Climat : pour la Papouasie, la COP29 est une « perte de temps » faute d’action des pays pollueurs

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Le ministre des Affaires étrangères de Papouasie-Nouvelle-Guinée Justin Tkatchenko le 29 août 2022 à Port Moresby © AFP Andrew KUTAN

Sydney (AFP) – La COP29 ? « Une perte de temps totale », balaie le ministre des Affaires étrangères de Papouasie-Nouvelle-Guinée Justin Tkatchenko, annonçant à l’AFP le boycott de la conférence sur le climat par son pays, qui en a assez « du manège qui a consisté à ne rien faire du tout au cours des trois dernières années ».

« Il ne sert à rien d’y aller si nous nous endormons à cause du décalage horaire, parce que nous ne ferons rien », déclare le ministre papouan à quelques jours de l’événement qui se tiendra du 11 au 22 novembre à Bakou en Azerbaïdjan.

« Tous les grands pollueurs du monde promettent des millions de dollars pour aider à lutter contre le changement climatique », relève le ministre. « Je peux déjà vous dire que tout cela va être confié à des consultants ».

« Pourquoi dépensons-nous tout cet argent pour nous rendre à l’autre bout du monde et participer à ces +colloques+ ? » s’interroge-t-il.

M. Tkatchenko assure que sa position est applaudie par les autres nations du Pacifique.

Ces Etats insulaires de faible altitude, tels que Tuvalu et Kiribati, sont gravement menacés par l’élévation, même modérée, du niveau de la mer.

Bordée par l’océan, la Papouasie est considérée comme très vulnérable aux périls du changement climatique.

En mai, un vaste glissement de terrain a englouti un village entier et enseveli plus de 2.000 personnes dans les hautes terres de la province d’Enga, dans le centre-est de l’île de Nouvelle-Guinée.

 « Aucune reconnaissance »

« Je parle au nom des petits États insulaires dont la situation est pire que celle de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Ils n’ont bénéficié d’aucune attention ni d’aucune reconnaissance », dénonce M. Tkatchenko.

Rosanne Martyr, de l’institut Climate Analytics basé à Berlin, avait déjà confié fin août à l’AFP que des pays comme le Vanuatu, la Papouasie-Nouvelle Guinée ou la Micronésie avaient d’ores et déjà perdu « plus de 1% de leur PIB en raison de la montée des eaux ».

« La Papouasie-Nouvelle-Guinée cherchera plutôt à conclure ses propres accords sur le climat par le biais de discussions bilatérales », argue M. Tkatchenko, précisant que des négociations étaient déjà en cours avec d’autres nations de la région.

« Avec des pays aux vues similaires comme Singapour, nous pouvons faire 100 fois plus que la COP », assure-t-il.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée est l’une des cinq nations du Pacifique impliquées dans une affaire cruciale portée devant la Cour internationale de justice, qui déterminera si les pollueurs peuvent être poursuivis en justice pour avoir négligé leurs obligations en matière de climat.

L’île de Nouvelle-Guinée, dont l’Etat de Papouasie occupe la moitié orientale, abrite la troisième étendue de forêt tropicale de la planète, selon le Fonds mondial pour la nature.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée possède de vastes réserves d’or, de cuivre, de nickel, de gaz naturel et de bois qui ont attiré les investissements de nombreuses multinationales, mais elle affiche un indice de développement moyen.

« Nous sommes la troisième nation forestière du monde. Nous aspirons les polluants de ces grands pays. Et ils s’en tirent à bon compte », déplore le ministre.

La population du pays a plus que doublé depuis 1980, accentuant la pression sur les terres et les ressources tout en exacerbant les rivalités tribales.

L’incertitude demeure encore sur le nombre de dirigeants internationaux attendus à Bakou.

La COP29, qualifiée de « financière », débutera six jours après l’élection présidentielle américaine. Elle aura pour principal enjeu d’obtenir des pays riches les plus responsables du réchauffement l’engagement d’augmenter substantiellement l’aide aux pays pauvres pour lutter contre le changement climatique.

Le montant actuel de l’aide climatique fixé à 100 milliards de dollars par an, qui expire en 2025, est considéré comme bien inférieur aux besoins. Le Climate Action Network, collectif d’ONG, a récemment estimé dans une lettre envoyée aux négociateurs qu’il faudrait « au moins mille milliards de dollars

© AFP

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