Victor Janjic et Manon Sima, réalisateurs du film Le dernier documentaire : « toucher les gens sur une cause qui ne les concerne pas de base est une victoire »


Couverture : Le Dernier Calendrier

Victor Janjic et Manon Sima ont parcouru le monde associatif pour créer un calendrier perpétuel qui présente différentes causes contemporaines. Respectivement réalisateur et photographe, ils ont décliné ce premier projet baptisé Le dernier calendrier en un film Le dernier documentaire. Dans leur film, visible en ligne gratuitement, chaque mois du calendrier présente une lutte : contre la fonte des glaciers, face à la précarité alimentaire, pour réduire la pollution plastique ou encore pour défendre les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+ (lesbienne, gay, bisexuel.le, trans, queer, intersexe, asexuel.le et tous.tes les autres). Dans cette interview avec GoodPlanet Mag’, Victor Janjic et Manon Sima reviennent sur leur travail qui représente une ode à l’engagement et à la convergence des luttes.

D’où vient l’idée du Dernier calendrier ? Y a-t-il eu un moment fondateur qui a déclenché ce projet ?

Victor Janjic : L’idée vient d’assez loin. Manon et moi, nous nous sommes rencontrés dans une association qui s’appelle Wings of the Ocean, qui opère un bateau, le Kraken. Elle lutte contre la pollution plastique dans les océans et sur les littoraux. En 2020, j’ai réalisé un premier calendrier qui s’appelait au début Les Dieux du Sale, un peu une parodie des Dieux du Stade, le calendrier des rugbymen. Ce projet sans prétention a rencontré un petit succès, donc nous l’avons réitéré trois années de suite. Ça a été un premier terrain de jeu artistique. L’objet du calendrier nous plaisait bien, et l’idée était d’étendre le projet, de l’ouvrir à d’autres associations. L’an dernier, j’ai proposé à Manon de le faire ensemble, tel a été le point fondateur de cette aventure.

Pourquoi avoir initialement choisi un calendrier, un objet du quotidien, pour porter un message aussi fort ?

Manon Sima : Le calendrier est avant tout un objet du temps qui passe. Ça collait bien avec notre projet, qui voulait symboliser un peu l’urgence. D’où le nom Le Dernier Calendrier : le dernier avant que ça change, ou le dernier avant que ce soit trop tard. Nous voulons laisser l’interprétation libre.

Victor : Oui, le calendrier est, dans l’inconscient collectif, un objet populaire présent dans les maisons de tout le monde. Il est accroché au mur, on le tourne tous les mois, on le voit tous les jours. L’objet s’inscrit dans l’intimité des gens et permet d’apporter des messages directement chez eux.

Manon : Et le but était aussi de sortir les photos des réseaux sociaux.

Victor : Ça ancre les images dans le temps, ça permet de les regarder, de réfléchir, de se rappeler. Et en plus, d’en faire un calendrier perpétuel renouvelle chaque année ce petit compte à rebours vers les enjeux et les menaces qui pèsent sur notre société.

Manon : Ça n’a pas le même impact de voir une photo tous les jours dans sa cuisine que de la voir une fois sur Instagram et de l’oublier le lendemain.

« C’est un prétexte pour amener de l’art et une exposition engagée chez les gens, sous couvert d’un objet inoffensif comme peut l’être un calendrier. »

Victor : Exactement. C’est un prétexte pour amener de l’art et une exposition engagée chez les gens, sous couvert d’un objet inoffensif comme peut l’être un calendrier. Celui-ci peut être un bon vecteur de message d’engagement.

Le Dernier Calendrier, page d’avril : Fashion Revolution x Johanna Piettre Hermès

Donc, sur vos deux projets Le derniers calendrier puis le Dernier documentaire, vous avez choisi le mot « dernier », à la fois pour lancer l’alerte et pour partager un message d’espoir visant à rassembler ?

Manon : Oui, ces deux volontés sont présentes. Rassembler était forcément là en tant que notion clé, parce que nous voulions réunir toutes ces assos. C’est un projet de convergence des luttes. Nous avons réfléchi longtemps au nom du projet. Quand nous avons évoqué « le Dernier », nous nous sommes dit instantanément que nous avions trouvé. Parce que « dernier » peut être alarmant et en même temps porteur d’espoir. L’interprétation positive demeure envisageable.

« C’est un projet de convergence des luttes. »

Victor : Le projet a failli s’appeler Le Dernier Calendrier avant la fin du monde. C’était le premier nom.

Manon : Mais « avant la fin du monde » nous semblait trop. Il faut laisser de la place à l’espoir.

