Paris (France) (AFP) – En 1973, Brigitte Bardot, décédée dimanche, faisait une croix sur le cinéma et son statut d’icône mondiale pour se consacrer entièrement au combat de sa vie, la cause animale.
« Ma première partie de vie fut comme le brouillon de mon existence », la deuxième a apporté « les réponses aux questions que je me posais jusque-là », affirmait l’ancienne actrice, alors âgée de 83 ans, dans son livre testament « Larmes de combat » en 2017.

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« Tout est parti d’une conviction que j’avais: l’humanité n’est pas au centre du monde, l’animal n’est pas esclave de l’homme, l’asservir et le maltraiter nous rend inhumains », expliquait B.B.
Sa première bataille remonte à 1962. Au sommet de sa gloire, elle est sensibilisée aux conditions d’abattage du bétail par son premier mari Roger Vadim, puis par Jean-Paul Steiger, fondateur du club des Jeunes amis des animaux. Au début des années 1960, ce dernier s’était introduit dans un abattoir pour prendre des photos.
« Ces clichés m’ont horrifiée. Je devais faire quelque chose », raconte Brigitte Bardot. Elle dénonce à la télévision les égorgements d’animaux conscients, « des traitements dignes du Moyen Age », et rencontre le ministre de l’Intérieur, Roger Frey, sans que rien ne change

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En 1977, avec sa spectaculaire arrivée sur la banquise pour sauver les bébés phoques et sa photo avec un nouveau-né, un « blanchon », en Une de Paris Match, elle affiche sa nouvelle image. « J’ai tout appris de mon +sacerdoce+ de défenseur des animaux avec cette bataille », confiait-elle.
A partir de là, toutes les bêtes (visons, chiens, chats, civettes, éléphants, baleines, tourterelles, pigeons, ours, ânes, chevaux, loups) ont trouvé leur porte-parole.
« Ridiculisée »
C’est aussi à cette époque qu’elle partage sa vie avec un autre défenseur des animaux: le journaliste Allain Bougrain-Dubourg, connu pour ses émissions animalières dans les années 1980.
De 1989 à 1992, elle présente sur TF1 son émission « SOS animaux », qui enregistrait un taux exceptionnel d’écoute malgré l’heure tardive. « Ce côté pionnier m’a coûté cher. On m’a ridiculisée, on m’a méprisée pour cela », estimait-elle dans son livre.

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S’appuyant sur son image et sa popularité, elle crée en 1986 sa Fondation, pour laquelle elle a tout donné, « son nom, son temps et ses revenus ».
La Fondation Brigitte Bardot démarre dans « une petite chambre d’ami de La Madrague », sa propriété de Saint-Tropez, avec les moyens du bord, avant de déménager à Paris.
Elle mène une lutte tenace contre la chasse à courre, la vivisection, les pièges à mâchoires, la corrida, les delphinariums…
Protectrice ombrageuse des animaux, Brigitte Bardot était aussi une habile stratège. Dénonciations à la télévision, communiqués de presse, manifestations, participation à des conférences internationales, interpellations de politiques, lettres aux chefs d’État, invectives, injures…. Tout était bon pour mener son combat.
En avril 2023, elle invectivait sur Twitter Emmanuel Macron, le « président des chasseurs », qui l’avait reçue à l’Élysée en 2018.
« Beauté sans artifice »
« Cinq ans après, oui je vous engueule Emmanuel Macron car je suis en colère face à votre inaction, votre lâcheté, votre mépris des Français (qui vous le rendent bien il est vrai) », lâchait-elle dans une lettre ouverte, lui reprochant de ne pas assez faire pour la condition animale.
Avant cela, la militante avait demandé à François Mitterrand la création d’un « Secrétariat d’État à la cause animale ». Elle avait aussi plaidé auprès de Nicolas Sarkozy et François Hollande.
L’ex-actrice, devenue végétarienne, avait fait de l’hippophagie « une de (ses) dernières batailles » et espérait « voir l’abolition « avant (sa) mort » de la consommation de cheval.

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Opposée à l’abattage traditionnel de moutons liés à la fête musulmane de l’Aïd el-Kébir, Brigitte Bardot s’en est aussi pris aux musulmans, ce qui lui a valu des condamnations pour incitation à la haine raciale.
Dans « Mon BBcédaire », livre paru en septembre 2025 et entièrement rédigé de sa main, Bardot s’élevait encore contre l’élevage « qui conduit (les animaux) à abattoir », les zoos, ou les laboratoires « lieux de douleurs infinies ».
Sous le mot « Beauté », elle écrivait que « seuls les animaux en sont porteurs sans artifice ».
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