Macadam: Le magazine coup de pouce

La conviction de l’un et le savoir-faire de l’autre font la différence quand ils décident de reprendre le projet en main en 2006. Un atelier d’écriture et d’expression est même créé pour que tous les vendeurs participent à l’élaboration du magazine. Pour eux, « Macadam, bien plus qu’un journal, comporte une réelle visée sociale, et fournit une solution digne et abordable à des personnes en grande précarité ».

Première couverture : la photo d’un sans-abri qui fait la manche, un gobelet à la main. En titre : « La pauvreté en France ». Gabriel s’agace : « comment voulez-vous que ça ne repousse pas les gens ? Avec des sujets pareils, personne n’accrochera ! Les gens n’ont déjà pas le moral, on ne va pas en plus leur servir des articles déprimants. ». En effet, les ventes sont catastrophiques. La relance du journal est de nouveau ajournée. Mais François, Gabriel et les autres vendeurs refusent de le voir tomber dans l’oubli. Par manque de moyens, le journal devient un petit fanzine en noir et blanc. L’équipe toute entière, s’investit. Propose des sujets, rédige des encarts, et réfléchit à une amélioration de « leur » magazine. François puise même dans ces propres deniers pour financer les premières maquettes. Leur détermination portera ses fruits.

En 2009, Macadam devient enfin un vrai magazine, couleurs. Une quarantaine de journalistes, photographes et dessinateurs professionnels offrent un peu de leur temps pour réaliser le journal. Des plumes célèbres comme Jacques Attali, Jean-François Kahn, Franz-Olivier Gisbert ou encore Martin Hirsch acceptent également de rédiger gracieusement des éditos. Des partenariats associatifs et éditoriaux sont noués dans la foulée. Comme avec Courrier International ou encore Reporters d’espoirs -une agence éditoriale valorisant l’information « positive » porteuse de solutions qui encourage l’implication du plus grand nombre dans différents domaines (économie, science, santé, environnement, société, culture…)- qui leur fournit gratuitement des articles.

Exit les sujets anxiogènes qui plongent le lecteur dans les affres de la pauvreté. Place aux articles divertissants et variés, mélangeant interviews people, reportages sur des initiatives positives porteuses de solutions, carnets de voyages, infos insolites, jeux, bons plans… En couverture, Carla Bruni, Mimi Mathy, Nicolas Hulot, Adriana Karembeu, Line Renaud, Eric Cantona… « Un canard de qualité avec un vrai contenu rédactionnel » qui fait la fierté de ceux qui le vendent à la criée. « Ce journal, ce n’est pas juste un prétexte pour qu’on nous donne une pièce, assure Jean-Claude, vendeur à Paris. Nous ne faisons pas la mendicité. C’est une activité rémunératrice qui nous permet de garder encore contact avec la réalité. De nous re-sociabiliser. ».

Contrairement aux autres journaux de rue, les vendeurs ne sont pas –pour la plupart- des sans-abris mais plutôt des personnes en difficulté. « Des gens comme tout le monde qui un jour se retrouvent en grande précarité. », précise François Fillon. Pour la centaine de vendeurs, Macadam, c’est donc l’assurance d’avoir des revenus (la moitié du prix du journal, 2€ leur revient), de rester indépendant tout en bénéficiant d’une couverture sociale. « Ils ne tendent pas la main, ils n’attendent pas de pourboire, ajoute Fillon. Ce sont officiellement des vendeurs colporteurs de presse, fiers de leur métier. ».

Problèmes professionnels, problèmes familiaux, Jean-Claude prend un jour la décision de tout quitter pour changer de vie. Six mois plus tard, il se retrouve à la rue. « Pour moi, Macadam a été un moyen de ne pas perdre pied, et un super tremplin vers la réinsertion. ». Après neuf mois de galère, l’ex-adjoint au maire d’une petite commune retrouve un poste à la bibliothèque de Villeurbanne pour s’occuper de l’animation. « Grâce au journal, j’ai pu m’assumer et reprendre confiance en moi. ».

Jean-François était quant à lui chômeur de longue durée. Macadam lui a évité de sombrer. L’œil rieur, il était tous les matins à 10h30, gare de Lille. Fidèle au poste. « Qu’il pleuve, qu’il vente, je m’imposais des horaires. Pas questions de prendre ce travail à la légère. » Une petite plaisanterie, un sourire, lui ont permis de lier facilement contact avec les passants. Jusqu’au jour où l’un d’eux lui propose de renouer avec son métier passé, peintre en bâtiment. « Il faut le voir comme un magazine coup de pouce, explique François Fillon. Cette activité permet de garder un rythme, un but pour se lever le matin. Le temps de retrouver un emploi ou de sortir de l’impasse financière. ».

Aujourd’hui, Macadam semble avoir franchi un cap. Le magazine est soutenu par la Fédération internationale de la presse de rue, International Network of Street Paper, qui reconnaît sa qualité et son utilité sociale. Financé à 100% par la vente, le journal –qui tire à 10 000 exemplaires- commence aujourd’hui à accueillir un peu de pub dans ses pages, et à recevoir de l’aide du Crédit coopératif et de la Macif. « Nous allons bientôt pouvoir étendre la diffusion à plusieurs autres grandes villes de France », explique François Fillon. Vous trouverez nos vendeurs à proximité des gares. Leur acheter Macadam est le plus beau des respects. ».

Le magazine Macadam a reçu le label « Année européenne 2010 de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale ».

Pour s’abonner, s’adresser à l’association des artisans du Macadam : 04 78 97 26 73

Pour devenir vendeur : 06 31 96 34 76 ou

Un commentaire

Ecrire un commentaire

    • maria

    commentaire
    Bonjour!
    Je suis emerveillée,après avoir vu,à la Telé,un programme,dont le subjet cést un étude sur l´Amour,intervues`a plusieurs gens de plusieurs pays.
    Très intéressant,à mon avis!!!
    Merci beaucoup .Votre travaile a eté merveilleux,pour moi.
    À biêntôt.
    Maria Correia (portugaise)

Loups : une nouvelle évaluation en décembre, possible "moment clé pour augmenter la capacité de prélèvement", déclare Barnier

Lire l'article