Victor : Puis « dernier », dans l’inconscient collectif, est riche de symboliques. D’ailleurs, avec ce mot on rentre aussi dans un champ lexical riche qu’on associe au cinéma, à la littérature… 

Le Dernier Calendrier, page de janvier : Protect Our Winters x Florian Fiquet

Vous dites : « on nous a appris à diviser les élans, à séparer les urgences ». Que souhaitez-vous recomposer à travers ces 12 mois ?

Victor : Souvent, on raisonne en silo. Ce que nous avons essayé de faire, c’est d’aligner toutes ces associations, toutes ces causes côte à côte, pour les faire parler d’une seule voix. Dans le documentaire, toutes évoquent une sensibilité au monde. L’idée alors été d’aller chercher les gens par leur sensibilité individuelle, qu’elle soit sur des causes sociales, environnementales ou encore animale, et de les amener grâce à cette sensibilité vers la découverte des autres causes.

« Le but, c’était d’aller chercher les gens dans une cause qui les touche pour les amener vers une autre. »

Manon : Tout à fait, car on n’est pas tous sensibles aux mêmes choses. Moi, la paysannerie, au début, ça ne me touchait pas particulièrement. Mais on se rend compte que tout est lié. La fast fashion, c’est social et environnemental. Le but, c’était d’aller chercher les gens dans une cause qui les touche pour les amener vers une autre.

« Même si on ne peut pas tout attaquer de front, servir un pan de la justice sociale ou environnementale, c’est aussi servir les autres. »

Victor : Derrière la fast fashion, il y a la pollution plastique. Derrière la pollution plastique, la qualité de l’eau. Derrière l’eau, l’agriculture. Derrière l’agriculture, les enjeux sociaux. Derrière ces enjeux sociaux, il y a des questions d’alimentation. Tout est lié. Même si on ne peut pas tout attaquer de front, servir un pan de la justice sociale ou environnementale, c’est aussi servir les autres. Avoir conscience que peu importe le biais par lequel on s’attaque à ces problèmes rassure. L’effort collectif pour un avenir plus juste envers le vivant et les humains se révèle nécessaire, voilà vraiment le message de fond du documentaire et du calendrier. 

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Chaque mois représente une association. Comment s’est construit le dialogue entre les enjeux et les images ?

Manon : Au début, nous avons réuni 12 causes sans savoir qui allait nous suivre. Il nous a fallu reconstituer les pièces d’un puzzle. Pour incarner ces luttes, nous cherchions des personnes du milieu militant, artistique ou sportif. Et petit à petit, les rencontres ont construit le projet.

Victor : Parfois ce sont les associations qui nous ont amené leurs égéries, parfois l’inverse. Et parfois, c’est nous qui avons fait le pont entre des assos et des personnes impliquées dans la même cause mais pas encore en lien, par exemple entre Nous Toutes et Swan Périssé, ou entre Ludovic et Entourage. Comme dit Manon, ça s’est fait naturellement, comme une mosaïque à composer avec visages, causes et luttes, qui finalement s’est agencée en un tout cohérent et fluide.

Le Dernier Calendrier, page de mars : Nous Toutes x Swann Périssé

Comment avez-vous choisi les mois ?

Manon : Les mois, nous les avons choisis à la toute fin, sauf quelques évidences décidées au début. Nous Toutes en mars, forcément pour la Journée des droits des femmes. Juin est le mois de la Pride, la marche des fiertés. La protection des glaciers s’est retrouvée en janvier, parce que quand on nous parle d’écologie, la fonte des glaces revient souvent comme le premier sujet abordé. C’est tout un cheminement. Il se termine par la précarité alimentaire car on observe que les gens se révoltent vraiment quand ils ont faim.

« Ça a été une rencontre entre cohérence symbolique et cohérence visuelle »

Victor : Ça a été une rencontre entre cohérence symbolique et cohérence visuelle, pour qu’on puisse passer d’un univers à l’autre : du désert au glacier, à l’océan, à un espace intérieur. La finalité était d’atteindre une alchimie organique dans la succession des visuels.

Le Dernier Calendrier, page de juin : Inter LGBT

Justement, avez-vous photographié et filmé différemment selon les associations ?

Victor : Les interviews sont tous filmés de la même façon : on a vraiment cherché à ce que les formats et les questions soient les mêmes. Les engagements, la convergence des luttes, le rapport au temps sont des thèmes récurrents dans le documentaire. Le reste dépendait des contextes de tournage et des contraintes de chaque photo.

