Les banques mondiales en retard dans la transition climatique : les financements pour les énergies fossiles continuent


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Aucune des plus grandes banques mondiales ne s’est fermement engagée à cesser de financer de nouveaux projets pétroliers, gaziers ou charbonniers. Des chercheurs du Centre Mondial de Transition Climatique (TPI Centre) ont évalué les politiques climatiques de 36 banques, et révèlent qu’elles n’ont pas progressé dans la lutte contre le dérèglement climatique. Intitulé State of the Banking Transition 2025 (L’état de la transition bancaire 2025), ce rapport affirme que 95 % des banques n’ont pas amélioré leur score climatique par rapport à 2024, pire : certaines ont régressé.

Publié le 21 octobre par la London School of Economics and Political Science (LSE), ce rapport montre que les banques peinent à s’aligner avec les objectifs de l’Accord de Paris. Avec la poursuite de nombreux investissements dans le secteur de l’énergie fossile, fortement émetteur de gaz à effet de serre, les banques traînent à s’engager pour la transition énergétique et le climat.

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Des engagements largement insuffisants

Sur les 36 banques évaluées, seulement 18 % des critères climatiques sont satisfaits en moyenne. Ces critères, appelés Net Zero Banking Assessment Framework (Cadre d’évaluation du secteur bancaire à bilan net zéro), sont regroupés en 10 segments comme la gouvernance, la transition ou les solutions climatiques, subdivisés en 77 sous-indicateurs. Depuis le dernier rapport en 2024, aucun progrès notoire n’a été observé pour l’engagement climatique des banques : la grande majorité maintient son statu quo. Certaines ont revu à la baisse leur politique climatique, notamment en remplaçant le mot « engagement » par des termes plus vagues, comme « ambition » ou « aspiration ».

State of the Banking Transition 2025 / LSE

Les grandes banques françaises telles que BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale se situent au-dessus de la moyenne mondiale. Elles satisfont entre 20 et 30 % des critères d’évaluation, un résultat encourageant mais perfectible.

Les grandes banques d’économie émergente comme la Chine et l’Inde sont les moins avancées en matière de politique environnementale, avec en moyenne moins de 10 % des critères satisfaits.

Des objectifs sectoriels restreints

Si 78 % des banques ont fixé au moins un objectif de décarbonation sectorielle, ceux-ci sont restreints et se concentrent principalement sur le secteur de l’électricité, du pétrole ou de l’automobile. Certains des secteurs clés de la lutte contre le changement climatique et pour une transition juste sont passés à la trappe. C’est le cas du secteur de l’alimentation par exemple, principal responsable de la déforestation actuelle. Les secteurs de la chimie ou encore des mines restent largement ignorés.

Ce rapport révèle également que seulement un tiers des plans de décarbonation des banques, tous secteurs confondus, permettraient de limiter le réchauffement climatique à 2 degrés. « Compte tenu du rôle central des banques dans l’économie et de leur influence considérable sur le climat, la lenteur de leurs progrès en matière de transition climatique, conjuguée à la récente dissolution de la Net Zero Banking Alliance, suggère que les objectifs de l’Accord de Paris sont de plus en plus hors d’atteinte », a commenté Algirdas Brochard, chef de projet bancaire au Centre TPI.

Violette Cadrieu

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Pour aller plus loin :

Lire le rapport State of the Banking Transition 2025 

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2 commentaires

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    • Guy J.J.P. Lafond

    Message clair et urgent à toutes les banques trop mercantiles sur notre si fragile planète bleue, et plus particulièrement à la RBC qui m’a confisqué ma maison à Ottawa:
    «Ressaisissez-vous!»
    Guy J.J.P. Lafond (VELO) – in
    Un esprit sain dans un corps sain, n’en déplaise peut-être et encore à des juristes et des politiciens en Ontario, au Québec et au Canada.
    Montréal (Québec) CAN

    • Serge Rochain

    Comment croire que des gens; dans une activité qui consiste à faire de l’argent sans rien ptoduire, peuvent êtr intéréssés à baisser le niveau de CO2 si cela ne produit pas de l’argent ?

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