Les lobbyistes des énergies fossiles présents en nombre à la COP30


Barge Smit Bornéo et Plateforme MOQ Well Head - Champs pétrolifères du nord - Qatar © Yann Arthus-Bertrand

La COP30 ne fait pas exception aux éditions précédentes et accueille à Belém de nombreux représentants des énergies fossiles. Un participant sur 25 est un lobbyiste défendant les intérêts des énergies fossiles, révèle la coalition d’ONG Kick Big Polluters Out (mettez les gros pollueurs dehors), alors que les négociations sont particulièrement tendues. Au total, c’est plus de 1600 badges qui leur ont été distribués, marquant la présence des multinationales lors des négociations.

Même si la COP28 de Dubaï comptait plus de 2 400 lobbyistes des énergies fossiles, la COP30 s’impose comme l’édition où leur présence est, proportionnellement, la plus forte. Investir les espaces de négociations climatiques est une pratique courante de ce secteur, principal émetteur de gaz à effet de serre. Au cours des 4 dernières années, plus de 5000 lobbyistes des énergies fossiles ont arpenté les zones de négociations des COP. « Ces informations exposent clairement la mainmise des entreprises sur le processus climatique mondial… L’espace qui devrait être consacré à la science et aux populations s’est transformé en immense hall d’affaires du carbone », a déclaré à The Guardian Adilson Vieira, porte-parole du Groupe de travail amazonien.

Des lobbies plus représentés que les pays les plus vulnérables face au dérèglement climatique

Après une analyse détaillée de la liste des participants de la COP30, la coalition Kick Big Polluters Out déplore la supériorité numérique des représentants des énergies fossiles face aux délégations des pays subissant déjà de plein fouet les conséquences du dérèglement climatique. Le total de 1 061 délégués issus des dix pays les plus vulnérables (Tchad, Niger, Îles Salomon, Micronésie, Guinée-Bissau, Soudan, Somalie, Tonga, Sierra Leone, et Érythrée) reste inférieur, en nombre, aux deux tiers des lobbyistes. Selon les ONG, la forte présence de cette industrie éclipse celle de ceux en première ligne.

Transparence et critiques

Grâce à la mobilisation de la société civile, dénonçant l’infiltration des pollueurs aux COP, les Nations Unies ont établi une nouvelle règle de transparence. Les délégués de la COP doivent dorénavant révéler publiquement qui finance leur participation. Ces derniers doivent également affirmer que leurs objectifs individuels sont en accord et compatibles avec les engagements climatiques. Toutefois, cette mesure n’a pas permis de réduire la présence des acteurs industriels les plus polluants.

Les grandes compagnies pétrolières comme Shell, BP, ExxonMobil et Chevron sont des habitués des COP, et envoient chaque année de nombreux représentants. Selon Nathan Stewart, coordinateur de la coalition Fossil Free Politics (politiques sans fossiles), la participation des acteurs des énergies fossiles est contre-productive : « Tant que les grands pollueurs auront accès à ces négociations et veilleront à ce qu’elles servent leurs intérêts, les véritables solutions resteront hors de portée. Ce chiffre alarmant démontre plus que jamais la nécessité d’une politique sans énergies fossiles. Nous avons besoin d’une action climatique menée par le peuple, et non par les pollueurs. »

Qu’en est-il de la délégation française

Sur une délégation française de 450 personnes, 22 accréditations sont pour des lobbyistes, incluant le président de TotalEnergies et le président du groupe énergétique Engie. Selon Médiapart, des badges aux intitulés tels que « expert technique », « conseiller politique » ou encore « chargé de relations publiques » leur sont délivrés, et permettent d’accéder à la zone bleue, regroupant des espaces de négociations.

Violette Cadrieu

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Pour aller plus loin :

Lire le classement des pays selon leur vulnérabilité face au dérèglement climatique

Lire le communiqué de Kick Big Polluters Out

Lire l’article de The Guardian sur la participation des lobbies des énergies fossiles aux dernières COP

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