« Les engagements, la convergence des luttes, le rapport au temps sont des thèmes récurrents dans le documentaire. »

Manon : Oui, on ne shoote pas pareil sur un glacier que dans le lobby d’un hôtel. Nous nous adaptions à chaque environnement.

Victor : Parfois nous partions en immersion longue, parfois c’était plus condensé. Ces alternances de rythme font respirer le film. 

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Aviez-vous peur de trahir une cause en la résumant à une image ?

Manon : L’isolement social nous a donné du fil à retordre. L’isolement ne se résume pas qu’à des personnes vivant dans la rue. Au début, nous pensions beaucoup à cette image en imaginant la photo. Mais Entourage travaille sur l’isolement social global. Nous avons longtemps discuté et finalement, on a choisi de faire « porter sa vie » à Ludovic, pour illustrer le fait qu’on est seul, qu’on porte sa vie seul, qu’on a tout sur le dos, sans montrer forcément quelqu’un vivant dans la rue. C’est la photo qui nous a demandé le plus de réflexion.

« Nous avons mêlé des inspirations tirées des campagnes des associations et des références à des tableaux connus. »

Victor : Dans tous les cas, on s’est nourris des messages des associations, de leur façon de se présenter et de leur imagerie. Par exemple, le bâton de berger de Sea Shepherd a été un de leurs symboles évident à aller chercher. L’association passe l’essentiel de son temps à ramasser des filets fantômes, donc le filet s’est imposé comme artefact. Nous avons fait des rappels au temps : le mythe de Sisyphe pour la pollution plastique, car il illustre bien un combat infini. Nous avons mêlé des inspirations tirées des campagnes des associations et des références à des tableaux connus, comme en décembre avec la précarité alimentaire.

Le Dernier Calendrier, page d’août : Sea Shepherd x Lamya Essemlali

Que voudriez-vous que les personnes ressentent en découvrant votre calendrier et documentaire ?

Manon : J’ai une amie qui n’était pas du tout touchée par la paysannerie de base. Elle m’a pourtant dit que la partie du documentaire qui l’avait le plus touchée était celle-là. Toucher les gens sur une cause qui ne les concerne pas de base est une victoire.

« Toucher les gens sur une cause qui ne les concerne pas de base est une victoire. »

Victor : C’est un projet artistique, pas scientifique ni politique. Notre démarche vise simplement à partager la sensibilité des gens que nous rencontrés et à la transmettre à d’autres, à savoir aux spectateurs et aux soutiens. Nous partons du postulat qu’éveiller sa sensibilité et élargir sa conscience à ces choses-là peut indirectement donner envie d’agir, de changer son mode de vie, de soutenir des gens. Mais ce n’est pas notre ressort : nous sommes un vecteur sensible et artistique.

« Nous partons du postulat qu’éveiller sa sensibilité et élargir sa conscience à ces choses-là peut indirectement donner envie d’agir, de changer son mode de vie, de soutenir des gens. »

Manon : Nous voulions juste mettre en lumière ensemble des causes et des personnes engagées.

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En travaillant sur ces 12 causes, avez-vous trouvé des raisons d’être optimistes ?

Victor : Moi, je dis souvent que je suis très optimiste, mais à long terme. À court terme, je ne le suis pas toujours, parce que les faisceaux d’indices et les signaux annonciateurs à court et moyen terme de ce que peut être l’avenir de la biodiversité ne sont pas très rassurants. Mais ces messages valent le coup d’être transmis. On arrive à un point de rupture. Il faudra alors se saisir de ce qui aura été dit, fait, montré, pour reconstruire des sociétés plus respectueuses du vivant, plus harmonieuses.

Manon : Je rejoins Victor. Personnellement, ce qui m’a rendue optimiste, c’est de voir à quel point tous ces gens se battent tous les jours. C’est beau à voir. Quand nous les avons rencontrés, leur engagement m’a beaucoup touchée. Toutes ces personnes se lèvent tous les matins pour rendre le monde un peu meilleur.

Quelles rencontres vous ont profondément transformés ?

Manon : Ils nous ont tous touchés. Voir des gens si engagés et si sensibles est très fort. La rencontre avec Ludovic a été intense. Son interview était très touchante. C’est quelqu’un de très sensible. Il a vécu beaucoup de choses, ce qui ne l’empêche pas de rire très fort et de respirer le bonheur.

