Jugée à Londres, Greta Thunberg appelle à combattre « le vrai ennemi » du climat

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La militante suédoise Greta Thunberg (c) à la sortie de la Westminster Magistrates Court à Londres, le 1er février 2024 © AFP HENRY NICHOLLS

Londres (AFP) – Greta Thunberg a appelé jeudi à ne pas se tromper « d’ennemi » à l’issue du premier jour de son procès à Londres, où la militante écologiste est jugée pour trouble à l’ordre public lors d’une manifestation en octobre dernier visant l’industrie des hydrocarbures.

« Même si c’est nous qui nous tenons ici, (…) des militants de l’environnement et des droits humains partout dans le monde sont poursuivis (…) pour avoir agi en conformité avec la science. Nous devons nous souvenir de qui est le vrai ennemi », a déclaré la Suédoise de 21 ans à la presse en quittant la Westminster Magistrates Court où son procès doit s’achever vendredi.

Au total, 26 militants avaient été arrêtés pour avoir perturbé l’accès à l’Energy Intelligence Forum, une conférence qui réunissait les principales compagnies pétrolières et gazières dans un hôtel de luxe de la capitale britannique le 17 octobre 2023.

Ce jour-là, les militants avaient accueilli les participants par des « honte à vous ». « Derrière ces portes closes (…) des politiciens sans carrure concluent des accords et des compromis avec les lobbyistes du secteur destructeur des combustibles fossiles », avait lancé Greta Thunberg à la presse, avant d’être embarquée dans un fourgon de police.

La jeune militante est poursuivie pour ne pas s’être pliée à l’injonction de la police londonienne de ne pas bloquer l’accès à l’hôtel où se déroulait ce rassemblement.

Libérée sous contrôle judiciaire, elle avait dès le lendemain pris part à une nouvelle manifestation devant l’hôtel cinq étoiles, avec des centaines d’autres personnes.

Elle avait plaidé non coupable en novembre d’infraction à l’ordre public, lors d’une première audience, comme les quatre autres militants qui comparaissent avec elle. Elle risque une amende maximale de 2.500 livres, soit près de 3.000 euros.

Vêtue d’un t-shirt gris foncé et d’un pantalon noir, les cheveux attachés en queue de cheval, Greta Thunberg ne doit témoigner que vendredi.

Jeudi durant l’audience, elle est apparue calme, souriant à des militants assis dans la partie de la salle réservée au public.

Elle n’a pu cacher un sourire moqueur lorsque le représentant de l’accusation, Luke Staton, a expliqué dans son propos liminaire que les cinq accusés avaient manifesté au premier jour d’une réunion à Londres où des acteurs importants du secteur pétrolier et gazier devaient « discuter et débattre » sur le moyen de développer « des solutions durables » pour l’énergie.

La militante a ensuite passé la plus grande partie de l’audience à dessiner sur un petit carnet.

« Pas un crime »

L’essentiel des débats jeudi ont tourné autour des consignes données aux accusés par les policiers qui les ont arrêtés, et dont plusieurs sont venus témoigner.

Dans une vidéo montrée à l’audience, on a vu Greta Thunberg répondre « non » à un policier qui lui demande si elle veut partir, puis « oui » quand il lui explique qu’elle va être arrêtée si elle refuse de quitter les lieux.

Une poignée de militants écologistes étaient présents à l’ouverture du procès devant le tribunal pour soutenir la figure mondiale de la lutte contre le réchauffement climatique.

« Quand le monde que nous connaissons est attaqué, que faisons-nous? Nous devons nous battre », ont-ils lancé, tenant une banderole jaune sur laquelle était écrit: « le combat climatique n’est pas un crime ».

Au Royaume-Uni, les revirements du gouvernement conservateur de Rishi Sunak sur des mesures phares de la lutte contre l’urgence climatique, et sa décision d’accorder de nouveaux permis d’exploitation de gisements d’hydrocarbures en mer du Nord, ont suscité la colère des militants.

Ils ont intenté plusieurs recours en justice et multiplié les actions ces derniers mois.

En retour, ils se sont attirés l’hostilité de l’exécutif qui a durci la législation pour les punir plus sévèrement et les dissuader de passer à l’action.

Greta Thunberg, qui a acquis une notoriété mondiale avec ses « Grèves de l’école pour le climat » entamées à l’âge de 15 ans en Suède, prend régulièrement part à de telles manifestations.

