Des terres arables pour quoi faire ?
La proportion de terres arables par pays est un indicateur délicat à manipuler. Certains pourraient y voir un potentiel présent et à venir, mais c’est ne pas forcément tenir compte de contraintes (climat, disponibilité en eau, relief, sols) et surtout c’est oublier que l’augmentation des terres arables signifie souvent un recul des espaces naturels et particulièrement des forêts. En outre, les terres arables comptent à la fois les zones en cultures alimentaires et celles en pâturages, qui sont plus ou moins productifs.
De plus en plus, avec la menace du pic pétrolier, apparaît aussi la question des cultures pour les agrocarburants, notamment le palmier à huile, mais aussi la canne à sucre, le colza, la betterave ou les céréales. Dans ce contexte, un nombre croissant d’experts s’inquiètent des risques occasionnés par la flambée des cours et d’un détournement des productions agricoles vers l’énergie.
À ce titre, l’évolution des superficies agricoles depuis les années 1990 a de quoi interpeler. Les pays de la première industrialisation ont eu tendance à voir leurs superficies agricoles diminuer, en raison des bénéfices limités dans les filières et d’un contexte de surproduction qui a parfois conduit à des politiques de jachère. Cette attitude pourrait s’inverser. La forte augmentation des espaces agricoles au Moyen-Orient et en Afrique du Nord n’est pas forcément durable, notamment pour des problèmes de ressources en eau. Également inquiétant est le recul de l’agriculture dans des pays fortement peuplés comme l’Inde ou le Bangladesh. Les débats actuels laissent penser qu’après des années d’extraversion, la question de l’autosuffisance alimentaire des nations va redevenir une question clé.
What use for arable land?
As an indicator, the percentage of arable land in each country is not easy to handle. Some countries may interpret present and future potential, without necessarily taking into account constraints (climate, water availability, topography, soils). The most commonly overlooked fact is that increasing arable land area most often implies diminishing other natural areas, especially forests. Moreover, arable land encompasses lands used for both crops and livestock, the latter with varying degrees of biological production.
Concern over soaring oil prices increasingly raises the question of crops for biofuels, namely oil palms, sugarcane, rapeseed, beets, and grains. An ever greater number of experts express reservations that oil worries could cause an agricultural shift towards biofuel crops.
For this reason, changes in agricultural land use since the 1990s are noteworthy. In old industrialised countries, land used for crops has tended to diminish because of limited profits and overproduction, sometimes leading to policies of crop rotation. However, this attitude could reverse. The strong increase in agricultural land in the Middle East and North Africa is not necessarily sustainable, especially in view of the water supply. The drop in agriculture in densely-populated countries such as India and Bangladesh is also a cause for concern. Current debates suggest that after years of relying on food imports, national food self-sufficiency will once again become a key issue.
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