peu vite mais sachez que vous avez toute mon estime , cordialement , Michel .

  • J’ai lu le texte associé à votre lien Mr Meryl

    On y a peut-être déformé les propos de Jean-Marc Jancovici mais si je comprends bien, il y explique que si homo sapiens passait au régime végétarien cela diviserait les émissions de gaz carbonique par 4 et assurerait une réduction beaucoup sensible que s’il ne prenait plus l’avion.

    Je crois que cette assertion est fausse pour une raison simple : Homo sapiens consomme beaucoup plus d’énergie pour se chauffer et alimenter sa voiture que pour se nourrir. Il suffit pour cela de comparer les chiffres pour constater qu’avec une agriculture locale, il consomme en pratique environ 6 fois plus d’énergie pour se chauffer que pour s’alimenter. Ce rapport étant presque le même lorsque l’on fait la comparaison par rapport à la voiture à moteur conventionnel.
    Une explication plus précise sera donné au début de la réunion à l’IESF Ile de France qui devrait se tenir début 2020. Voir plan

    https://www.dropbox.com/s/j1dimn1m3syvg58/sommaire-IESF-2020.pdf?dl=0

    • Hernan

    Je lis avec une grande appréciation votre réponse Michel.

    Je me suis rendu compte après l’avoir écrit trop « à chaud » que je devais préciser que mon commentaire ne concernait que cette exubérance exagérée et parfois irrationnelle des grands événements. Malheureusement l’événementiel est comme ça, très pollueur.

    Et entièrement d’accord sur le fait que pour faire bouger les choses il faut hélas polluer un peu. C’est totalement justifié. Ainsi… au passage je donne mon feu vert à la petite Greta pour qu’elle prenne l’avion de retour!

    Hernan