La hausse prévue de la production d’énergies fossiles ne permet pas de limiter le réchauffement à 1,5°C


Bulldozer en action dans une mine de charbon à ciel ouvert près de Kayenta, Arizona, Etats-Unis (36°31'35.97"N - 110°25'44.19"O)

Un nouveau rapport publié le 22 septembre estime que les gouvernements ne comptent pas respecter l’Accord de Paris sur le climat. En effet, alors qu’il faudrait réduire l’utilisation du charbon, du pétrole et du gaz pour limiter à 1,5 degré la hausse des températures mondiales, leur production est 2 fois plus importante que celle compatible avec cet objectif.

10 ans après l’Accord de Paris, le document intitulé Rapport sur les écarts de production 2025 met en garde sur la trajectoire des 20 plus gros pays producteurs d’énergie fossile qui continuent de voir à la hausse leur production. Parmi eux, la Chine, les Etats-Unis et la Russie représentent plus de la moitié des émissions mondiales liées à ce secteur. Rédigé par le Stockholm Environment Institute, un institut de recherche international à but non lucratif, le rapport souligne l’incompatibilité de ces trajectoires avec les objectifs climatiques internationaux.

Les enjeux climatiques ne font pas partie pour l’instant des priorités des gouvernements de ces pays. Les scénarios actuels de production de combustibles fossiles pour 2050 sont 4,5 fois supérieure aux volumes à respecter pour cantonner le réchauffement à 1,5 °C et 2,5 fois supérieure aux niveaux compatibles avec une limite de 2 °C.

Des trajectoires vers le passé

Une analyse similaire de l’écart entre les plans de productions des gouvernements et la limitation du dérèglement climatique avait déjà été réalisée en 2023. Le nouveau rapport découvre que depuis, les gouvernements ont prévu une augmentation de la production de charbon pour 2035, et une augmentation du gaz et du pétrole jusqu’à 2050. Olivier Bois von Kursk, co-auteur du rapport, commente cette tournure : « l’augmentation des projets d’expansion des combustibles fossiles au cours des deux dernières années est alarmante. Si de nombreux gouvernements considèrent les énergies renouvelables comme essentielles à leur sécurité énergétique, d’autres parient contre la transition vers les énergies propres. Pour éviter les pires impacts climatiques avec un minimum de perturbations économiques, les gouvernements doivent s’engager à ne plus utiliser de nouveaux combustibles fossiles et à soutenir les industries propres du futur. ».

Des actions à mettre en place rapidement pour respecter les objectifs

Les gouvernements des pays signataires de l’Accord de Paris ont pourtant pris l’engagement de déterminer et de planifier leurs contributions pour limiter le réchauffement global. Concrètement, cela se traduit par l’abandon progressif des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques et la suppression des subventions qui leurs sont destinées. « Au lieu de se lancer dans la course, les gouvernements s’enlisent dans un retour en arrière vers notre passé fossile », déplore le co-auteur Neil Grant. Il renchérit : « s’il est frustrant de voir l’argent public gaspillé dans des actifs qui deviendront inévitablement des actifs délaissés, il est intolérable et injuste de penser aux coûts humains et environnementaux de ces plans d’expansion des énergies fossiles, en particulier pour les plus vulnérables ».

Face à ces découvertes, la seule chance de limiter le changement climatique à 1,5 °C serait d’entreprendre des réductions plus importantes et plus rapides de la production d’énergies fossiles afin de compenser l’absence de progrès des dernières années. En parallèle, les gouvernements doivent cesser de verser des fonds publics au développement d’infrastructures liées aux énergies fossiles. À l’inverse, pour atteindre ces réductions, il faudra des politiques délibérées et coordonnées, afin d’assurer une transition juste vers l’abandon des combustibles fossiles.

Pour rappel, l’Accord de Paris est un traité international ambitieux, visant à limiter le dérèglement climatique en contenant l’élévation des températures en dessous de 2 °C par rapport à l’ère industrielle. L’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 °C reste le plus connu, d’où l’importance de ce rapport scientifique. Les émissions issues de la production et de la consommation d’énergie fossile figurent parmi les principales responsables du dérèglement climatique.

Violette Cadrieu

Cet article vous a plu ? Il a été rédigé par un de nos rédacteurs, soutenez-nous en faisant un don ou en le relayant.
L’écologie vous intéresse ? Inscrivez-vous gratuitement à notre newsletter hebdomadaire.

Pour aller plus loin :

Lire le rapport

À lire aussi sur GoodPlanet Mag’

Les prévisions de production d’énergies fossiles incompatibles avec les objectifs climatiques, pointent des experts

L’énergie fossile, cette drogue dont nous n’arrivons pas à nous sevrer

Une norme pour empêcher de nouveaux projets d’extraction des énergies fossiles inutiles pour répondre à la demande énergétique

Ecrire un commentaire