La plantation de millions d’arbres et la restauration des écosystèmes de prairie en Chine ont modifié le cycle de l’eau, favorisant l’évapotranspiration et les précipitations sans nécessairement augmenter l’eau disponible localement. En se basant sur des données satellitaires afin de déterminer ce qu’on appelle le changement d’affectation des sols entre 2001 et 2020, une équipe de scientifiques a observé que la redistribution de l’eau a changé. Les résultats de leur recherche ont été publiés en octobre 2025.
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« Même si le cycle de l’eau est plus actif, à l’échelle locale davantage d’eau est perdue qu’auparavant », résume le co-auteur de l’étude Arie Staal. Ce chercheur, qui enseigne la résilience des écosystèmes à l’université d’Utrecht aux Pays-Bas, apporte des précisions au média Live Science : « le changement de la couverture des sols modifie la manière dont l’eau est redistribuée. Ces dernières décennies, la Chine a réalisé des projets de reverdissement massif. Ils ont restauré des écosystèmes prospères, spécialement sur le plateau de Lœss. Cela a réactivé le cycle de l’eau. »
Plus d’eau en circulation, mais moins d’eau disponible
« Le changement d’affectation des sols a conduit à une hausse de l’évapotranspiration de 1,71 mm/an (millimètres par an) et des précipitations de 1,24 mm/an, tandis que l’eau disponible diminue de 0,46 mm/an », écrivent les chercheurs dans leur article publié dans la revue Earth’s future en octobre 2025. L’eau disponible se mesure en soustrayant les quantités d’eau évapotranspirée par les végétaux au volume des pluies, or si le chiffre est négatif cela signifie qu’une partie de l’eau est perdue au niveau local.
Les végétaux participent au cycle de l’eau, on parle alors d’eau verte, en stockant et en libérant de l’eau, notamment grâce à l’évapotranspiration. Les travaux publiés dans Earth’s future montrent bien que les plantations d’arbres et de forêts dans les régions de mousson au sud-est du pays et le rétablissement de végétaux sur des plaines arides au nord-ouest ont entrainé une augmentation de l’évapotranspiration des plantes puis des pluies. « Toutefois, la quantité d’eau disponible pour être utilisée se réduit parce que plus d’eau est perdue », indiquent les scientifiques. En effet, une partie importante de l’eau supplémentaire s’est retrouvée ailleurs. Notamment sur le plateau tibétain au sud-ouest du pays, celui-ci gagne chaque année +0.38 mm/an d’eau disponible tandis que la région des moussons à l’est perdait 0.59 mm/an d’eau disponible et celle des plaines arides du nord-ouest 1,14 mm/an. De précédentes études scientifiques ont trouvé que l’eau rejetée dans l’atmosphère la transpiration de plantes peut parcourir jusqu’à 7000 km.
La Chine s’est engagée depuis 1949 dans de vastes projets de plantation d’arbres et préservation des sols par le biais de la restauration des plaines afin de lutter contre la dégradation des sols, la désertification et le changement climatique. Cette « muraille verte » possède plusieurs fonctions dont la préservation des sols agricoles, la prévention des tempêtes de sable et de poussière ainsi que la captation d’une partie des émissions de gaz à effet de serre. Entre 2000 et 2017, elle a représenté le quart des nouvelles forêts au niveau mondial. En 75 ans, la surface couverte par la végétation (forêts et prairie) est passé de 10 % du territoire à 25 % en Chine continentale, notamment grâce à une politique volontariste de plantation d’arbres.
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Pour aller plus loin
L’étude (en anglais) Land Cover Changes Redistribute China’s Water Resources Through Atmospheric Moisture Recycling – An – 2025
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