Les plus pauvres sont cinq fois plus victimes des déplacements climatiques

Selon Oxfam, les populations vivant dans des pays à revenu faible et à revenu intermédiaire sont en moyenne cinq fois plus susceptibles d’être déplacées à cause de catastrophes climatiques extrêmes et soudaines (comme les tempêtes ou les inondations) que les habitants de pays à revenu élevé.

Dans son rapport « Déracinés par le changement climatique », Oxfam démontre l’extrême inégalité du changement climatique qui touche plus durement les populations les plus pauvres, celles dont les émissions de gaz à effet de serre sont à peine mesurables. Ainsi, entre 2008 et 2016, 14 millions de personnes ont été déplacées dans les pays à revenu faible et intermédiaire contre seulement 1 million dans les pays riches.

En 2016, 23,5 millions de personnes ont été déplacées à cause de conditions climatiques extrêmes. Ce total est certainement sous-estimé car il ne tient pas compte des catastrophes « lentes » comme les sécheresses ou la montée du niveau de la mer. Par exemple, pour les neuf premiers mois de 2017, 1,9 millions de personnes ont été déplacées seulement à cause de la sécheresse.

« La multiplication inquiétante de tempêtes « historiques » comme Irma, préfigure les bouleversements profonds liés au changement climatique auxquels la population doit pouvoir s’adapter » analyse Armelle Le Comte, responsable du plaidoyer climat pour Oxfam France. « Le changement climatique érode les côtes, inonde les maisons, dégrade irrémédiablement les terres agricoles. Des millions de personnes voient leurs vies brisées et assistent, impuissantes, à une destruction de leur environnement qui les pousse à fuir. Ce ne sont pas aux communautés les plus pauvres de gérer seules les conséquences du changement climatique dont elles ne sont pas responsables. »

Le rapport décrit également comment les femmes, les enfants et les communautés locales sont affectées de manière disproportionnée par le changement climatique. Pour les femmes, par exemple, être déplacées, c’est être plus exposées aux risques de violences et avoir plus de difficultés à obtenir de l’aide lorsque c’est nécessaire.

Le 6 novembre prochain s’ouvrira la COP23 des Nations-Unies à Bonn (Allemagne) présidée par les Îles Fidji. Le pays hôte est aussi victime du changement climatique et de la montée des eaux : 55 000 personnes ont été déplacées et 1/5ème de la production agricole domestique a été détruite par le cyclone Winston en 2016. Selon une estimation, à long terme, la montée du niveau des mers résultant d’un réchauffement de 2 °C pourrait entraîner la submersion de terres où vivent actuellement 280 millions de personnes. Affectées en première ligne, certaines populations insulaires jouent aujourd’hui un rôle crucial, prenant le leadership et prônant des solutions en réponse à la crise.

« L’inaction n’est pas envisageable quand des millions de vies sont menacées. Aujourd’hui, des pays vulnérables se dotent de stratégies sur les énergies renouvelables et de programmes ambitieux d’adaptation au changement climatique. Les connaissances locales permettent d’identifier des solutions et de renforcer la résilience face au changement climatique. Mais les financements manquent et mettent les pays du Nord devant leur responsabilité de mobiliser les fonds dont les pays les plus vulnérables ont besoin »  poursuit Armelle Le Comte.

Oxfam appelle les dirigeants des pays les plus riches à :

• Financer l’atténuation et l’adaptation au changement climatique : il reste beaucoup de chemin à parcourir pour les pays riches pour atteindre les objectifs financiers inscrits dans l’Accord de Paris. Les pays riches doivent montrer comment ils vont y parvenir.

• Financer le mécanisme de « Pertes et dommages » : les communautés les plus exposées au réchauffement climatique ne peuvent pas être les seules à réagir. Les pays doivent progresser sur leur manière d’apporter de l’aide à ceux qui en ont le plus besoin.

• S’engager sur des réductions plus importantes des émissions de gaz à effet de serre : les pays doivent soutenir le Dialogue de facilitation de 2018  pour qu’il soit un moment crucial pour mieux limiter les émissions et limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius.

• Afficher un front uni dans ce combat : tout effort de l’administration Trump aux États-Unis pour affaiblir l’Accord de Paris doit être fermement rejeté par toutes les parties.

• Mettre en place une protection internationale : le Global Compact de l’ONU sur les réfugiés et les migrants, prévus pour l’année prochaine, devrait inclure des mesures de protection pour les personnes forcées à traverser les frontières à cause de catastrophes naturelles et de catastrophes climatiques.

Les plus pauvres sont cinq fois plus victimes des déplacements climatiques
par Oxfam
novembre 2017

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