À l’occasion des rencontres Économiques d’Aix-en-Provence de juillet 2025, Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs est revenu sur la politique environnementale du groupe. Une occasion pour questionner la résilience et l’adaptabilité du réseau ferroviaire français au changement climatique.
Entre la dilatation des rails lors des fortes chaleurs, les inondations, le gel ou encore les éboulements, les impacts des aléas climatiques affectent les lignes de chemin de fer. En 2022, 19 % des minutes de retard imputables à des causes extérieures sur le réseau SNCF étaient dues à des intempéries, selon le Rapport public annuel 2024 sur l’adaptation du réseau ferroviaire.
Le changement climatique accroît les sinistres sur le réseau ferroviaire. « Un retard sur 10, c’est dû au changement climatique, la chaleur, les inondations, du vent », selon Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageur ( le programme de fidélité Grands Voyageurs SNCF est partenaire du programme action carbone solidaire de la Fondation GoodPlanet). Toujours lors des rencontres Économiques d’Aix-en-Provence du 4 juillet dernier, le PDG de SNCF Voyageur a ajouté : « aujourd’hui, on a 2 à 3 fois plus d’arbres qui se mettent en travers des voies, et c’est ça le changement climatique ».
Les sinistres climatiques ne se contentent pas de causer des perturbations sur les lignes, ils ont aussi un coût économique pour l’entreprise. De 2019 à 2022, SNCF Réseau et SNCF Gares et Connexions ont recensé 3 139 sinistres d’origine naturelle ayant causé un préjudice total de 70,8 millions d’euros. Ces coûts couvrent la réparation des dégâts ainsi que la protection des ouvrages tout en passant par la surveillance et la maintenance des infrastructures. Cependant, entre dégâts directs et indirects, comptabiliser de manière précise ces coûts s’avère très compliqué.
Un réseau encore trop vétuste
La vulnérabilité du réseau ferroviaire français face au changement climatique s’explique notamment par son ancienneté. Sur les 27 000 km de lignes, il faut distinguer les lignes à grande vitesse (LGV) du réseau plus « classique ». Les lignes dites classiques, qui sont plus anciennes, ont été construites avec des normes de sécurité inférieures à celles d’aujourd’hui, se basant sur des conditions météorologiques qui ne sont plus d’actualité.
Selon la Cour des comptes dans son rapport public annuel 2024 relatif à l’adaptation du réseau ferré au changement climatique, « l’ancienneté des technologies présentes sur le réseau historique obère aussi sa capacité à absorber tant les exigences du trafic ferroviaire actuel que les contraintes météorologiques, les deux pouvant se cumuler. »
La décarbonation, un outil de communication
La SNCF, premier exploitant du réseau ferré français, fait de la transition écologique un cheval de proue de sa communication. Des slogans publicitaires aux messages affichés dans les trains en passant par le conducteur qui remercie ses passagers d’avoir « choisi un moyen de déplacement écologique », la compagnie se targue de son engagement écologique. Mais les slogans utilisés par SNCF Voyageurs comme « voyagez plus vite en polluant moins : -95 % de CO2 en moyenne en France et vers l’Europe » sont à relativiser. La construction des rails n’est par exemple pas prise en compte dans ce calcul. Le Jury de déontologie publicitaire a ainsi émis des reproches sur ce slogan et demandé à la compagnie ferroviaire de « relativiser son propos » en mars 2025.
Selon le comparateur de l’impact carbone des moyens de transports de l’ADEME, sur un trajet Paris-Lyon choisir le train plutôt que la voiture thermique permet d’éviter 91,4 kg de CO2.
Vers une adaptation au changement climatique ?
Dans une société où le transport est le premier émetteur de gaz à effet de serre, cette communication autour du train comme acteur de la transition écologique semble payer. Dans une étude du Réseau Action Climat France de 2023, 83 % des Français ont une vision écologique de ce moyen de transport. En effet, en plus de sa communication, la SNCF investissait aussi dans son adaptation au changement climatique. En 2023, le groupe investit 113 millions d’euros pour la période 2024-2032 dans sa démarche d’adaptation.
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Pour aller plus loin
Le calculateur carbone de la Fondation GoddPlanet.
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