En octobre, elle avait reçu une amende pour le blocage du port de Malmö en Suède.

Le week-end dernier, elle a participé à une marche dans le sud de l’Angleterre contre l’agrandissement de l’aéroport de Farnborough, principalement utilisé par des jets privés.

© AFP

3 commentaires

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    • Jean-Pierre Bardinet

    Il faut bien avoir conscience de l’origine de cette absurde politique anti-CO2 et anti combustibles fossiles. Elle provient des statuts du GIEC, ce qui est une démarche idéologique et non scientifique, selon laquelle le CO2 anthropique réchaufferait la planète (on se demande du reste par quel miracle physico-chimique le CO2 naturel ne le ferait pas. Qui contrôle le CO2 contrôle le monde, car toute activité humaine dégage du CO2. Qui impose de réduire nos émissions de CO2 impose de réduire l’activité industrielle et agricole, impose une décroissance mortifère et contrôle la sphère privée.C’est donc une idéologie anti-humanité que la petite Greta, qui n’y connaît rien, essaye de promouvoir.

    • Jean-Pierre Bardinet

    Encore une idéologue anti-CO2et anti-humanité qui a perdu tout sens du Réel. 83% de l’énergie primaire consommée dans le monde est d’origine fossile, la part des EnR intermittentes n’étant que de quelques pourcents. Il est donc irrationnel de penser que l’on peut réduire l’usage des combustibles fossiles, d’autant qu’énormément de produits très utiles sont fournis à partir de la pétrochimie et il n’y pas de solutions de remplacement en qualité comme en quantité. Et, comme les PED ont besoin de beaucoup de combustibles fossiles pour se développer, notamment le charbon pour disposer d’une électricité pilotable, abondante et bon marché, la demande va continuer à augmenter, malgré les réductions d’émissions des pays occidentaux qui, asservis à l’idéologie anti-CO2, sont en train de se tirer une balle dans le pied.

    • Guy J.J.P. Lafond

    Rappel:
    L’espèce humaine navigue dans les extrêmes et de manière totalement inconsciente depuis environ 150 ans quand il s’agit d’exploiter les ressources de la Terre.
    L’espèce humaine a retiré du sous-sol des quantités gigantesques de pétrole pour toujours vouloir aller plus vite avec des véhicules toujours de plus en plus lourds et plus nombreux.
    Résultat de cette consommation effrénée d’énergies fossiles (pétrole et aussi charbon): nous avons envoyé dans l’atmosphère terrestre des quantités énormes et excessives de CO2 et aussi des particules fines et noires qui finissent par retomber partout sur la planète et qui contribuent à assécher le sol de part leur valeur albédo.
    Tout le pétrole et tout le charbon que nous avons brulés de manière excessive et irresponsable jusqu’à présent avait pourtant pris des centaines de millions d’années à se former dans le sous-sol de la Terre. Comment avons-nous pu l’oublier aussi facilement? Serait-ce surtout au profit de nos trop nombreuses voitures luxueuses offrant un confort très illusoire sur cette planète bleue si fragile, si puissante et si imprévisible à la fois?
    Des solutions urgentes s’imposent:
    1 – Utiliser mieux le pétrole, comme une énergie thermique pour l’usage de l’agriculture, pour le déplacement de marchandises essentielles par camions lourds, pour le déplacement de matériaux excessivement pesants sur de longues distances. Pour la construction de méga-structures. Pour les urgences à éteindre des incendies (avions Canadair).
    2- Utiliser les connaissances de la pétrochimie acquises jusqu’à présent pour aider à construire des abris et des logements solides qui nous aideront à nous mettre à l’abris de la tempête qui se lève à l’horizon. Cela est tellement plus logique que de continuer de construire de la ferraille sur quatre roues simplement pour aller plus vite.
    3 – Commençons à faire plus d’auto-partage et plus de covoiturage s.v.p.! Éliminons par des lois et par des règlements tous les embouteillages interminables et à chaque jour sur cette si fragile planète.
    Action!
    @Guy J.J.P. Lafond
    Un esprit sain dans un corps sain, n’en déplaise à des politiciens, à des juges, à des avocats, à des gérants de banque à charte au Canada qui cherchent à me juger et à me profiler comme une personne avec des problèmes de santé mentale. Vous imaginez un peu?
    https://mobile.twitter.com/UNBiodiversity/status/1395129126814691329