« On a besoin de personnalités comme elles qui agissent et qui théorisent l’engagement. »

Victor : Il y en a d’autres. J’ai en tête Virginia Markus, qui a son sanctuaire Co&xister, recueillant des animaux d’élevages en Suisse. Je l’ai trouvée impressionnante. Dans le même temps, elle agit de façon très concrète, et elle réfléchit aussi beaucoup son engagement. On a besoin de personnalités comme elles qui agissent et qui théorisent l’engagement. Virginia conceptualise sa façon d’agir par des écrits, des manifestes, des livres. Elle assure la congruence dans le message qu’elle porte. Celui-ci se révèle à contre-courant d’une société qui exploite et opprime les animaux, notamment au travers de l’élevage intensif. Voir une femme qui lutte par l’action et par la pensée se montre très inspirant. 

Quelle scène vous a le plus marqué ?

Manon : Nous avons fait des câlins à des cochons pendant une journée chez Virginia. C’était marquant.

Victor : Il y a eu le fait d’être en immersion avec ces animaux, et aussi la découverte, pour nous deux, d’un glacier pour la première fois. Arriver face à cette entité géologique majestueuse et en danger, avec un expert du sujet, a été un grand moment. En soi, tout a été une aventure humaine intense. À chaque fois, nous partions découvrir un univers, des messages, des mots, des personnes.

« Arriver face à cette entité géologique majestueuse et en danger, avec un expert du sujet, a été un grand moment. »

Manon, vous disiez que la paysannerie vous avait beaucoup touchée. Pourquoi ?

Manon : Je me suis rendu compte à quel point c’était important dans nos vies au quotidien. Dans le documentaire, nous nous montrons en train de planter un petit pied d’aubergine dans un champ pour prendre la photo. Nous commençons à nous installer, et nous voyons un tracteur arriver. On se rend compte que c’est le paysan à qui appartient le champ. Nous lui disons : « Excusez-nous, on voulait faire une photo dans votre champ, est-ce que ça vous dérange ? » Il répond : « Non, pas de problème. En revanche, là, je vais mettre des produits, il faudrait vous mettre dans votre voiture pendant au moins 25 minutes, parce que c’est dangereux pour votre santé. » À cet instant, je me suis dit : OK, donc on ne peut pas rester là, alors que tout ça, on le mange. On le sait en théorie, mais le voir de manière frontale m’a vraiment ouvert les yeux sur l’importance du sujet.

Le Dernier Calendrier, page de mai : Kokopelli x Benoît Le Baube

Victor, est-ce qu’il y a une cause sur laquelle votre projet du Dernier Calendrier vous a ouvert les yeux ?

Victor : Oui et non. D’un côté, il y a ce qu’on retrouve dans les discours militants. Car, j’entends ces messages depuis six ans, parce que je travaille sur le militantisme. Rencontrer des experts et des personnes engagées, par exemple, sur la lutte pour les droits LGBTQIA+, m’a pourtant montré la complexité et les intrications d’une cause réellement intersectionnelle, du fait du nombre d’identités et d’expressions de genre, et autres dans ces communautés. Ces sujets s’avèrent très complexes. Il faut aller plus loin pour ne pas rester à leur surface.

« Tout à coup, j’ai pu poser des mots sur des dangers que je savais présent, identifier des causes »

Et puis, de l’autre, il y a des faits. Les glaciers des Pyrénées sont condamnés. Les menaces sur la qualité de l’eau sont multiples : pollution bactériologique, biologique, chimique… Tout à coup, j’ai pu poser des mots sur des dangers que je savais présent, identifier des causes.

Et sur une problématique plus sociale ?

Victor : Nous apprenons dans le film, en même temps que nous le tournons, l’état de l’isolement en France : il y a des millions de personnes qui n’ont pas plus de quatre conversations par an. Ce sont des chiffres et des images, nous cherchons ensuite dans notre entourage des personnes qui pourraient être ces personnes-là afin de rendre beaucoup plus réel le phénomène. Faire témoigner permet de rendre concret des sujets parfois invisibles autrement, c’est pourquoi il est important d’en parler avec des gens qui le vivent tous les jours.

Avez-vous un dernier mot ?

Victor : L’enjeu maintenant, c’est de faire vivre ce projet le plus longtemps possible, tant que ce sera pertinent. Malheureusement, les enjeux dont on parle vont le rester encore un moment. L’idée consiste à perpétuer la démarche avec la création d’une association, qui s’appellera Le Dernier Média. Son objet est de continuer la prospective sociale, humaine, environnementale, toujours d’un point de vue artistique et audiovisuel. Elle cherchera à tendre le micro et à mettre en avant d’autres initiatives, à retrouver les personnes avec qui nous avons travaillé. Ce qui permettra d’approfondir certains sujets. Ce calendrier est autant un point final qu’un point de départ.

Manon : Porter leur voix et illustrer leurs luttes reste une envire puissante, c’est une certitude.

Propos recueillis par Violette Cadrieu

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