Le smog et la santé de la population

La pollution atmosphérique affecte différemment les personnes selon des facteurs comme l’âge, l’état de santé, le niveau d’activité, le statut socioéconomique et le niveau d’exposition. Les effets vont des irritations mineures des voies respiratoires et des petits changements biochimiques ou physiologiques aux difficultés à respirer, aux problèmes de toux, à la diminution du fonctionnement pulmonaire, à l’aggravation des maladies respiratoires et cardiovasculaires et parfois même aux mutations génétiques.

Les études démontrent que les épisodes de niveaux élevés de pollution sont associés à un taux accru de visites chez le médecin, d’hospitalisation et de mortalité prématurée. […] Le nombre de gens touchés diminue à mesure que la gravité des effets augmente.

Si la pollution atmosphérique peut avoir des répercussions relativement mineures pour ce qui est de la santé de l’individu, elle est néanmoins un enjeu important pour ce qui est de la santé de la population, parce qu’elle touche une grande partie de celle-ci. En ce qui concerne les cas les plus graves, santé Canada estime que l’exposition de courte durée contribue à 1.800 décès prématurés chaque année au pays, et que 4.200 Canadiens meurent prématurément chaque année des effets à long terme de l’exposition à cette forme de pollution.

Les connaissances scientifiques sur les liens entre la pollution atmosphérique et la santé

La compréhension des liens possibles entre la pollution atmosphérique et la santé a beaucoup progressé au cours des dernières décennies. Les experts soutiennent que l’exposition à court et à long terme à la pollution atmosphérique comporte des risques importants pour la santé humaine.

Les recherches actuelles permettent de mieux comprendre les mécanismes par lesquels les effets sur la santé se produisent, mais les connaissances à ce sujet demeurent partielles.

On sait que l’ozone affecte le fonctionnement des poumons de diverses façons, en provoquant l’inflammation des voies respiratoires, en endommageant le tissu pulmonaire et en contribuant à réduire la capacité d’inhalation et le fonctionnement des poumons. On sait également que les MP causent de l’irritation et de l’inflammation, et les chercheurs ont décrit un mécanisme plausible qui les lie aux effets cardiovasculaires associés à l’exposition à la pollution atmosphérique: les MP déclenchent un processus inflammatoire dans les poumons qui est à l’origine de l’accélération du développement de l’athérosclérose (accumulation de plaques), ce qui augmente le risque de crises cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux.

Les études épidémiologiques ont produit des données qui établissent un lien entre, d’une part, les niveaux quotidiens élevés d’ozone troposphérique, de MP et de dioxyde de soufre et, d’autre part, les taux accrus d’hospitalisation, de maladies respiratoires et de décès prématurés dans les villes nord-américaines et européennes.

Des études récentes se fondent sur de grands ensembles de données couvrant plusieurs régions urbaines et plusieurs années, et fournissent des éléments de preuve des effets à court terme de la pollution atmosphérique sur la santé humaine.

Des études ont aussi fait ressortir les effets à long terme de la pollution atmosphérique sur la santé humaine, en particulier depuis les années 1990.

Faisant suite à deux études importantes qui ont été réalisées au cours de la décennie précédente, une étude menée en 2002 auprès de 500.000 personnes dans plus de 100 villes sur une période de 16 ans a de nouveau confirmé l’existence d’une corrélation positive entre l’exposition de longue durée aux fines particules de polluants atmosphériques et le risque de mortalité attribuable au cancer du poumon et aux maladies cardio-pulmonaires.

Les chercheurs s’intéressent depuis peu à la possibilité que la pollution atmosphérique induise des mutations génétiques et, par conséquent, héréditaires chez l’humain et les animaux sauvages. Des chercheurs de l’Université McMaster ont publié des résultats selon lesquels l’exposition à la pollution urbaine et industrielle peut augmenter le risque de mutations héréditaires chez les rongeurs et les oiseaux et que les MP en sont la principale cause.

Les MP font encore l’objet de recherches suivies. Les chercheurs tentent moins à l’heure actuelle de prouver l’existence de répercussions sur la santé que d’établir quelles caractéristiques des MP en déterminent la toxicité et quelles sources de MP présentent le plus grand risque pour la santé humaine. Les incertitudes – et les sceptiques – demeurent quant aux effets de la pollution atmosphérique sur la santé humaine, mais dans l’ensemble, la preuve scientifique est suffisamment concluante pour inciter les gouvernements à l’échelle du globe à prendre des mesures sérieuses.

Erica CRAWFORD et Tim WILLIAMS

Parlement canadien

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