Le gouvernement attendu face à la colère des agriculteurs

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Des agriculteurs manifestent sur l'autoroute A35, à Strasbourg, le 24 janvier 2024 © AFP Frederick FLORIN

Paris (AFP) – Le gouvernement est attendu jeudi de pied ferme par les agriculteurs en colère pour formuler une réponse à la demande d’aides « immédiates » formulée par la FNSEA, au moment où de nouvelles actions sont en cours aux quatre coins du pays.

Gabriel Attal doit réunir jeudi les ministres de l’Agriculture, de la Transition écologique et de l’Economie. Des premières mesures devraient être annoncées jeudi ou vendredi, a-t-on appris de sources concordantes au sein de l’exécutif.

Une journée sous haute tension, alors que le mouvement, endeuillé par les décès accidentels d’une éleveuse et de sa fille mardi sur un barrage routier, a encore pris de l’ampleur.

Les actions se poursuivaient tôt jeudi matin sur les autoroutes, les rocades et les ronds-points à travers le pays.

A Strasbourg sur la M35, des agriculteurs étaient réunis à l’aube autour d’un brasero pour leur café matinal après avoir passé la nuit dans les tracteurs. Quelques centaines sont stationnés sur les voies, selon un journaliste de l’AFP.

« On est confronté à un effet ciseaux, les charges qui montent et le prix de nos produits qui baissent », a souligné Dominique Kretz, producteur de blé, mais et de betterave près de Erstein.

La circulation était interdite jeudi matin sur des tronçons autour d’Avignon et sur l’A51 en direction de Marseille, selon Bison Futé.

A Bordeaux, une quinzaine de tracteurs sont partis à 07H00 pour une opération escargot dans les deux sens autour de ce périphérique qui contourne la ville.

Mais les représentants syndicaux sur place se veulent « plus respectueux » qu’à Agen. La tension y est montée d’un cran en fin de journée mercredi dans cette ville dans le Lot-et-Garonne, quand des membres de la Coordination rurale ont brûlé de la paille et des pneus devant la préfecture, sous les yeux de forces de l’ordre impassibles.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a donné mercredi soir des consignes de « grande modération » aux préfets, leur demandant de ne faire intervenir les forces de l’ordre qu’en « dernier recours ».

« Ras-le-bol général », « exaspération », « l’agriculture va mal », « pessimisme »: partie du sud-ouest la semaine dernière, la fronde des agriculteurs a pris de l’ampleur avec l’appel de la Confédération paysanne, troisième syndicat d’agriculteurs et classé à gauche, à la mobilisation. En plus de la FNSEA et de la Coordination rurale, à qui elle s’oppose pourtant sur de nombreux sujets.

Sur l’A16, même si le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a écarté « à ce stade » un éventuel blocage de Paris, « on avance tous les jours d’une vingtaine de kilomètres et on sera sûrement aux portes de Paris soit demain ou samedi », a dit à BFMTV Régis Desmuraux, président FDSEA de l’Oise.

Une opération escargot a été menée par ailleurs jeudi matin par des agriculteurs circulant en tracteur sur la N12 dans les Yvelines, au sud-ouest de Paris

A Rennes, une manifestation est organisée dans la matinée devant la préfecture de région par le syndicat Coordination rurale. Des pêcheurs pourraient aussi se joindre à la protestation.

« Le ras-le-bol c’est pas juste en France, mais dans toute l’Europe », estime Arthur Muller, 25 ans, à Strasbourg.

Cultivateurs et éleveurs partagent un même malaise sur leur avenir, écartelés entre désir de produire et nécessité de réduire l’impact sur la biodiversité et le climat, sur fond de revendications très diverses: marges de la grande distribution, jachères, pesticides, normes environnementales, autorisations administratives, prix du gazole…

Des annonces immédiates sont possibles, comme une ristourne sur le carburant des tracteurs. Des députés ont recommandé dans un rapport mercredi « la mise en place de prix planchers pour les produits agricoles ».

« Attendre jusqu’à vendredi pour avoir des annonces, c’est prendre beaucoup de risques. Plus on attend, plus il va falloir qu’elles soient costaudes, les mesures », avait mis en garde Karine Duc, coprésidente de la Coordination Rurale de Lot-et-Garonne.

La FNSEA, premier syndicat agricole, a réclamé mercredi soir au gouvernement des « réponses immédiates sur la rémunération », dont une aide d’urgence aux « secteurs les plus en crise », et, à plus long terme, la mise en œuvre d’un « chantier de réduction des normes ».

« On parle de plusieurs centaines de millions d’euros », a reconnu son président Arnaud Rousseau auprès de l’AFP.

Ce n’est « pas une base de négociations », a-t-il averti, appelant le gouvernement à prendre en compte « l’intégralité » de leurs propositions.

© AFP

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