Plus de 3 Français sur 4 se déclarent favorables à une dizaine de mesures concrètes en faveur de la transition écologique, selon le sondage La perception par les Français des enjeux et des mesures écologiques dévoilé par le Réseau Action Climat (RAC) mardi 14 octobre. Il en ressort que les actions en faveur de l’environnement semblent perçues et acceptées comme relevant de l’intérêt général par une large partie de la population. Elle adhère à ces propositions à des degrés divers en fonction de la sensibilité politique des personnes.

Des Français généralement favorables aux mesures écologiques…

Globalement, les mesures en faveur de la préservation de l’environnement et du climat obtiennent une large adhésion. 75 % des sondés se disent en faveur du développement des énergies renouvelables (solaires et éoliennes), un souhait majoritaire quel que soit l’appartenance politique. Près de 9 personnes sur 10 (89 %) se disent favorables au déploiement de panneaux solaires sur bâti. Surtout, ils sont 87 % à déclarer soutenir le maintien de l’objectif Zéro artificialisation nette. Il s’agit des mesures qui visent à limiter l’artificialisation des sols et l’étalement urbain.

La réduction et la limitation au maximum de l’usage des pesticides sont approuvées par par 78 % des Français. En revanche, à la question « êtes-vous favorable ou opposé à l’allègement de la réglementation environnementale sur la taille des élevages industriels d’animaux afin de favoriser leur agrandissement et leur développement, même si cela peut avoir un impact négatif sur l’environnement et les riverains ? », seulement 59 % des répondants se déclarent opposés. Le maintien de la réglementation sur l’élevage est d’ailleurs la mesure environnementale ayant reçue l’adhésion la plus faible de la part de la population, ce qui peut vraisemblablement s’expliquer par les difficultés économiques du secteur. Elles sont connues et médiatisées depuis des années.

… notamment si elles sont de proximité…

Le soutien aux mesures environnementales est également massif, surtout quand elles concernent le quotidien. Par exemple 79 % des Français affirment être « pour un soutien par l’Etat des communes (rénovation des bâtiments publics, végétalisation, etc.) afin qu’elles puissent s’adapter au changement climatique, même si cela représente un coût pour les finances publiques ».

Plus de 3 Français sur 4 (76 %) veulent le maintien de MaPrimeRénov’ « afin de ne pas mettre en difficulté les ménages qui comptent sur cette aide pour réaliser des travaux de rénovation » pour améliorer la performante énergétique de leur logement et donc réduire leurs factures d’énergie, « même si cela représente un coût pour le budget de l’Etat », selon le RAC qui a également fait tester plusieurs mesures économiques et fiscales.

… avec une attente de justice sociale et fiscale

Les répondants ont bien conscience du coût de la transition. Leurs réponses à des mesures testées par le sondage traduisent aussi des demandes en matière de justice sociale et fiscale afin d’en payer la mise en œuvre. Il s’agit également d’une question de répartition de la charge de l’effort et donc d’une forme de redistribution. Une majorité de Français exprime, mais à des degrés divers selon leur sensibilité politique, une demande de justice. 73 % des sondés se montrent favorables à « l’instauration d’une contribution spécifique des ménages les plus aisés et dont l’empreinte carbone est la plus élevée, au financement de la transition écologique ».

D’autres traductions concrètes d’une prise en compte des inégalités remportent un large soutien. Dans le domaine des transports, 73 % des sondés adhérent à l’idée d’une augmentation de « la fiscalité sur le transport aérien, pour que les recettes obtenues financent le transport ferroviaire et permettent la baisse du prix des billets de train ». Dans l’énergie, 72 % des sondés se sont montrés réceptifs à une tarification progressive de l’électricité. Ils ont répondu favorablement à la question suivante : « seriez-vous favorable ou opposé à l’instauration d’un tarif progressif d’électricité moins cher pour les besoins de première nécessité et qui augmenterait progressivement en fonction de la consommation ? »

Selon la même logique, 75 % des interrogés souhaitent que les aides publiques aux entreprises soient conditionnées à des engagements écologiques et sociaux de leur part.

L’écologie relève de l’intérêt général et des priorités

Le RAC, dans le communiqué qui accompagne le sondage, interprète les résultats : « contrairement au “backslash” environnemental mis en scène par certaines personnalités politiques, une majorité des Françaises et Français (y compris les sympathisants de la majorité présidentielle) pensent qu’Emmanuel Macron et ses gouvernements successifs ne sont pas allés assez loin en matière d’écologie ».

