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En Afrique du Sud, des coupures d’eau hachent le quotidien

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Un camion-citerne à Tembisa, township proche de Johannesburg le 15 octobre 2024 © AFP Phill Magakoe

Johannesburg (AFP) – « Ça dure depuis cinq jours »: Joyce Lakela qui tient une crèche à Tembisa, township du nord-est de Johannesburg, passe ses journées à chercher de l’eau, faute d’en recevoir au robinet, asséché par de longues coupures.

C’est le quotidien de nombreux habitants de la plus grande ville d’Afrique du Sud, alors que les températures grimpent à l’approche de l’été austral.

Des quartiers entiers de la capitale économique sont touchés par des restrictions censées limiter la surconsommation et permettre des travaux d’entretien.

« C’est un défi », témoigne cette femme ronde qui se déplace à l’aide d’une béquille, partie remplir une grande poubelle auprès d’un camion citerne.

Ces litres lui sont indispensables: « Les enfants doivent se laver les mains, tirer la chasse ou encore faire leur toilette. »

 Fuites et manifestations

Nombre de robinets restent à sec pendant des heures voire des jours: difficile à encaisser après les nombreuses coupures d’électricité subies l’an dernier.

Au moins un hôpital dans le nord de la province a été touché. La semaine dernière, des habitants de Westbury et Westdene, banlieues de Johannesburg, ont bloqué les rues en brûlant des pneus pour protester.

Les coupures d’eau sont consécutives à un avertissement de Rand Water, fournisseur de la province, demandant aux villes d’imposer des restrictions pour « éviter la catastrophe imminente ».

La surconsommation, au-delà des robinets laissés ouverts, découle aussi des fuites et des raccordements illégaux. « Nous perdons en moyenne plus de 40% (de l’eau) en raison de la situation dans la province », souligne auprès de l’AFP son porte-parole Makenosi Maroo.

« Nous sommes loin de remplacer autant d’infrastructures qu’il le faudrait », estime auprès de l’AFP Craig Sheridan, directeur du Centre de recherche sur l’eau de l’Université du Witswatersrand.

Pour Chris Herold, un autre expert, « l’un des principaux problèmes est que les municipalités sont gérées de manière incompétente et qu’une corruption galopante entrave le fonctionnement efficace du réseau ».

Les villes assurent faire ce qu’elles peuvent avec les ressources dont elles disposent. D’après au moins l’une d’entre elles, Ekurhuleni, c’est Rand Water qui ne fournit pas suffisamment d’eau et laisse les réservoirs vides.

Mais Rand Water n’est autorisé à prélever qu’une quantité fixe définie par le gouvernement.

Déjà en 2009, il était clair que ce quota serait insuffisant face à la croissance rapide de la population de la province. Raison pour laquelle le gouvernement a conclu un accord avec le Lesotho, pays voisin riche en eau, pour augmenter l’approvisionnement de Rand Water.

Le projet initialement prévu pour 2018 a été reporté de dix ans. Les restrictions visant à réduire la demande devraient donc se poursuivre.

Les règles pourraient devenir plus sévères si les Sud-Africains ne changent pas leurs habitudes, ont prévenu les autorités, ajoutant que des « répercussions financières » étaient envisagées.

Pluie raréfiée par le réchauffement

Le pays est déjà considéré comme pauvre en eau, avec des précipitations annuelles moyennes de 495 mm, très en-dessous de la moyenne mondiale de 990 mm, qui devraient s’aggraver avec le réchauffement de la planète.

Dans un scénario de changement climatique modéré, dans lequel les émissions mondiales culmineraient vers 2040 avant de diminuer, la quantité de pluies pourrait baisser de 25% en Afrique du Sud d’ici la fin du siècle, selon un rapport récent de la Commission mondiale sur l’économie de l’eau (GCEW).

« Il y a vraiment un sentiment d’urgence », alerte Craig Sheridan, préoccupé par les risques sanitaires que font peser des coupures d’eau sur des canalisations en mauvais état, celles-ci n’étant plus protégées d’une éventuelle contamination par la pression dans le réseau.

« Si on coupe l’alimentation et qu’il y a une fuite d’égout (…) et qu’il se trouve à côté du tuyau, décrit-il, rien n’empêche les eaux usées ou d’autres contaminants chimiques de pénétrer dans la conduite ».

© AFP

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