Une grande partie des écoles, des collèges et des lycées doivent être rénovés afin de s’adapter aux nouvelles conditions climatiques. La rentrée de septembre 2025 a été marquée par la fermeture exceptionnelle des établissements scolaires le 1er septembre, jour de rentrée, des Bouches-du-Rhône et dans le Var en raison du risque élevé d’intempéries. L’éducation et l’école doivent apprendre composer avec la météo et le climat. Juste avant les vacances, la vague de chaleur de juin 2025 l’a montré avec pour conséquence la fermeture de 2200 écoles en France. Des associations écologistes et des syndicats de l’éducation alertent sur le retard français dans l’adaptation des écoles à la nouvelle réalité climatique. Regroupés dans l’Alliance écologique et sociale (AES), la FSU, Sud Education, la CGT a&, Greenpeace France, Oxfam France et Les Amis de la Terre plaident pour un engagement plus fort, notamment en termes de financement, de l’État et des collectivités, dans la remise à niveau des bâtiments scolaires.
L’école française à la traîne dans l’adaptation au changement climatique
Près de 2200 établissements scolaires ont dû fermer en juin et juillet 2025 en raison de la vague de chaleur. Des températures dépassant les 30°C ont été mesurées dans certaines classes. « Renvoyer les élèves chez eux n’est pas une solution », estime Nicolas Nace, chargé de campagne Transition énergétique au sein de Greenpeace France. Il rappelle également que les plus précaires demeurent aussi les plus exposés aux risques climatiques, y compris au sein de leur domicile qui peuvent être « des passoires thermiques en hiver » et « des bouilloires thermiques en été ».
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Alors que les jours de canicule seront cinq fois plus nombreux dans un monde à +2°C, Caroline Chevé, secrétaire générale de la FSU dénonce : « l’insuffisante criante de moyens et l’absence de plan pour bâtir l’école de demain ». Elle affirme qu’il faudrait au moins « 5 milliards d’euros par an pendant 10 ans » pour rénover le parc scolaire.
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Le bilan de la vétusté du parc immobilier des écoles et de son inadaptation a déjà été fait. Ainsi, au moins 10 % des écoles se montraient vétustes d’après les données officielles. Or, ce chiffre serait sous-évalué, d’après les personnels et les syndicats de l’Éducation Nationale. « On considère que ce chiffre est loin de la réalité. On serait sans doute aux alentours de 25 à 30 % », affirme Caroline Chevé de la FSU. La représentante de la FSU souligne que la vétusté pose des difficultés d’adaptation aux fortes chaleurs, au froid, aux précipitations. Elle pointe « les problèmes d’isolation », « l’absence de rideaux et de volets », « les problèmes d’infiltration d’eau liée aux fortes précipitations ». Tout cela ne se réduit pas au simple confort des élèves et des équipes pédagogiques car cela expose également à des risques sanitaires, avec « parfois des élèves qui s’évanouissent » ou encore « le développement des moisissures » qui pose des problèmes aux personnes qui souffrent d’asthme et d’allergies.
Un besoin d’engagement fort sur la durée de la part de l’État
« L’état ne parvient pas à appliquer sa propre réglementation », d’après Caroline Chevé qui déplore que ce dernier « et les collectivités se renvoient la balle » quand il s’agit des bâtiments.
Avoir des écoles en capacité d’accueillir dans des bonnes conditions, en hiver comme en été, relève de l’attente légitime des citoyens. Y parvenir permettrait aussi au pays de diminuer son empreinte carbone, de réduire les inégalités des chances et d’améliorer la santé des plus défavorisés. Or, l’école n’y arrive plus, l’état des bâtiments est ainsi devenu le reflet des inégalités. « L’état du bâti scolaire lui-même dépend des moyens des collectivités territoriales et, par conséquent de la position sociale de ces mêmes habitantes et habitants », selon Isabelle Vuillet, co-secrétaire générale de la CGT Éduc’action. « On observe donc un bâti très vétuste dans les territoires les plus défavorisés comme les quartiers nord de Marseille ou Mayotte. »
En ces temps où réaliser des économies sur le budget est une priorité de l’Etat, il y a là un vivier d’économie, à condition d’investir. Ce que rappelle ces chiffres qu’on peut lire dans le rapport : « Les bâtiments scolaires représentaient environ 12 % de la consommation d’énergie du secteur public en France et 82 % des consommations énergétiques des communes de métropole, alors que leur part dans le patrimoine immobilier communal ne dépassait pas 31 % ». Mais, la complexité du mille-feuille administratif et le montant des dépenses à engager freinent le processus. « Les communes rurales ou urbaines disposent généralement d’un budget insuffisant pour effectuer les rénovations », précise Isabelle Vuillet de la CGT
De plus, sans forcément être délabrée, une école ne s’avère pas nécessairement adaptée à la chaleur, au froid ou aux précipitations. Sans compter que l’ancienneté des bâtiments scolaires pèse sur le bilan carbone du pays. À elles-seules, les émissions des établissements scolaires seraient responsables de 1,5 % du total des émissions de gaz à effet de serre de la France. En cause : des systèmes de chauffage au fioul ou au gaz, des bâtiments qui ne sont pas dans les normes actuelles d’économie et d’efficacité énergétique. D’après les rapporteurs de l’AES, c’est la quasi-totalité du bâti scolaire qui a besoin d’être remis à niveau : « seulement 14 % des établissements scolaires répondent aux normes « bâtiments basse consommation », 86 % du parc devrait donc être rénové ».
Trois propositions pour changer la donne
L’AES formule donc trois grandes propositions afin d’adapter l’école au changement climatique. Il s’agit de disposer d’un protocole clair qui se base sur une connaissance des risques. Nicolas Nace de Greenpeace explique que « cela doit aider à assurer la continuité du service public de l’éducation » et que « l’école doit être un lieu refuge qui doit atténuer les inégalités sociales » d’où la nécessité d’investir pour rénover. « Il est possible de s’inspirer des pays de la Méditerranée, peut être en faisant des pauses plus fréquentes ou en adaptant les horaires », ajoute-t-il. Puis, il mentionne que, si la finalité est avant tout d’aboutir à un grand plan de rénovation et d’adaptation, il ne faut pas négliger « les mesures qui peuvent être mises en place plus rapidement qu’un grand plan d’adaptation ». Il donne en exemple la généralisation des volets, des rideaux et des brise-soleils. Une autre préconisation est d’avoir un observatoire de l’état du bâti scolaire pour que l’État ait une meilleure connaissance. Elle se ferait grâce à un carnet de bord pour chaque établissement avec les températures, l’état des bâtiments, leur consommation, les risques climatiques. « Il n’est pas possible de mener un grand plan de rénovation sans un état des lieux complet », déclare le représentant de Greenpeace.
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