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En Provence, une nouvelle « mosaïque » d’arbres pour lutter contre la mort de la forêt

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Une plantation de pins de Salzmann en Provence, à Saint-Paul-lès-Durance, dans les Bouches-du-Rhône, le 11 juin 2024 © AFP Jérémy PAOLONI

Saint-Paul-lès-Durance (France) (AFP) – Au cœur de la Provence, « la forêt meurt petit à petit », poussant l’Office national des forêts (ONF) à la transformer en une « mosaïque » incluant des essences plus résistantes au réchauffement climatique, comme le très rare pin de Salzmann.

Julien Panchout, directeur de l’agence territoriale Bouches-du-Rhône/Vaucluse de l’ONF, montre les branches desséchées à la cime des chênes pubescents, leurs feuilles vertes et arrondies caractéristiques étant toutes tombées.

L’arbre « concentre l’ensemble de la sève sur les branches basses lors des années de sécheresse » et meurt par le haut, explique-t-il.

Ce phénomène de « descente de cimes » touche déjà 80% des chênes pubescents de la forêt de Cadarache, à Saint-Paul-lez-Durance (Bouches-du-Rhône) et risque de concerner de plus en plus d’essences sachant que la forêt recouvre 30% du territoire en France.

« 50% des espèces devraient s’adapter », estime le directeur territorial Midi-Méditerranée de l’ONF, Hervé Houin. « Mais pour tout le reste, il faut accompagner. »

Ici par exemple, le chêne pubescent est remplacé progressivement par le chêne vert, déjà endémique et plus résistant aux fortes chaleurs grâce à ses feuilles épineuses qui dégagent beaucoup moins d’eau.

D’autres espèces sont aussi en train de se développer naturellement dans la forêt de Cadarache comme le pin d’Alep, bien connu sur le pourtour méditerranéen, permettant la création d’une forêt dite « mosaïque », mélangeant différentes essences, plus résiliente face au changement climatique.

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Depuis plusieurs années, le Giec, les experts du climat mandatés par l’Onu, a classé le pourtour méditerranéen comme un « point chaud » (hotspot) du réchauffement climatique, avec des pénuries d’eau marquées et une menace pour la biodiversité.

Dans ce grand chamboulement, le rôle de l’ONF est « d’accompagner cette transition » en sélectionnant « des arbres qui sont d’avenir » pour « constituer le peuplement de demain », défend Julien Panchout.

Espèces xérophiles

A Cadarache, cette sélection s’effectue aussi grâce à une pépinière expérimentale fondée en 2017.

« On travaille sur la conservation du patrimoine génétique forestier, l’amélioration des plantes et sur les stress hydriques », énumère le responsable du pôle génétique de l’ONF, Jérôme Reilhan.

Sous de grandes serres, des rangées de bacs sont alignées, contenant des pousses de sapins issus de neuf endroits différents en France, 25.000 semis plantés graine par graine.

Chaque plant est analysé individuellement pendant trois ans, afin de sélectionner les souches génétiques naturelles les plus résistantes au stress hydrique.

Les pousses ne reçoivent qu’une quantité limitée en eau: 40%, 60% ou 80% de ce que le sol peut contenir. Les pousses ayant survécu au bout de trois ans seront ensuite plantées en pleine terre et leur évolution sera de nouveau scrutée.

A quelques kilomètres de là, l’ONF a aussi déployé une parcelle conservatoire de pins de Salzmann, une espèce menacée tant elle est devenue rare en France.

Ce résineux filiforme aux branches tendues vers le ciel a la particularité d’être très résistant à la sécheresse, ce qui en fait l’une des essences les plus prisées aujourd’hui par les propriétaires forestiers « pour enrichir leur peuplement avec une essence adaptée au changement climatique », indique Bertrand Fleury, adjoint au directeur territorial de l’ONF.

Depuis 2021, 272.000 pins de Salzmann ont été plantés dans les forêts publiques de France, soit 2% de tous les arbres plantés, pour une essence qui ne couvrait jusqu’alors que 5.000 hectares de forêts en Occitanie.

Si l’objectif premier de la réserve est d’assurer la pérennité de l’espèce, notamment en cas d’incendie ravageant l’un des cinq sites en France où le pin de Salzmann est endémique, la collection de Saint-Paul-Lez-Durance devrait également pouvoir garantir les besoins des forêts partout en France à l’avenir.

Mais pour Julien Panchout, cette grande demande d’espèces xérophiles (adaptées aux milieux secs, ndlr) ne signifie pas pour autant un appauvrissement de la diversité des forêts.

Il parle plutôt de « remplacement d’essences »: certaines « en limite d’aire de répartition, donc qui vont avoir tendance à mourir, et d’autres qui vont venir prendre leur place petit à petit ».

L’objectif final étant de « garder une forêt qui soit adaptée au climat futur », et résiliente pour les cent prochaines années.

© AFP

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