Il n’est pas dans les habitudes de GoodPlanet Mag’ de commenter des sondages : ces derniers sont des instantanés de l’opinion à un moment donné dont la méthodologie souffre de nombreuses limites. Les enquêtes d’opinion reposent notamment sur des déclarations et non sur des faits. De plus, la formulation des questions peut orienter les réponses restreintes offertes aux répondants. Cependant, ce sondage du RAC a retenu notre attention car il semble dire en filigrane que de nombreuses mesures écologiques semblent désormais assimilées à la défense de l’intérêt général. Ensuite, il reste à voir si cela va réellement au-delà des clivages partisans et surtout si la mise en œuvre concrète de telles mesures ne susciterait pas une contestation en ce qui concerne leurs modalités pratiques et l’implication (financières et concrètes qu’elles pourraient avoir sur le quotidien.

Le climat une réalité bien identifiée

Les autres enseignements de ce sondage relèvent d’une forme de consensus sur le diagnostic de la crise climatique. En effet, 9 Français sur 10 (93 %) constatent un accroissement des événements climatiques, la même proportion (92 %) associe cette augmentation au changement climatique tandis qu’ils sont 89 % à s’en inquiéter.

Toutefois, en dépit d’un certain consensus, la priorisation des politiques écologiques ne fait pas l’unanimité, ce qui reflète des divergences selon les orientations politiques. En effet, l’écologie est un sujet prioritaire pour un peu plus de la moitié des Français (1 sur 2), un chiffre qui monte aux deux tiers (68 %) chez les moins de 35 ans.

D’ailleurs, les attentes de la population sont fortes puisque 67 % des sondés répond à l’affirmative à la question « selon vous, l’Etat doit-il accentuer la planification écologique pour lutter contre le changement climatique et créer des emplois dans le domaine de la transition énergétique, même si cela représente un coût pour les finances publiques et un cadre plus contraignant ? » La réponse par l’affirmative est majoritaire quelle que soit la sensibilité politique. Les Français soutiennent très majoritairement les mesures écologiques testées, un soutien qui transcende les clivages politiques.

Pour Pierre Latrille, Directeur d’études chez Ipsos bva : « Cette enquête montre en premier lieu une préoccupation forte qui traverse les Français au sujet de l’écologie. Ces derniers sont clairement inquiets face à la multiplication des évènements climatiques extrêmes du fait du changement climatique, et estiment qu’Emmanuel Macron n’en a pas fait assez sur la question climatique, même si l’écologie n’est pas forcément leur seul sujet de préoccupation. Conséquence de cette préoccupation écologique, on observe qu’une majorité de Français souhaite un plus grand investissement dans la planification écologique. On voit également un soutien très important à de nombreuses mesures à vocation écologique, et ce sur des domaines variés : soutien à la réduction des pesticides, au développement des énergies renouvelables, au maintien de la lutte contre l’artificialisation des sols, etc. »

L’étude d’opinion La perception par les Français des enjeux et des mesures écologiques a été menée par Ipsos entre le 23 et le 26 septembre 2025. L’institut de sondage a interrogé un échantillon de 1000 personnes âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française sur une série de mesures en faveur de la transition écologique ainsi que leur perception du changement climatique.

L’avis des experts de la Fondation GoodPlanet

Julie Mathews, directrice de l’accompagnement des organisations au sein du programme MyPlanet de la Fondation GoodPlanet, réagit à cette enquête d’opinion : « les résultats de ce sondage sont rassurants quant à la lucidité des Français sur l’état actuel de notre environnement et l’urgence d’agir pour préserver le vivant, atténuer et s’adapter au changement climatique. Il démontre aussi que les Français sont de plus en plus exposés aux conséquences de ces dérèglements plusieurs fois par an. L’acceptabilité des mesures en est une preuve. »  Elle poursuit en invitant les citoyens à prolonger la réflexion pour aller vers l’action :
« à ces questions il serait néanmoins intéressant de questionner ce que chacun, chacune est prêt à faire à son échelle et/ou au niveau de son organisation pour l’écologie. En effet, depuis quelques années le consensus est là pour dire qu’il faut agir, reste à savoir : qui doit agir et dans quelles proportions. Pour dépasser le constat, il faut sortir du triangle de l’inaction pour qu’ Etat, entreprises et citoyens se mettent en mouvement pour la préservation du vivant sans attendre que son voisin commence !  »

 Julien Leprovost

Article mis à jour mercredi 15 octobre afin de corriger des fautes dans le texte et de proposer des illustrations plus nettes.

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Pour aller plus loin

Le sondage La perception par les Français des enjeux et des mesures sur le site Internet du Réseau Action Climat 

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