La nouvelle obligation du tri à la source pour les collectivités, en vigueur depuis début 2024, permettra d’éviter l’incinération ou l’enfouissement de biodéchets qui auraient pu être valorisés pour produire des amendements organiques ou du biogaz, explique Muriel Bruschet, de l’Ademe.
Depuis le 1ᵉʳ janvier 2024, les collectivités doivent proposer à leurs habitants une solution de tri à la source et de valorisation de l’ensemble de leurs déchets alimentaires. En 2017, les biodéchets (soit les déchets alimentaires et déchets verts) représentaient 1/3 des ordures ménagères en France.
Cette nouvelle étape permet d’éviter l’incinération ou l’enfouissement, tout en valorisant ces déchets qui auront deux destinations principales : les amendements organiques (agriculture) et le biométhane (énergie).
Cette réglementation est le fruit d’un long processus débuté en 2010, repris en 2015 pour en fixer l’échéance au 1ᵉʳ janvier 2025. L’Union européenne a finalement repris cette mesure et en a avancé l’échéance à 2024.
La loi n’étant pas punitive, la seule sanction est indirecte : la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP), qui s’applique aux poubelles noires, va passer de 17 (2019) à 65 euros la tonne (2025). Les collectivités ont donc intérêt, en principe, à en diminuer le volume.
Deux choix s’offrent à elles : la gestion de proximité ou la collecte. Dans le premier cas, il s’agit de compostage individuel ou partagé. Dans le second cas, les biodéchets sont collectés et envoyés vers une unité de traitement : soit une compostière industrielle, soit un méthaniseur.
Compostage ou méthanisation
Commençons par l’usage le plus répandu, le compostage. Au cours de ce processus qui dure entre 4 et 6 mois et fait monter la température des biodéchets jusqu’à 70 °C, la matière se transforme en compost. Ce dernier est ensuite revendu au milieu agricole et va enrichir le sol en matière organique, lui conférer une meilleure rétention de l’eau et limiter l’érosion des sols. Il diminue en parallèle les besoins en engrais, dont l’usage augmente à mesure que les sols se dégradent.
L’autre possibilité est la méthanisation : sous l’action de microorganismes naturellement présents dans les biodéchets, la matière organique, confinée en enceinte fermée en l’absence d’oxygène (contrairement au compostage), subit une fermentation anaérobique et se dégrade. De cette réaction est obtenue du biogaz ainsi qu’une fraction solide – le digestat – qui est soit recompostée soit épandue directement sur des sols agricoles.
Enjeux d’acceptabilité
Le choix va surtout répondre à des enjeux territoriaux. Dans les zones qui pratiquent l’élevage, les méthaniseurs sont nombreux, car ils permettent d’en valoriser les effluents. Dans le sud de la France au contraire, les plates-formes de compostage sont plus nombreuses, puisque les cultures sont plutôt maraîchères (vergers, viticulture, etc.).
Où installer les nouvelles plates-formes ? Comment adapter l’existant ? À cela se mêlent des enjeux d’acceptabilité, ces solutions pouvant générer des nuisances selon l’endroit où elles se trouvent. Des études sont en cours pour évaluer les coûts et les bénéfices environnementaux associés.
Ce texte est la version courte de l’article écrit par Muriel Bruschet (Ademe).![]()
Service Environnement, The Conversation France
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
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